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Le peuple d'Israël est-il voué à avoir des ennemis ?

Rédigé le Samedi 25 Décembre 2021
La question de Anonyme

Bonjour,

Nous traversons en ce moment la fête de 'Hanouka.

Je me pose une grande question : le peuple juif est-il voué à avoir des ennemis ? Je remarque que nous avons énormément souffert durant notre histoire, que ce soit au niveau individuel ou niveau "national".

Si cela est normal, pourquoi ?

Si c'est anormal, alors comment aurions-nous pu éviter ces si grandes et multiples souffrances ?

Merci pour vos éclaircissements que j'attends avec impatience.

La réponse de Rav Gabriel DAYAN
Rav Gabriel DAYAN
39730 réponses

Bonjour,

Apparemment, votre étonnement porte sur les nombreuses souffrances subies par le peuple juif tout au long de son histoire.

Etonnement légitime !

Première réponse

Les voix d’Hachem sont impénétrables !

Seconde réponse [moins populaire] - Interdite aux moins de 60 ans

Il serait possible d'écrire plusieurs ouvrages pour répondre à cette question. Cependant, voici quelques éléments de réponse, qui, j'espère étancheront votre soif. Dans cette réponse, nous ne portons aucun jugement. Nous essayons, tout simplement, de soulager un tant soit peu, ceux, qui comme vous, sont confrontés à une telle question intrigante. Je ne vous cache pas qu'il s'agit d'une question qui me hante et me tourmente depuis bien longtemps.

1. Si nous lisons Vayikra, chapitre 26, verset 3 jusqu'à verset 46, il ressort clairement que la notion d'ennemi et donc, de guerre, ne devrait pas exister [pour nous, les Bné Israël]. Ce n'est que suite à des manquements dans l’accomplissement des Mitsvot, que l'ennemi existe et qu’il a la possibilité de prendre le dessus. Pour la traduction du texte, cliquez ici : https://www.torah-box.com/torah-pdf/torah/levitique/26.html

2. Dévarim 28, versets 9-10 : "L'Éternel fera de toi Sa nation sainte, ainsi qu'il te l'a juré, tant que tu garderas les commandements de l'Éternel, ton Dieu, et que tu marcheras dans ses voies. Et tous les peuples de la terre verront que le nom de l'Éternel est associé au tien, et ils te craindront."

3. Dévarim 4, versets 5-6 : "Voyez, je vous ai enseigné des lois et des statuts, selon ce que m'a ordonné l'Éternel, mon Dieu, afin que vous vous y conformiez dans le pays où vous allez entrer pour le posséder. Observez-les et pratiquez-les! Ce sera là votre sagesse et votre intelligence aux yeux des peuples, car lorsqu'ils auront connaissance de toutes ces lois, [ils auront du respect pour toi et t'admireront] ils diront : "Elle ne peut être que sage et intelligente, cette grande nation!"

4. Apparemment, David Hamélekh, reprend la même idée dans le Téhilim 81, versets 11-14 :

« Je suis, Moi, l’Eternel, ton D.ieu qui t’ai tiré du pays d’Egypte. Ouvre largement ta bouche et Je la remplirai. Mais Mon peuple n’a pas écouté Ma voix, Israël a refusé de M’obéir. Je les ai donc abandonnés à l’entraînement de leur cœur, ils suivirent leurs propres inspirations. Ah ! Si Mon peuple voulait M’écouter, Israël [voulait] marcher dans Mes voies. Bien vite, Je dompterais leurs ennemis, Je ferais peser Ma main sur leurs adversaires. »

5. Dans les Téhilim suivants, on voit explicitement que ce n'est pas la loi du plus fort qui est la meilleure mais bien au contraire, c'est la loi du meilleur qui est la plus forte : 18, 20, 22, 23, 27, 34, 35, 127, 144, 149.

6. Lisons attentivement les versets 39-40 du chapitre 27 de Béréchit ainsi que l'explication de Rachi sur le verset 40 :

« Expression de douleur, comme dans : « Je m’agite (Arid) dans ma douleur » Téhilim 55, verset 3. C’est-à-dire que lorsqu’Israël transgressera la Torah et que tu [Essav] auras des raisons de te plaindre des bénédictions qu’il a reçues, « tu briseras son joug de dessus ton cou... » [Béréchit Rabba 67, paragraphe 7].

