La confusion était perceptible dans les paroles de l’animateur radio : « Admettons que le monde musulman nous déteste, mais comment est-il possible de comprendre la haine du peuple juif dans des pays comme la Suède, le Danemark et l’Angleterre, ou encore les Etats Unis ? »

« C’est évident, répondit l’interviewé, un professeur d’histoire juive dans l’une des universités en Israël, on appelle cela de l’antisémitisme, tout simplement, et ce n’est pas nouveau ! »

L’antisémitisme n’est pas un phénomène nouveau. Les premiers signes d’antisémitisme apparaissent à l’époque des Perses, une centaine d’années avant le début de l’ère vulgaire. A notre époque, parler d’antisémitisme provoque un certain malaise. Et il y a plusieurs raisons à cela. En premier lieu, si effectivement se manifeste une haine particulière envers les juifs dans l’histoire de l’humanité, et ceci de génération en génération, nous sommes alors confrontés à une situation irréaliste et cela sous entend que quelque chose diffère dans le peuple juif.

Bien au-delà de sa signification pour les juifs, il nous faut comprendre quel sens a l’antisémitisme pour des non-juifs ? L’antisémitisme se défini par un manque total de logique. La haine du monde musulman envers le peuple juif peut, dans un certain contexte, être motivée par des différences religieuses et politiques. Mais que dire du Suédois si intelligent, de cet Anglais cultivé, et de ce Français au goût si raffiné ?

La preuve que cette haine est gratuite et illogique peut amener un israélien non-religieux à reconnaitre que ce monde si civilisé ne l’est pas vraiment. On commence à comprendre que sous ces apparences trompeuses se cache une haine viscérale et bien enracinée qui ne dépend pas de la culture ou de l’intelligence. En fait, rien ne sert de chercher des prétextes pour haïr les juifs, car cette haine demeure bien que les raisons peuvent changer et parfois disparaitre. Cela confirme une chose évidente, ils nous haïssent… car ils nous H-A-I-S-S-E-N-T.

Et lorsque nous arrivons à la conclusion évidente que le monde occidental est aussi infesté par ce virus antisémite, il ne faut pas s’étonner du degré de moralité et de civilité de ce "monde occidental". Si ce monde occidental n’est pas forcément d’une moralité à toutes épreuves, on est en droit de se demander pourquoi doit-on le voir comme un exemple de valeurs et forcer notre admiration ?

Celui qui calque son mode de pensée sur le monde de la Torah n’est pas inquiet par ces échelles de valeurs, car il n’attache pas beaucoup d’importance à la moralité de ce que l’on nomme "le monde civilisé". Mais celui qui a pour habitude de voir dans les mathématiciens, spécialistes, ingénieurs, ou scientifiques les bâtisseurs d’un monde futur meilleur et basé sur la moralité, se retrouve dans un paradoxe extraordinairement effrayant qui peut ébranler sa vision d’un monde parfait.

Je me souviens d’un livre écrit par deux chercheurs juifs (Grossair et Halpérin, "Antisémitisme : causes et conséquences") qui essayaient d’analyser le phénomène de l’antisémitisme avec des méthodes logiques et rationnelles. Ce fut un travail très approfondi, ils ont analysé les différentes raisons qui ont déclenché l’antisémitisme au cours de l’Histoire à travers le monde. En fin de compte, ils ont réussi à trouver pas moins de 118 raisons (!) qui permettent de déterminer l’origine de l’antisémitisme.

Chaque raison semble parfaitement logique, naturelle et parfois complètement convaincante. A un détail près, lorsque vous arrivez à la fin du livre, vous découvrez brusquement l’absurdité de la chose : selon vous, quel peuple peut présenter à lui tout seul 118 "bonnes raisons" d’être détesté ?