Une femme juive qui a survécu à la Seconde Guerre mondiale a appris la découverte d’un rouleau de la Torah dans l’église de son village d’origine, en a fait l’acquisition puis l’a rapporté avec elle en Israël, juste avant la fête de Sim’hat Torah.

Une aventure incroyable pour ce Séfer Torah, qui a rejoint Israël juste à temps pour la fête de Sim’hat Torah. Tout commence lorsqu’une famille juive de France est, comme beaucoup, contrainte de fuir et de se cacher devant l’envahissement nazi de la zone libre dès la fin 1942. En 1943, la famille, avec ses trois garçons et sa petite fille née il y a quelques mois, fuit vers le sud de la France et trouve refuge à Narbonne, dans l’Aude. “Le préfet de la région où nous vivions initialement a pleinement coopéré avec l’Allemagne nazie, et mes parents comprirent que nous devions fuir au plus vite. Les juifs ont été attaqués par leurs voisins, et une partie de la famille de ma mère a été transférée dans des camps de concentration en France et en Allemagne. Nous nous sommes cachés jusqu’à la fin de la guerre à Narbonne avec d’autres juifs, par des Justes parmi les nations, et nous avons survécu”, témoigne la femme, alors nourrisson au moment de la guerre.

Après la guerre, elle fonde une famille et s’installe à Strasbourg. Elle apprend d’un antiquaire local qu’un Séfer Torah avait été caché dans une église d’Hattstatt pendant la Seconde Guerre mondiale, un petit village de quelques centaines d’habitants au sud de Colmar, à environ 90 kilomètres de Strasbourg. Devant les nazis et les pogroms, les juifs eurent l’idée de demander au diocèse d’y cacher le Séfer Torah et les livres saints, afin d’éviter leur destruction, et la demande fut acceptée par l’église. Bouleversée par cette découverte, la femme demandan à l’antiquaire de leur servir d’intermédiaire dans les discussions, et acheta le Séfer Torah.

Il y a moins de trois mois, le couple s’est installé en Israël avec, dans ses bagages… le Séfer Torah qui a résisté aux destructions nazies ; ce rouleau qui fête son 271e anniversaire cette année. La femme contacte le rav Avraham Krieger, du centre “Chel ‘Olam”, institut de l'Holocauste pour l'éducation, la documentation et la recherche, lui demandant de prendre le Séfer Torah. “Après des années passées dans l’église, le Séfer Torah rentre à la maison, et juste avant Sim’hat Torah !”, s’est enthousiasmé Rav Krieger. “Malgré son très grand âge, il est en bon état de conservation, à l’exception de quelques lettres effacées sur le parchemin. Ce Séfer est particulier, car il porte l’histoire de communautés françaises à travers les siècles, qui ont été détruites pendant la Shoah et qui ont sacrifié leur vie pour préserver le patrimoine, l’identité juive à travers les générations et partout dans le monde”.