Ce cours est basé sur des propos de Rav Miller (connu maintenant sous le nom de Rabbi Miller, et qui est le fils de celui dont c'était la hiloula). 
 
Les Guedolim (grands Rabbanim) sont comparables à un gratte ciel : lorsqu'on en est proche, on n'en remarque pas forcément la grandeur ; mais lorsqu'on s'en éloigne, on la remarque. 
 
En effet, tant qu'un Rav vit avec nous dans ce monde, on ne remarque pas forcément toutes ses qualités (surtout s'il est très discret). Mais une fois qu'il décède, et que de plus en plus de gens viennent témoigner de ce qu'il leur a apporté, on prend davantage conscience de ce qu'il a été. 
 
A la fin de parachat Noa'h, Rachi dit que Téra'h a pris Avraham, Sarah et Loth, et qu'ils sont partis vers Erets Israël. Ils ont donc voyagé de Our Kassdim (en Mésopotamie) vers Erets Kénaan. Puis ils se sont arrêtés à Haran ; et plus tard, avec l'épreuve de Lékh Lékha (racontée par la Torah au début de la paracha du même nom), Avraham, Sarah et Loth vont continuer le voyage jusqu'en Erets Kénaan (sans savoir que c'était à cet endroit qu'ils allaient, puisqu'Hachem avait simplement dit à Avraham d'aller vers la terre qu'Il lui indiquerait). 
 
Lorsque nous pensons à la paracha de Noah, nous pensons au déluge, et peut-être aussi à la tour de Babel. Mais nous ne savons pas forcément que cette paracha finit par le sujet dont nous venons de parler, et en nous disant que Téra'h est décédé. 
 
Téra'h n'est donc finalement pas arrivé en Erets Kénaan. Mais au départ, il voulait y aller, car il savait qu'il y avait, dans ce pays, quelque chose de particulier ; quelque chose qui aider à s'élever spirituellement. Simplement, Téra'h s'est, en quelque sorte, arrêté au milieu. Il n'est pas allé jusqu'au bout du chemin. 
 
Cela rappelle ce que dit le Rambam, dans Hilkhot Avoda Zara, au sujet des premiers idolâtres : ceux-ci, bien qu'étant conscients de l'existence de D.ieu, n'ont pas voulu s'adresser à Lui directement, et ont préféré parler à ses serviteurs (parmi lesquels le soleil qui, en hébreu, s'appelle chémèche justement parce qu'il est le chamach/serviteur d'Hachem). 
 
Dans Chir Hachirim (chapitre 7, versets 1-2), les nations du monde nous disent que si nous abandonnons Hachem et venons vers elles, elles nous admireront et nous donneront autant de  richesses que nous le voulons. Mais nous refusons leur offre, car elles ne pourront jamais nous offrir quelque chose d'aussi grand que le Matan Torah (dont de la Torah), que nous ne voulons pas abandonner. 
 
Les non juifs ont voulu nous faire venir vers eux. Mais lorsque nous déclinons leur proposition pour rester fidèle à Hachem, ils nous admirent. 
 
Le peuple juif est ensuite appelé "bat nadiv", la fille du généreux, qui n'est autre qu'Avraham Avinou. Et le verset souligne, par les mots "ma yafou féamayikh banéalim bat nadiv", la beauté de ses pas dans ses chaussures. Qu'est-ce que cela signifie ? 
 
Après la guerre des quatre rois contre les cinq rois (lors de laquelle les quatre rois ont gagné les cinq rois, et Avraham Avinou a gagné les quatre rois), Avraham a dit au roi de Sédom : "Je ne prendrai rien de toi, même pas un lacet de chaussure". 
 
Suite à ces mots, Hachem a dit à Avraham qu'Il ferait la louange de ses descendants en parlant de chaussure. Et c'est ce qu'Il a fait lorsque, dans Chir Hachirim, il est dit au sujet du peuple juif : "Comme tes pas sont beaux dans des chaussures, fille de Nadiv !". 
 
Ces mots rappellent, en effet, Avraham Avinou (désigné ici par le mot Nadiv) ; et la louange qui est faite au sujet de ses descendants, en parlant de la beauté de leurs pas dans les chaussures, est, comme l'explique le Midrash, le fait qu'ils aillent trois fois par an, lors des trois fêtes (Pessah, Chavouot et Soukkot), au Beth Hamikdash. 
 
