Alors que la modernité bat son plein, la place de la femme dans le monde laïque, et par ricochet, dans le monde juif religieux, ne cesse d’évoluer.

Les femmes occupent des postes aussi importants que les hommes, elles obtiennent des diplômes dans une quantité innombrables de domaines et ne dépendent conséquemment plus de leurs homologues masculins pour la Parnassa. Au sein des couples, l’on peut également observer des changements considérables. L’emphase sur les carrières et le phénomène « d’émancipation » des femmes ont un impact on ne peut plus négatif sur la durabilité des relations, et le rôle que chaque partie se doit d’occuper. Une véritable confusion règne concernant la fonction de chacun dans le mariage. Mais qu’est-ce que la Torah pense de ce phénomène ? Comment perçoit-elle la modification du rôle que la femme occupe dans le monde religieux et, par la même occasion, le monde moderne, ainsi que la relation Homme-Femme ? Voilà une question fort complexe, mais essayons d’y répondre de la manière la plus concise possible.

Dans un premier temps, afin de déterminer le rôle et le statut de la femme dans la Torah et le regard nouveau que porte le monde moderne sur cette dernière, il est essentiel de remonter jusqu’au péché originel, celui de Adam et ‘Hava. Selon le Pchat (sens littéral du texte), la Torah nous annonce dans le livre de Béréchit 3:6 (La Genèse) que ‘Hava a fauté en mangeant le fruit défendu, et que cette dernière l’a ensuite donné à son mari. Puisque toutes les âmes étaient comprises dans le premier homme et la première femme, toutes les générations à venir auront également à subir les conséquences de la faute qu’ils ont commise. Cependant, malgré que le ‘Hèth (faute) ait eu de nombreuses répercussions sur notre situation actuelle, seulement une conséquence donnée par D.ieu à ‘Hava sera la plus utile pour répondre à la question originalement posée.

La voici : « J'aggraverai ta peine et ta grossesse; tu mettras au monde des enfants dans la douleur ; la passion t'attirera vers ton époux, et lui te dominera » (Béréchit 3 :16). Quatre conséquences sont énumérées dans ce verset ; celle de l’augmentation de la peine et de la douleur dans la grossesse, la difficulté de l’accouchement, la passion ressentie par la femme envers son époux, et la relation de domination qu’exerce l’homme envers la femme. Aujourd’hui, il semble que toutes les punitions soient toujours d’actualité, à l’exception de la dernière, qui stipule que l’homme dominera sa femme. C’est précisément cette conséquence sur laquelle nous devons nous pencher et expliquer pourquoi elle semble désuète.

Plusieurs facettes entourant cette punition permettent de comprendre la domination de l’homme envers la femme, mais focalisons-nous seulement sur les aspects économique, émotionnel et spirituel. Dans son livre « The Moon’s Lost Light », la Rabbanite Devorah Fastag stipule qu’un premier dérivé de la faute est apparent dans la dépendance économique de la femme envers l’homme[1]. Avant le ‘Hèth, les besoins économiques n’existaient pas. Tout était à la disposition de l’homme dans le Jardin d’Eden. Après le ‘Hèth, la femme devra s’appuyer sur son mari pour subvenir à ses besoins matériels. Ensuite, la dépendance émotionnelle de la femme envers l’homme se traduit par le désir physique et émotionnel qu’elle ressent envers lui. Finalement, l’aspect spirituel qui concerne la domination des hommes envers les femmes se traduit par la réduction de la lumière spirituelle des femmes, et, conséquemment, leur capacité limitée à étudier la Torah. Ces phénomènes furent présents durant la majeure partie de l’histoire depuis le péché de ‘Hava, mais, tel qu’expliqué dans l’introduction, leur allure est tout à fait différente aujourd’hui, puisque les femmes ont acquis une indépendance financière dont elles ne jouissaient pas auparavant. Nous voyons également que les femmes ressentent moins le désir de se marier, ou du moins beaucoup plus tard qu’auparavant, et ont un bien plus grand accès au monde de la Torah qu’autrefois. Comment la Torah interprète-t-elle ces changements drastiques ?

