Le Midrach relie le deuxième verset de Echet ’Haïl à Sarah Iménou. « Le cœur de son mari a toute confiance en elle » (Michlé 31) ; c’est Sarah qui nous en donne le meilleur exemple...

D’après le Méam Loez, une Echet ’Haïl est digne de confiance pour les sujets majeurs comme mineurs. Elle donne sa parole, prend des décisions financières responsables, crée un lien chaleureux avec ses voisines et amies et avoue ses erreurs, quand elle en commet. Son mari sait - intellectuellement et émotionnellement - qu’il peut faire confiance à sa Echet ’Haïl, quel que soit le domaine.

Le Midrach précise qu’Avraham devint riche grâce à Sarah, grâce à sa loyauté. Il n’explicite pas comment Sarah manifesta cette confiance, ni pourquoi Avraham devint riche grâce à elle, ni ce que l’on peut apprendre de son comportement. Il cite néanmoins un passage qui nous donne une image plus précise de la signification de la confiance.

Après plusieurs années à ’Haran, où ils convertissaient les païens au monothéisme, Avraham et Sarah quittèrent leur environnement et leurs familles pour aller vers l’inconnu. En foulant la Terre de Canaan, ils pensaient être arrivés à destination, mais la famine les obligea à se déplacer vers l’Égypte. Avraham comprit alors que l’extrême beauté de Sarah représentait pour lui un danger de mort. Les Égyptiens, connus pour leur immoralité, allaient certainement trouver un moyen de tuer Avraham pour pouvoir abuser de sa femme. Il demanda donc à Sarah de dire aux Égyptiens qu’ils étaient frère et sœur, afin que ces derniers ne le tuent pas. Rachi ajoute qu’Avraham se souciait tellement de leur sécurité qu’il cacha Sarah dans une malle, pour éviter que quelqu’un ne pose son regard sur elle.

Quand Avraham et Sarah arrivèrent en Égypte, les douaniers ouvrirent tous leurs bagages et découvrirent… Sarah ! Celle-ci fut emmenée au harem de Pharaon, après qu’Avraham eut dit aux douaniers que Sarah était sa sœur. Les Égyptiens se mirent à combler Avraham de cadeaux, espérant acheter son approbation pour « s’occuper » de sa « sœur ». Entre-temps, Sarah était prisonnière. Fidèle à Avraham, elle ne révéla pas sa supercherie, malgré le grand danger dans lequel elle se trouvait.

Le Midrach Tan’houma raconte que Sarah se mit à implorer Hachem de la sauver. Par miracle, un ange apparut. Dès que Pharaon s’approchait d’elle, elle lui faisait signe et l’ange blessait Pharaon ainsi que toutes les personnes présentes dans le palais, l’empêchant ainsi de mener son projet à bien. Ceci se poursuivit jusqu’à ce que Pharaon découvre qu’Avraham avait menti ; il était en réalité le mari de Sarah. Il ordonna alors à Avraham, à Sarah et à toute leur escorte de quitter le pays.

Pourquoi cette histoire fit-elle de Sarah le modèle de la confiance ?

Imaginez que vous soyez dans la même situation. Votre mari vous demande de mentir devant les policiers afin de vous protéger (tous les deux). Pour une certaine raison, vous êtes celle qui se retrouve en prison tandis qu’il reçoit une grande bourse en récompense de votre saisie. Quelle sera votre réaction ? Garderez-vous le silence, en dépit de l’implication de votre mari dans votre emprisonnement, alors que l’idée venait de lui ? Serait-il correct de laisser votre mari vous « utiliser » afin qu’il puisse s’en sortir indemne ? Pourquoi Sarah est-elle prise en exemple pour sa loyauté ? Elle a gardé le secret d’Avraham, et à quel prix !

En réalité, Sarah accordait une telle confiance à Avraham qu’elle fut prête à risquer sa vie pour lui ; elle savait qu’il méritait un tel dévouement. Elle n’aurait jamais trahi sa confiance (celle d’Avraham) en elle, et la sienne (celle de Sarah envers Avraham) n’aurait jamais chancelé. Même quand Avraham semblait profiter de sa souffrance, elle ne l’a pas trahi. Elle savait - tout son être en était convaincu - qui était Avraham et elle agit conformément à la confiance qu’elle avait en lui. Elle rassembla ses forces spirituelles et sa foi en D.ieu pour traverser cette épreuve plutôt que de paniquer et d’attaquer Avraham. Elle fut alors digne d’être sauvée par miracle, et ce prodige n’aurait pas eu lieu si elle avait trahi son mari.

Votre voiture tombe en panne, le repas a brûlé, la lumière du frigo est restée allumée et Chabbath est déjà là… C’est peut-être de sa faute, c’est peut-être de notre faute, mais cela n’est pas important. Il y a une Main, plus grande et plus forte que nous deux, qui est maître du jeu. Nous devons nous efforcer de prendre exemple sur Sarah, et de diriger le dénouement de l’histoire vers Hachem, avant de commencer à blâmer ou à nous méfier. Avec Son aide, nous arriverons à résoudre le souci de la meilleure façon possible. 

Pour résumer l’enseignement développé jusqu’à présent ; la Echet ’Haïl est une épouse digne de confiance, mais cela ne suffit pas – elle doit aussi avoir confiance.

Bâtir la confiance est le travail de toute une vie et exige une grande piété qui assurera une fondation solide.

Comment développer une relation solide avec son mari, au point de pouvoir risquer sa vie pour lui, comme le fit Sarah Iménou ? Par ailleurs, est-il convenable pour une femme des temps modernes, d’agir comme notre Matriarche ? Après tout, notre mari n’est pas aussi saint qu’Avraham... 

Notre loyauté est souvent mise à l’épreuve. La confiance entre un mari et une femme doit s’étendre même aux situations embarrassantes. Notre conjoint doit savoir - dans son cœur et dans son esprit - que nous souhaitons réellement le mieux pour lui et que nous serons sa première et sa meilleure protectrice.

Être digne de confiance et développer la confiance n’est pas une tâche facile. Sarah Iménou a pu risquer sa vie et Avraham a pu risquer la sienne, grâce à la confiance qui régnait entre eux et à la confiance qu’ils avaient en Hachem. Nous ne sommes pas à leur niveau, mais nous pouvons faire des efforts pour être dignes de confiance et apprendre à faire confiance - en transformant cela en priorité dans notre vie. Les bénéfices dont nous jouirons seront alors de taille. Nous pourrons devenir la Echet ’Haïl décrite dans les autres versets et générer joie et richesse dans nos vies - autant matériellement qu’émotionnellement.

Adapté d'un extrait du livre "Echet 'Haïl aujourd'hui"