Ces deux Mitsvot apparaissent dans la Parachat Emor. La Torah enjoint : « Gardez mes commandements et pratiquez-les : Je suis l'Éternel. Ne déshonorez point Mon saint Nom, afin que Je sois sanctifié parmi les enfants d'Israël, Je suis Hachem, qui vous sanctifie. »[1] Les termes Kiddouch Hachem et ’Hiloul Hachem sont couramment utilisés, parfois à tort, dès lors que l’on n’est pas d’accord avec le comportement de son prochain. Mais en réalité, le Rambam donne trois aspects à cette Mitsva.[2]

Tout d’abord, l’individu doit être prêt à sacrifier sa vie plutôt que de transgresser l’une des trois Mitsvot capitales, si un non-Juif le force à les transgresser en menaçant sa vie. De même, il est interdit de transgresser une Mitsva (quelle qu’elle soit) si le but de cette contrainte est de « saper » la Torah ; c’est le cas, en temps de Chmad (époques de décrets contre les Juifs). Si quelqu’un sacrifie sa vie dans une telle situation, il accomplit la Mitsva de Kiddouch Hachem. Inversement, si une personne commet la faute alors qu’elle aurait dû se laisser tuer, elle transgresse l’interdit de ’Hiloul Hachem.[3]

Voici un deuxième aspect, moins connu, du Kiddouch Hachem. C’est quand on résiste à la tentation de fauter, ou que l’on accomplit une Mitsva positive, uniquement pour la gloire d’Hachem. Inversement, si une personne ne faute pas par tentation, mais pour mettre en colère Hachem, elle transgresse l’interdit de ’Hiloul Hachem.[4] Et ce, peu importe si elle agit en présence d’une tierce personne ou à l’abri de tout regard.

Enfin, si quelqu’un agit d’une manière qui n’est pas réellement interdite, mais qui ne sied pas à son niveau et que les gens voient un « représentant de la Torah » se comporter de façon inappropriée, cela revient à transgresser l’interdit de ’Hiloul Hachem. Le Rambam donne l’exemple d’un Talmid ’Hakham qui ne paie pas ses dettes immédiatement, qui est trop étourdi, qui ne salue pas les gens avec le sourire, qui se dispute...  Inversement, quand une telle personne parle gentiment, sourit aux gens, ne répond pas aux insultes, commerce avec intégrité, en fait plus que ce que la Loi exige, etc., elle fait du Kiddouch Hachem.

Le Rambam ne donne pas l’exemple de celui qui observe fièrement les Mitsvot même si cela fâche les spectateurs qui le voient respecter la Torah[5], ou s'ils se moquent de ses actions. L’histoire suivante, racontée par Rav Yéchaya Horowitz illustre bien cette idée.

Quand Rav Ben-Tsion Fellman était enfant, il vivait à Tel Aviv et portait fièrement ses Tsitsit même s’il était entouré de nombreuses personnes non-pratiquantes. Parfois, les gens l’arrêtaient dans la rue pour lui poser des questions à ce sujet, mais cela ne le décourageait pas de les porter.

Un jour, Ben-Tsion fut confronté à un défi difficile. Les vacances d’été approchaient. Les Fellman avaient prévu de se rendre à Tsfat, dans une auberge gérée par le gouvernement. En se renseignant, il entendit que les visiteurs de ce site ne respectaient pas les Mitsvot. Il redoutait de passer une semaine entière avec des gens qui ne connaissaient rien aux Tsitsit et qui pourraient se moquer de lui. Il voulut les ranger dans sa chemise, juste pendant les vacances, et alla demander au ’Hazon Ich ce qu’il en pensait. 

« Le Rama répond à cette question au début du Choul’han 'Aroukh », lui dit le ’Hazon Ich. Il se leva et sortit le premier volume de sa bibliothèque. En l’ouvrant, il montra le premier chapitre, le premier paragraphe et invita Ben-Tsion à lire : « Ne soyez pas gêné par les gens qui méprisent la 'Avodat Hachem ». De son autre main, il prit la main de Ben-Tsion. Il se levèrent et firent les cent pas dans la pièce en se tenant la main, chantant les paroles du Rama. « Tu entends », a-t-il dit à Ben-Tzion. « Continue à porter tes Tsitsit à la vue de tous. Ne sois pas gêné par les gens qui te taquinent à propos de ta 'Avodat Hachem. »

Plus tard, Rav Ben-Tsion raconta comment les paroles du ’Hazon Ich lui donnèrent la force, pour le restant de ses jours, de se consacrer à son service Divin, sans s’inquiéter de ce que les autres en penseraient.

Puissions-nous mériter de sanctifier le Nom d’Hachem en privé et en public.

 

[1] Vayikra, 22:31-32.

[2] Rambam Hilkhot Yessodé Hatorah, chapitre 5.

[3] Voir Ibid. Halakhot 1-9 pour plus de détails.

[4] Ibid., Halakha 10.

[5] Il arrive parfois que le fait de respecter une ’Houmra affecte négativement les autres, et il peut être préférable de faire la Mitsva d’une manière qui serait moins idéale. Prenons l’exemple de prier avec un Minyan dans un avion, alors que cela dérange d’autres voyageurs qui dorment, ou que cela bloque les allées et dérange d’autres personnes. Dans de telles situations, de nombreux décisionnaires statuent qu’il vaut mieux prier seul sur son siège.