Selon le Kli Yakar, les femmes bénéficieront des mêmes privilèges matériels et spirituels à l’aube de la Guéoula - la rédemption finale. Ce concept est appelé Nékéva Tissovèv Guévèr [2]en Hébreu, qui peut être traduit plus simplement par l’égalité homme-femme. Ainsi, nous pouvons comprendre la raison pour laquelle la femme d’aujourd’hui est indépendante financièrement, et le plus grand accès à la Torah qui lui est octroyé, entre autres. L’inégalité entre l’homme et la femme issue du péché originel se redressera à l’arrivée de la Guéoula, phénomène que nous pouvons déjà observer.

Dans un deuxième temps, nous pouvons comprendre la situation de la femme selon la Torah, et, par conséquent, dans les autres nations, en examinant un passage de la Guémara qui traite de la diminution de la lumière de la lune lors du quatrième jour de la création du Monde. Un passage poignant de la Guémara décrit une conversation entre le Maître de l’Univers et la Lune. Dans ce dernier, il est écrit qu’Hachem a créé deux grands astres, soit le Soleil et la Lune, mais pourtant, il est marqué « le grand astre et le petit astre ». Pourquoi en est-il ainsi ? Cet extrait de la Guémara relate en fait qu’Hachem a réduit la lumière de la Lune après que cette dernière se soit plainte du fait que « deux rois ne puissent partager la même couronne ».

La Guémara nous relate ainsi que le Soleil et la Lune furent créés égaux lors de leur création, mais que la Lune a subséquemment été réduite et dévalorisée. Sa dévalorisation a trait à sa lumière. La lumière correspond à la Torah. En hébreu, la Lune, qui est appelée Lévana, contient le mot Lev, qui signifie cœur. Le Soleil, qui est appelé ‘Hama, contient le mot Moa’h, qui signifie cerveau. Le Mikhtav Méeliyahou[3] offre une magnifique explication à ce propos. Il stipule que les deux astres font allusion aux deux manières de servir Hachem : l’une par le cœur, et l’autre par l’intellect. Lors de la Création, D.ieu désirait que ces deux types d’Avodat Hachem (service Divin) soient sur le même piédestal, perçus de la même manière, et que tout ce qui soit compris par l’intellect rejoigne le cœur sur-le-champ. Bien évidemment, dans ce bas monde, l’intellect est bien plus valorisé que les qualités de cœur. Le Zohar nous révèle également que la Lévana, la lune, représente la femme, puisque la force prépondérante de cette dernière repose sur ses capacités émotionnelles, alors que le ‘Hama, le soleil, fait référence à l’homme, puisque ses capacités intellectuelles sont les plus apparentes.

Cependant, tel qu’expliqué, la situation se renversera à l’aube des temps messianiques, ce qui nous concerne directement. La lumière que la Lune a perdue lui sera restituée lorsque la rédemption se produira. Les premiers signes de cette rédemption nous ont déjà été révélés. Ainsi, à l’aide des deux points défendus plus haut, il est possible de saisir, par l’entremise de la Torah, les changements importants qui se produisent dans le statut de la femme dans le monde religieux, dans le monde moderne, et dans les relations maritales. La Torah, source de Vérité qui nous a été gracieusement offerte par le Créateur du Monde, permet de nous illuminer sur tous les sujets d’actualité, sur notre essence, et sur notre façon d’agir. Puissions-nous l’étudier et l’intégrer afin de nous parfaire et de mériter le ‘Olam Haba.


[1] Fastag, Devorah. 2006 The Moon’s Lost Light. p. 4

[2] Idem, p. 40

[3] Michtav Me’Eliyahou 4, p.207