En tant que Bnot Israël, nous avons souvent l’habitude d’admirer les exploits et les sacrifices des femmes du Tanakh. Mais comment est-ce possible d’admirer et de saluer les actions de celle qui est à l’origine de tous les désagréments que vivent les femmes ? Comment peut-on prendre exemple de la femme qui, de par son énorme faute, marquera l’existence d’innombrables générations de femmes à venir jusqu’à l’arrivée du Machia’h ? Cette femme, comme vous l’aviez sûrement deviné, n’est autre que ‘Hava. Le récit de ‘Hava laisse présupposer que cette dernière mérite tout sauf des applaudissements. Mais si l’on s’y s’attarde un tant soit peu, l’on pourra conclure que dans chaque punition que ‘Hava a reçue, réside une bénédiction, et que ses intentions n’étaient peut-être pas aussi mauvaises qu’on l’aurait cru.

Dans un premier temps, analysons l’épisode qui traite de la faute de ‘Hava. Après que D.ieu ait ordonné à Adam et sa femme de ne pas manger de l’arbre défendu sous peine de mourir (Béréchit 3,2 et 3,3), le Satan se charge que ce commandement soit transgressé quelques heures avant Chabbath. Ainsi, il manipule ‘Hava et lui affirme que le fait de toucher l’arbre, tel qu’Adam lui avait suggéré, ne la fera point périr :

“Le serpent dit à la femme : 'Non, vous ne mourrez point ; mais D.ieu sait que, du jour où vous en mangerez, vos yeux seront dessillés, et vous serez comme D.ieu, connaissant le bien et le mal'.” (Béréchit 3,4 et 3,5)

Après ces paroles convaincantes, ‘Hava céda et finit par goûter le fruit défendu :

“La femme jugea que l'arbre était bon comme nourriture, qu'il était attrayant à la vue et précieux pour l'intelligence ; elle cueillit de son fruit et en mangea ; puis en donna à son époux, et il mangea.” (Béréchit 3,6)

Après que ‘Hava ait commis cette faute, D.ieu punit le couple en donnant à chacun une conséquence particulière. La peine principale de ‘Hava est la suivante : "J'aggraverai tes labeurs et ta grossesse; tu enfanteras avec douleur ; la passion t'attirera vers ton époux, et lui te dominera.” (Béréchit 3,16)

Cet épisode dans Béréchit est à la fois fascinant et troublant, et, s’il est mal interprété, peut pervertir notre compréhension de la faute originelle. En effet, ce passage est peut-être le plus connu, mais souvent le plus mal compris de toute la Torah.

D’abord, il faut bien comprendre que la première femme avait une capacité spirituelle supérieure aux anges, en plus d’être une prophétesse de très haut niveau (The Moon’s Lost Light, Devorah Fastag). Par ailleurs, lorsqu’Adam et ‘Hava furent créés, la Torah nous révèle qu’ils ne connaissaient pas le mal. Il ne se trouvait pas en eux. Ce mal provenait donc du serpent. Mais si ‘Hava a été tentée de manger le fruit de l’arbre défendu, comment se fait-il que le Yétser Hara’ ne se trouvait pas en elle ? La Torah nous révèle en fait qu’Adam et ‘Hava ont fait un certain calcul avant de manger du fruit. Ils se sont dit qu’ils pouvaient servir Hachem d’une meilleure façon si le mal les habitait, puisqu’en essayant de le surmonter, ils se rapprocheraient davantage de D.ieu (Mikhtav Mééliyahou, Rav Dessler). Mais, bien entendu, les calculs de l’homme sont imparfaits, et seul D.ieu sait véritablement ce qui convient le mieux à Ses créatures.

Ensuite, malgré que la faute de ‘Hava et ses conséquences semblent avoir de mauvaises implications pour les femmes en général, elles permettent en fait d’accomplir un Tikoun (réparation) extraordinaire. La grossesse, l’enfantement et l’éducation des enfants représentent des épreuves extrêmement difficiles, mais seules ces dernières donnent la possibilité aux femmes de se réaliser et de s’accomplir. L’union avec son mari, fonder une famille et tenir un foyer permettent à la femme de s'accomplir. En dressant ces épreuves sur le chemin de la femme, Hachem voulait en fait se rapprocher d'elle. Ce n’est que lorsque l’on passe par des moments difficiles, qu’on se tourne vers le Maître du Monde, qu’on prie à Lui et qu’on L’implore. Ainsi, bien que les conséquences de la faute de ‘Hava puissent paraître dures et tranchantes, elles camouflent des bénédictions extraordinaires et qui permettent à la femme de rendre ce monde un Kéli (réceptacle) pour Hachem.

Puissions-nous, dans le cas de ‘Hava et dans la vie en général, savoir regarder toute situation au-delà de la surface, afin de révéler le bien que possède toute chose. Parce que Hachem, dans Sa grande miséricorde, ne veut que notre bonheur et épanouissement. Mais tout de même, nous prions pour que Hachem cesse les souffrances de la femme juive et du ‘Am Israël, en précipitant la Guéoula.