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Chabbath : déchirer le scotch d'un sachet

Rédigé le Lundi 26 Octobre 2020
La question de Anonyme

Bonjour,

Est-il permis de déchirer les bandes de plastique rouge soudées entre elles qui ferment les petits sachets de plastique (de bonbons, d’épices achetées en vrac...) pendant Chabbath ?

Je vous remercie.

La réponse de Rav Avraham GARCIA
Rav Avraham GARCIA
7870 réponses

Chalom Ouvrakha,

En ouvrant le sachet à l'endroit prévu de manière normale, nous devons répondre à cinq questions.

En ce qui vous concerne, la quatrième et la cinquième questions sont les plus importantes.

Pourquoi ne serait-ce pas interdit, puisque :

1. Nous cassons un ustensile [Stira Békélim] ? Et peut-être que, vu que le sachet est fermé, il est considéré comme inexistant, et en l'ouvrant nous créons un ustensile [Binyan Békélim].

2. Nous créons un trou [Michna Chabbath 146a et Rachi, Rambam Hilkhot Chabbath 10-16 et 14] ? Cet interdit est aussi appelé par le Rambam "Maké Bépatich" ou "Boné".

3. Nous coupons sur un tracé précis [Mé'hatèkh] ? Voir Chabbath 74b, Rambam Hilkhot Chabbath chapitre 11-7, Min'hat 'Hinoukh Mitsva 32.

4. Nous déchirons deux parties collées ? Certes sans précision, mais cela s'appelle "déchirer" [Koré'a]. Voir Choul'han 'Aroukh 340-14.

5. Nous donnons à l'objet son stade de finition ? Puisqu'il est fermé, ce sachet est inutilisable, et il devient utilisable une fois ouvert [Maké Bépatich, Boné Békélim, Métakèn Mana].

Voyons les réponses proposées :

1. Nous cassons un ustensile : puisque l'ustensile est jeté après son utilisation, cela prouve qu'il n'est pas important, et dans ce cas, il n'y a pas d'interdit [Tossefot Chabbath 146a et Choul'han 'Aroukh 314-1]. Cette réponse nous aide aussi à esquiver le problème de "construire", puisque ce n'est pas un réel ustensile, il n'y aura pas d'interdit de "Boné" [construire].

2. Nous créons un trou : l'interdit toraïque de faire un trou ne concerne que le trou qui fait rentrer et sortir. Or, dans notre cas, le trou est prévu uniquement pour sortir et non pas pour rentrer. Et bien que ce soit un interdit rabbinique, nos Sages ont dû certainement permettre cela pour le besoin matériel du Chabbath.

Aussi, ce trou n'a pas d'importance puisqu'il est réalisé dans un sachet que nous jetterons une fois vidé [Or Létsion chapitre 27-7, selon le Choul'han 'Aroukh 314-1 et plusieurs autres décisionnaires].

Certains contestent cette dérogation pour plusieurs raisons, entre autres parce que nous sommes intéressés à garder ce qui se trouve à l'intérieur de ce sachet ; cela s'appelle une utilisation ['Hazon Ich 51-11]. D'autres répliquent à cela en citant une Michna dans Kélim chapitre 16-5.

3. Nous coupons : l'interdit de couper n'est en vigueur que si nous désirons récupérer une mesure précise, ce qui [peut-être] n'est pas notre cas.

4. Nous déchirons : puisque le collage ou le soudage ont été réalisé dans le but d'être ouvert plus tard, cela n'est plus interdit [Or Létsion selon le Choul'han 'Aroukh 314-10, Maguèn Avraham fin du Siman 340, Rama 417-3].

Cette dérogation est étonnante puisque les sachets sont gardés fermés pendant plusieurs semaines et mois, et cela ne peut pas être plus qu'une enveloppe d'une lettre qui est interdit de l'ouvrir [voir Biour Halakha 340-13 et 14].