Dans la vie, nous agissons parfois par 'hova (en raison d'une obligation imposée par une chose indépendante de notre volonté), et parfois par nédava (de manière volontaire, sans aucune obligation extérieure). 
 
Par exemple, lorsque nous avons faim, nous mangeons par 'hova ; parce que la sensation de faim nous oblige à combler ce manque. Alors que comme l'explique le Rambam (au dixième chapitre des Hilkhot téchouva), lorsque nous servons Hachem par amour, rien ne nous y oblige. Nous le faisons parce que nous sentons que c'est le émète ; parce que c'est ce que nous voulons faire. 
 
Autre exemple : en hiver, lorsque le troisième repas de Chabbath a lieu très proche du deuxième (parce que Chabbath finit très tôt), nous n'avons pas forcément envie de manger. Mais nous mangeons par hova, par devoir de manger ce repas de mitsva. De même pour le repas de mélavé malka en été : ce repas doit être mangé après la Havdala et, en été, lorsque Chabbath finit très tard et que nous sommes pressés de pouvoir aller dormir, nous n'avons pas forcément envie de nous mettre à table pour mélavé malka. Mais nous faisons ce repas par hova, pour accomplir la mitsva. 
 
Avraham servait Hachem par nédava. Lorsqu'il faisait une mitsva, il n'avait pas l'impression de faire quelque chose de contraignant. Il aimait le faire. D'où l'appellation "Nadiv", qui lui a été attribuée. 
 
Celui qui sert Hachem non pas par amour pour Lui, mais parce qu'il veut satisfaire ainsi tel ou tel intérêt personnel, cherche plus à être servi qu'à servir. 
 
Avraham Avinou ne servait pas Hachem pour en retirer quoi que ce soit pour lui-même. Mesure pour mesure, ses descendants ont réussi, lors des trois fêtes, à abandonner leur confort personnel, pour voyager au Beth Hamikdash et y servir Hachem. 
 
Avraham ne va pas "changer" celui qu'il sert, si celui-ci ne lui donne pas satisfaction. Il continue à servir Hachem, parce que c'est Lui qu'il faut servir, et pas pour recevoir quoi que ce soit en contrepartie. C'est ce qui a permis, plus tard, à ses descendants de décliner l'offre des nations, lorsque ces dernières leur proposait de nombreux cadeaux s'ils abandonnait la Torah. 
 
Le fait d'avoir assisté au don de la Torah et d'avoir ainsi constaté la véracité de celle-ci nous donne la force de ne jamais abandonner la vérité pour notre confort personnel. 
 
La mitsva de Aliya laréguèle (monter à pieds au Beth Hamikdash lors des trois fêtes) nous rappelle notre but dans la vie : être toujours en Aliya (progression) dans notre service d'Hachem, et toujours continuer à avancer dans cette voie, même lorsque cela implique de mettre de côté notre confort personnel. 
 
Lorsqu'on a un vrai but dans la vie, on cherche à l'atteindre sans s'en détourner. Celui qui désire sincèrement servir Hachem ne l'abandonnera pas pour satisfaire des intérêts personnels. 
 
A l'inverse, Téra'h, et tous les idolâtres en général, ne servent leur idole que tant que cela leur rapporte. Et si le service d'une autre idole leur rapporte davantage, ils n'hésitent pas à abandonner la première pour la seconde. 
 
Lorsque Téra'h est parti de Our Kassdim, c'était surtout pour fuir Nimrod. Il ne tenait pas spécialement à aller jusqu'en Erets Kénaan. Lorsqu'en chemin, il a trouvé son intérêt/son confort à Harane, il y est resté, sans chercher à aller plus loin. 
 
Avraham, par contre, voulait atteindre Erets Kénaan/Erets Israël, car il savait qu'à cet endroit, il pourrait encore plus de rapprocher d'Hachem. 
 
Lorsqu'on va habiter en Erets Israël, il ne faut pas que ce soit simplement pour fuir l'antisémitisme. Il faut que ce soit pour se rapprocher d'Hachem (et il est donc important, lorsqu'on arrive en Israël ou qu'on y reste, de ne pas oublier ce  but). 
 
Rav Dessler a fait des études de droit, et il avait de brillantes propositions d'emploi. Et pourtant, lorsqu'il a découvert la Torah, il a renoncé à tout cela, pour pouvoir continuer à étudier la Torah et à l'enseigner. 
 
Dans la vie, lorsque les buts sont triviaux, les difficultés sont grandes. Et lorsque les buts sont clairs, les difficultés sont triviales. 
 
 
 
 

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