Le Livre de Vayikra que nous démarrons cette semaine, évoque principalement les divers Korbanot (« sacrifices ») qui devaient être apportés au Michkan (Tabernacle) et, plus tard, au Beth Hamikdach (Temple).

Certains de ces Korbanot sont appelés Korbanot Nedava (offrandes volontaires). Ils ne sont pas imposés, mais si une personne veut en apporter, elle accomplit une Mitsva et est digne d’éloges.

Le Steipeler pose une question intéressante concernant la nature de ces Korbanot Nedava. La plupart des Mitsvot sont obligatoires, parce que la Sagesse divine a décrété qu’un Juif devait les accomplir ; elles occupent donc une part fondamentale dans la 'Avodat Hachem (le service d’Hachem). Les Korbanot Nedava ne sont pas obligatoires, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas indispensables dans la 'Avoda du Juif. Or, le fait d’en apporter est considéré comme une Mitsva, cela signifie donc que ces Korbanot ont un certain intérêt et qu’ils occupent une place dans la  'Avoda de la personne. Comment comprendre alors la nature de cette Mitsva ?

Le Steipeler répond à cette question en soulevant tout d’abord un autre point épineux. L’une des Mitsvot les plus importantes est celle d’aimer Hachem (Ahavat Hachem). Elle exige que l’on dirige nos sentiments de façon à développer un amour profond pour Hachem. Comment la Torah peut-elle nous imposer un sentiment — n’est-ce pas hors de notre contrôle ? Pour résoudre ce problème, le Steipeler met en avant un principe du Messilat Yécharim (le Chemin des Justes), en ce qui concerne le zèle, la Zrizout. Il affirme que de la même manière qu’une motivation nous pousse à accomplir certaines actions, ainsi, les actions peuvent stimuler des sentiments intérieurs.

Le Steipeler écrit que ce fondement s’applique grandement à la Mitsva de Ahavat Hachem. Nous savons qu’un amour intérieur incitera la personne à accomplir des actions qui montreront son amour pour Hachem et sa volonté de mettre ses désirs de côté pour l’honneur d’Hachem. Aussi, agir en plaçant la volonté Divine avant ses propres désirs, provoquera chez le Juif un amour d’Hachem plus intense.

À la lumière de ce principe, le Steipeler explique la nature des Korbanot Nedava. Ces offrandes sont pour le Juif une grande opportunité de se rapprocher d’Hachem en Le plaçant aux premières loges : il renonce à ses besoins personnels et investit beaucoup de temps, d’efforts et d’argent, pour apporter un animal ou de la nourriture au Temple et pour l’offrir à Hachem. Faire preuve d’un tel désintéressement en faveur d’Hachem est un moyen très efficace d’intensifier son amour envers Lui. Ceci explique pourquoi le fait d’apporter des Korbanot Nedava est digne de tant d’éloges. Or, si la Torah avait ordonné de telles offrandes, leur objectif n’aurait pas été atteint — lorsqu’une personne est contrainte de donner à l’autre, elle ne développe pas un sentiment d’amour, mais elle se sent plutôt payer une dette qu’elle lui doit.

Ainsi, la Torah donne à chaque Juif la possibilité de se motiver à accomplir une action qui renforcera certainement sa Ahavat Hachem, par le biais de ces Korbanot Nedava qui restent « optionnels ». Offrir ce genre de Korbanot est néanmoins une grande Mitsva, car ils suscitent l’amour d’Hachem.

Le Steipeler écrit que ce concept ne se limite pas aux Korbanot ; on peut choisir un domaine précis dans lequel on désire déployer des efforts qui dépassent ce qui est exigé par la loi. S’investir dans un domaine peut nous aider à intensifier notre amour pour Hachem.

Cette idée est confirmée par l’histoire suivante, racontée par le rav Issakhar Frand. Ce dernier fut un jour conduit par un Juif d’apparence simple. Au cours de leur conversation, il découvrit que ce Juif faisait particulièrement attention à la prière. Il n’avait pas manqué de prier avec un Minyan (quorum de dix hommes nécessaire pour conduire les offices) depuis des années et annula même des vacances quand il réalisa qu’à l’endroit choisi, il ne pourrait trouver de Minyan. De plus, il n’avait jamais récité la prière de Min’ha ou celle de 'Arvit avant ou après l’heure optimale. Cet homme choisit un domaine dans lequel il s’investit et se dévoua particulièrement, ce qui provoqua en lui un amour plus fort d’Hachem. Même dans des cas où la Halakha (code de loi auquel chaque Juif est astreint) ne l’y contraignait pas, il avait choisi d’accomplir la volonté Divine en faisant particulièrement attention à la Mitsva de Téfila.

Nous apprenons de l’enseignement du Steipeler une méthode clé pour se rapprocher d’Hachem ; il s’agit de faire des actions qui ne sont pas considérées comme obligatoires par la Torah, mais qui sont toutefois louables. Il convient de s’appliquer à trouver au moins un domaine dans lequel on peut investir plus d’efforts pour se rapprocher d’Hachem.