De plus, comme nous l'écrirons par la suite, cette "déchirure" est réalisée de manière professionnelle, pour garder l'utilisation de cette ouverture, cela ne ressemble pas aux autres cas dans lesquels nous détruisons l'objet en l'ouvrant [voir 'Hazon Ich Siman 61].

Puisque ce sachet ressemble à une coquille de noix ou d'amande qui entoure et protège l'aliment, il n'est pas soumis à l'interdit de déchirer [voir Choul'han 'Aroukh 314-10 et Beth Yossef au nom du Kol Bo, 'Hazon Ich 51-13]. Cette ressemblance est à méditer, puisque les coquilles des noix ou amandes, ainsi que le cas de la Guémara 146a rapportée dans le Choul'han 'Aroukh 314-8, nous parlent de quelque chose qui aide le fruit à murir, mais on ne retrouve pas de source pour quelque chose qui conserve, ou encore moins qui emmagasine pour stocker ou pour transporter un aliment [question personnelle].

Cette réponse pour obtenir une dérogation ne pourra être donnée que dans le cas où nous n'attachons aucune importance au sachet et à la façon avec laquelle nous l'ouvrons, car, si c'est le cas et que nous voulons obtenir une belle ouverture pour nous permettre de nous servir de ce sachet, cette dérogation n'aura plus lieu d'être.

Aussi, puisque nous ne nous intéressons qu'à un seul morceau déchiré et pas aux deux, cela n'est pas interdit [voir Bi'our Halakha 340-13, et Tsits Eli'ézer tome 11-30].

Certains ['Hazon Ich 51-13], à cause de cette question, ont exigé de déchirer complètement le sachet pour qu'il devienne inutilisable à l'instant ['Hout Chani tome 1-58, page 144].

Aussi, puisque nous sommes intéressés à décoller de manière "propre" et exacte pour obtenir une ouverture agréable et parfois réutilisable, il est fort probable que ce soit à nouveau inclus dans l'interdit de déchirer [Koré'a].

5. Nous finissons l'objet et lui donnons une nouvelle utilisation : puisque ce sachet sera jeté une fois vide, cela est permis.

Cette dérogation ne peut être donnée si nous faisons une belle ouverture, comme nous le constatons de la Tossefta Bétsa 3-9 [rapporté dans le Beth Yossef 314 et Choul'han 'Aroukh 314-5, voir aussi Maguèn Avraham 314,14 rapporté dans le Michna Beroura Sé'if Katan 25 et Bétsa 33b].

Le fait de jeter le sac après son utilisation ne règle en rien le problème de finition de l'objet avec une belle ouverture, comme nous le constatons aussi des propos du Choul'han 'Aroukh [508-1 et Michna Beroura Sé'if Katan 3, et Choul'han 'Aroukh 340-13 et Michna Beroura Sé'if Katan 40 et 41].

La source de cette Halakha est d'une Michna dans Bétsa 32b. Voir aussi Choul'han 'Aroukh 514-8 et 322 Michna Beroura fin du Sé'if Katan 13, où nous voyons encore une dernière fois que le fait de donner une finition à un ustensile, même si c'est pour le jeter après, reste interdit.

Conclusion : dans votre cas, le sujet fait l'objet d'une énorme discussion, et le problème de finition en décollant et en réalisant une belle ouverture est très problématique [bien que proposé par plusieurs décisionnaires]. Je vous conseille donc de ne pas ouvrir ce sachet en séparant les deux morceaux soudés entre eux, mais plutôt en trouant le sachet, de manière à ce que votre acte soit catalogué comme "casser" [Mékalkèl].

L'idéal étant d'ouvrir ces sachets la veille de Chabbath, comme l'écrivent le Kaf Ha'haïm 314,38, le Min'hat Its'hak tome 4 fin du Siman 82, note 38, le Iguérot Moché Ora'h 'Haïm tome 1, fin du Siman 122-10, ainsi que le Min'hat Chabbath 80-164-9.

Kol Touv.

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