Le Midrach lie le personnage de Yokhévèd (la mère de Moché Rabbénou) à la Echet ’Haïl, à propos du verset « Elle jette son dévolu sur un champ et l’acquiert. » En effet, grâce à ses décisions, Yokhéved mérita de donner naissance à Moché, qui équivaut à tout le peuple juif. Ses choix étaient motivés uniquement par son désir de servir Hachem (comme une Echet ’Haïl) et par aucun autre facteur…

Après la mort de Yossef et de ses frères, le peuple juif se multiplia et se répandit à travers toute l’Égypte. Pharaon désirait endiguer sa croissance, mais ne voulait pas tuer publiquement tous les bébés mâles, car cela aurait paru cruel et vain, et aurait certainement été réprouvé. Il convoqua Shifra et Poua, les sages-femmes juives, et leur enjoignit de tuer elles-mêmes les nouveau-nés mâles qu’elles feraient naître.

Ces sages-femmes n’étaient autres que Yokhévèd et Myriam. Issues de la tribu de Lévi, elles formaient une équipe « mère et fille » parfaite. Yokhévèd embellissait les nouveau-nés tandis que Myriam les berçait. Quand Yokhévèd-Shifra et Myriam-Poua reçurent l’ordre susmentionné de Pharaon, elles mirent en place leur propre plan. Au lieu de tuer les bébés, elles leur donnaient, ainsi qu’aux accouchées, à boire et à manger pour assurer la survie et l’essor du peuple juif.

Le verset nous dit explicitement qu’Hachem récompensa les sages-femmes pour leurs actions. Mais on ne comprend pas bien la logique dans le récit de leur gratification. Le verset affirme d’abord qu’Hachem fit du « bien » avec Yokhévèd et Myriam, puis qu’Il fit croître le peuple et enfin, qu’Hachem bâtit des maisons pour les sages-femmes. On dirait que l’on nous parle du résultat, puis de sa cause, puis à nouveau du résultat. Il aurait été plus logique de présenter d’abord la cause (la croissance de la nation) puis les résultats (Hachem fit du « bien » aux sages-femmes et leur bâtit des maisons). Pourquoi l’enchaînement des événements est-il interrompu par le fait (apparemment non lié) que le peuple juif grandissait ?

En réalité, l’essor de la nation ne fut pas la cause de la récompense de Yokhévèd et Myriam, mais il fut une récompense en soi. Leur plus grande joie était de voir le peuple juif fructifier ! En seconde place, on trouve leur récompense personnelle ; les maisons bâties en l’honneur de Yokhévèd et de Myriam.

Mais plus le peuple grandissait, plus les sages-femmes étaient en danger, parce qu’elles défiaient continuellement le décret de Pharaon et devaient pourvoir aux besoins grandissants des nouveau-nés (en termes de nourriture et d’abris). Alors en quoi la croissance du peuple juif servit-elle de récompense aux sages-femmes ?

Hachem vit que l’unique motivation des sages-femmes, quand elles sauvaient les vies d’enfants juifs, était leur crainte du Ciel, leur Yirat Chamaïm. La plus grande récompense possible pour leur altruisme fut les nouvelles opportunités d’accomplir des Mitsvot (elles eurent encore plus de bébés à sauver).

En tant que principale initiatrice de ce projet, la récompense de Yokhévèd fut plus grande que celle de Myriam. Les fils de Yokhévèd, Moché et Aharon, méritèrent de diriger tout le peuple (et Moché équivaut à tout le peuple juif).

Yokhéved et la Echet ’Haïl ont le même objectif et celui-ci dicte toutes leurs décisions : leur but est de servir Hachem. Quand elles font un choix, elles considèrent la bonne voie à emprunter et ensuite, agissent avec enthousiasme et détermination. Hachem récompense la Echet ’Haïl, comme il récompensa Yokhéved, en lui donnant d’autres occasions de faire des Mitsvot.

Pour mériter nous aussi ce noble titre, il nous faut fixer des objectifs de façon concrète. Savoir ce que nous voulons dans la vie et réévaluer constamment la situation, d’après ce projet. Notre projet ne doit pas être vague et changeant en fonction des tracas quotidiens. Nous devons fixer et clarifier ce plan en nous-mêmes. Une femme porte plusieurs casquettes, joue plusieurs rôles. Outre son statut d’individu, elle est mère de famille, épouse, fille, sœur et employée. Ces rôles peuvent s’embrouiller, si elle ne détermine pas un objectif pour chacun d’entre eux.

Essayons de définir, sur une liste, notre mission dans chaque domaine de la vie. Décrivez, en quelques lignes, vos ambitions dans le domaine du foyer, de la qualité de votre couple, vos objectifs professionnels, vos objectifs en tant que mère. Sachez, avant de commencer, que cet exercice est loin d’être facile. Votre énoncé de mission sera différent de celui de votre amie, de votre sœur ou de votre voisine. Réfléchissez à vos points forts, à vos valeurs, à vos aspirations. Le fait d’écrire, de corriger, de réfléchir nous accorde une clarté que nous n’aurions pas eue sans ce processus. Avoir un énoncé de mission, écrit « noir sur blanc », nous permet de nous focaliser sur nos objectifs principaux. Cela nous aide à exprimer clairement la personne que nous sommes et que nous voulons devenir.

Après avoir écrit quelques phrases résumant notre projet, nous devons le mener à bien. L’étape suivante consiste à écrire des objectifs sur le long terme et des objectifs sur le court terme. Je veux que mon foyer soit chaleureux et accueillant, mais concrètement, qu’est-ce que cela signifie ? Quel doit être mon objectif à long terme pour que cela se produise ? Ce sera peut-être de créer une ambiance détendue. Sur le court terme, je devrai peut-être me procurer du mobilier convivial et relativement peu coûteux, pour que mes enfants puissent jouer avec leurs amis sans que cela me rende nerveuse.

Nous décidons ainsi des choses que nous souhaitons sacrifier et de ce sur quoi nous ne pouvons transiger. Fixer les objectifs sur le court terme, et aussi sur le long terme est parfois contraignant (surtout quand certains ne pourront être atteints que dans de nombreuses années), mais cela nous aide à fixer nos priorités dans la vie, et à réaliser pleinement notre mission...

Adapté d'un extrait du livre "Echet 'Haïl aujourd'hui"