7. Nos Sages, les ‘Hakhamim, résument ce qui vient d’être dit lorsqu’ils affirment que l’impact d’Haman sur les juifs de l'époque a été bien plus bénéfique que les nombreuses leçons des 48 prophètes dont nous avons bénéficié au cours de notre histoire. En effet, « en quelques jours », il réussit à leur faire faire Techouva, ce que les 48 prophètes ne réussirent pas [puisque deux Beth Hamikdach ont été détruits]. Talmud Méguila 14a.

8. Voir également Rachi sur Chémot 17, verset 8 expliquant au nom de nos Sages, ce qui a entraîné la venue d'Amalek ayant attaqué nos ancêtres.

9. Voir aussi Choftim [Les Juges] 3, versets 1-9 : https://www.torah-box.com/torah-pdf/neviim/juges/3.html

10. Vraisemblablement, la réponse est assez simple, mais il va sans dire que nous devons éviter d'en faire une règle stricte sans être guidé par un maître expert et connaisseur.

11. Voici ce qu'écrit le Rambam, Hilkhot Ta'anit, chapitre 1, Halakha 1-4. Cela peut aider certains d'entre nous :

1. Il est un commandement positif d'implorer [D.ieu] et de sonner des trompettes pour chaque malheur afin qu'il n'atteigne pas la communauté, ainsi qu'il est dit : “Contre l'ennemi qui vous harcèle, vous sonnerez des trompettes”, c'est-à-dire [ce verset fait référence à] chaque chose qui vous importune comme la sécheresse, une épidémie, les sauterelles, ou ce qui est semblable ; implorez et sonnez [des trompettes].

2. Ceci fait partie des chemins du repentir, à savoir que lorsque vient un malheur, que l'on implore et que l'on sonne [des trompettes], tous sauront que ce mal est venu du fait de leurs mauvaises actions, comme il est dit : “C'est vos fautes qui ont fait pencher, etc.”. Et c'est cela [le repentir] qui permettra d'écarter le malheur.

3. Par contre, s'ils n'implorent pas [D.ieu], ni ne sonnent [des trompettes], mais disent : “Cette chose nous est arrivée naturellement, ce malheur est un hasard”, c'est une forme de cruauté qui les conduit à poursuivre leurs mauvaises actions ; ce malheur donnera naissance à d'autres malheurs. C'est ce qui est écrit dans la Torah : “Vous êtes allés à Mon encontre, Je vous témoignerai Moi aussi une hostilité courroucée”, ce qui signifie que lorsque Je vous enverrai un malheur pour que vous reveniez [à Moi], si vous dites que c'est un accident, Je vous ajouterai le courroux de ce malheur.

4. Et il est [un commandement] d'ordre rabbinique de jeûner pour chaque malheur qui atteint la communauté jusqu'à être pris en pitié par les cieux. Durant ces jours de jeûne, on implore [D.ieu] dans la prière, on adresse des supplications et on sonne des trompettes seulement. Et si l'on se trouve dans le Temple, on sonne avec des trompettes et un Chofar. Le [son du] Chofar est écourté et les [sonneries des] trompettes sont allongées, car la Mitsva du jour consiste à [sonner] des trompettes. On ne sonne simultanément des trompettes et du Chofar que dans le Temple, comme il est dit: “Avec des trompettes et un son de Chofar, sonnez devant le Roi D.ieu”.

12. Pour des détails supplémentaires, voir ici :

https://www.torah-box.com/kitsour/l-antisemitisme-c-est-d-ieu-qui-tire-les-ficelles-pour-demarquer-son-peuple-kitsour_44963.html

https://www.torah-box.com/question/40-jours-sans-probleme-hachem-m-a-abandonne_12436.html

https://www.torah-box.com/question/les-souffrances-sont-elles-expiatoires_58033.html

https://www.torah-box.com/paracha/berechit-genese/vayichlah/vayichla-h-pourquoi-le-peuple-juif-est-pourchasse_7260.html

Il y a encore très beaucoup à dire à ce sujet mais suffisons-nous de cela pour l’instant.

Nous sommes à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.

Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.

Mékorot / Sources : Rav Chlomo Its'haki (Rachi).
Rabbi 'Haïm Kanievsky

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