La Paracha de cette semaine, Devarim, précède toujours la semaine de Tich’a Béav, car y figurent les remontrances adressées par Moché Rabbénou au Peuple d’Israël. Ceci vient nous rappeler que la destruction du Beth Hamikdach est la conséquence des fautes que nous avons commises.

Le verset dit (Dévarim 1,1) : « Voici les paroles qu’a dites Moché à tout Israël… dans le désert, dans la Arava, devant Souf, entre Parane et Tofèl, ainsi que Lavane et Hatsérot et Di zahav ».

Rachi explique que les Béné Israël ont mis Hachem en colère dans tous les endroits mentionnés. Ces derniers font donc allusion aux fautes spécifiques commises par le Peuple d’Israël en chacun de ces lieux. Or, pourquoi ne pas avoir mentionné explicitement leurs fautes ? Pour préserver leur honneur.

Rav Pinkous propose toutefois une approche supplémentaire. Il précise que la Torah étant comparée à un marteau qui pulvérise un rocher en plusieurs particules, un verset de Torah peut dès lors être lui aussi expliqué de plusieurs façons.

Il est rapporté dans la Guémara (Yévamot 68b) : « Dans chaque endroit où l’on juge un homme, on rappelle aussi ses mérites ». On apprend cela du roi Chaoul dont les mérites furent rappelés lorsqu’il fut jugé à propos de l’affaire des Giv’onim. Pourquoi est-il important que les bonnes actions d’un homme soient prises en compte lors de son jugement sur ses mauvaises actions ? Car si l’on est soucieux de réprimander quelqu’un de manière juste et exacte, on est obligé de mettre également sur la balance ses bonnes actions. 

Prenons un exemple : un homme n’a pas donné d’argent à un pauvre qui s’est présenté à lui et qui l’a sollicité. Pour pouvoir le juger, il est impératif de connaître son comportement habituel. Si, de manière générale, il ne donne à personne, son action est perverse. Mais s’il se soucie constamment de faire la Tsédaka et que son refus de donner est exceptionnel, il est fort probable qu’un évènement justifie son apparente faute et l’absolve (il n’avait pas d’argent sur lui, a des problèmes financiers ou encore il en avait besoin pour telle ou telle raison).

C’est pour cela que l’on est obligé de présenter les mérites d’un homme à chaque fois qu’on le juge, car sans cela, le jugement sera immanquablement biaisé.

À plus forte raison est-il obligatoire de mentionner les raisons ou les circonstances qui atténuent la gravité de la faute, si elles existent, car le terme de « תוכחה », remontrance en hébreu, renvoie à l’idée de vérification et de recherche de la véracité d’un acte (להוכיח).

La Torah a ainsi mentionné le terme « désert » pour nous dire que si le Peuple d’Israël s’est constamment plaint, c’est parce qu’il a parcouru le désert dans la chaleur et la soif pendant de nombreuses années.

L’expression « Dans la Arava » révèle que la raison qui a entraîné les Bné Israël à fauter avec les femmes de Moav est qu’ils se sont trouvés dans un endroit peuplé d’impies qui ont cherché à leur nuire.

« En face de Souf », là aussi, la raison qui les a poussés à se plaindre et à dire « Il est préférable de rentrer en Égypte » est qu’ils se sont trouvés dans une situation d’extrême danger, emprisonnés entre la mer d’une part et les Égyptiens de l’autre. Et ainsi de suite pour tous les endroits mentionnés dans le verset.

La Torah nous enseigne donc que pour juger un homme convenablement, il faut bien connaître tous les paramètres qui l’ont entraîné à fauter, car sans cela, on serait amené à le juger de manière erronée.