Alors que la date de son mariage approche, 'Hanna interroge sa mère sur les clefs du succès pour un mariage heureux.

Je crois que ce qui nous a beaucoup aidés, c’est cette habitude d’aller deux fois par semaine au restaurant. Nous mangions de la bonne nourriture, nous prenions un bon vin, nous oubliions tous nos soucis de la semaine. Ton père avait choisi le lundi, et moi le mardi.

La Paracha Béha'alotékha aborde de nombreux sujets fondamentaux : le candélabre qui devait être allumé par Aharon, le rôle des Léviim, les déplacements du camp des Bné Israël dans le désert, les récriminations du peuple face à la Manne, et le principe du Pessa’h « de rattrapage » appelé Pessa’h Chéni. Cette Paracha est même si particulière que certains considèrent que deux de ses versets (chapitre 11, versets 35 et 36) constituent un livre en eux-mêmes.

Il n’est donc pas aisé de choisir un thème particulier, mais nous pouvons porter nos regards sur un épisode dont l’actualité ne s’est jamais démentie à travers l’histoire et qui reste toujours un enjeu fondamental de la nature humaine. Il s’agit de l’épisode relatif à Myriam et au châtiment qu’elle reçut pour avoir émis des réserves sur l’attitude de son frère Moché Rabbénou.

Voici le verset de notre Paracha (chapitre 12.1) : « Myriam parla, et Aharon, au sujet de Moché, à cause de la femme éthiopienne qu'il avait épousée, car il avait épousé une éthiopienne, et ils dirent : "Est-ce que l'Éternel n'a parlé qu'à Moché, uniquement ? Ne nous a-t-Il pas parlé, à nous aussi ?" »

Rachi nous donne des précisions sur la teneur des propos qui provoquèrent une éruption de lèpre sur le corps de Myriam, punition symptomatique de la médisance :

Myriam parla, et Aharon : c’est elle qui a commencé à médire, c’est donc elle que le texte mentionne en premier. Et d’où Myriam savait-elle que Moché s’était séparé de sa femme ? Rabbi Nathan a enseigné : Myriam se trouvait à côté de Tsipora lorsque l’on a annoncé à Moché qu’Eldad et Médad prophétisaient dans le camp. Entendant cela, Tsipora s’exclama : « Malheur à leurs femmes s’ils s’occupent de prophétie ! Ils se sépareront d’elles tout comme mon mari s’est séparé de moi. » C’est ainsi que Myriam l’a appris, et elle l’a raconté à Aharon. Et si Myriam, qui l’a critiqué sans mauvaise intention, a été punie, à plus forte raison le sera celui qui médit avec malveillance (Sifri).

Cet épisode est resté célèbre, car il illustre de manière frappante l’importance du langage et de préserver sa parole de toute médisance. Ce qui est interpelant dans cet épisode est que Myriam ne s’est pas livrée à une médisance évidente, elle a simplement fait part à son frère Aharon de son étonnement que Moché, leur frère, se soit séparé de sa femme au motif qu’il était prophète alors qu’eux-mêmes étaient également doués du don de prophétie et qu’ils continuaient leur vie conjugale. Rappelons également que l’amour de Myriam pour son frère Moché n’est pas à démontrer, et il ne s’est jamais démenti depuis sa naissance et les efforts bien connus qu’elle avait faits pour lui sauver la vie.

Et pourtant, notre tradition nous enseigne qu’elle n’aurait pas dû échanger ces paroles avec son frère, elle aurait dû probablement juger cette attitude « Lékaf Zékhout » (avec indulgence, favorablement) en comprenant que le degré de prophétie de Moché était sans égal en Israël, et qu’il requérait une disponibilité permanente de Moché pour pouvoir y répondre.

La Torah reviendra sur cet épisode dans le livre de Dévarim (Deutéronome), à travers les versets suivants : « Observe avec un soin extrême et exécute les prescriptions relatives à la lèpre : tout ce que les pontifes, descendants de Lévi, vous enseigneront d'après ce que Je leur ai prescrit, vous vous appliquerez à le faire. Souviens-toi de ce que l'Éternel, ton D.ieu, a fait à Myriam, pendant votre voyage au sortir de l'Égypte ».

Le ‘Hafets ‘Haïm, qui a consacré de longs développements et même un ouvrage complet à l’importance de préserver sa langue de la médisance, a commenté ce verset de la manière suivante : il rapporte un commentaire du Sifri qui enseigne que l’injonction de « se souvenir » du châtiment de Myriam vise non pas à garder en tête cet évènement, mais à l’énoncer verbalement. De cette manière, en répétant tous les jours ces versets, l’homme pourra comprendre et surtout intégrer de manière concrète la gravité et l’impératif catégorique de ne pas énoncer de médisance.

Le ‘Hafets ‘Haïm nous rappelle ainsi qu’il ne suffit pas de comprendre intellectuellement des principes moraux pour en être quitte, il faut avant tout les mettre en œuvre concrètement. L’éthique n’est pas affaire de pensée, elle est avant tout affaire de pratique. Elle doit être poursuivie au minimum comme on recherche des résultats matériels, en déployant de l’énergie, de la force, des stratagèmes, en lisant avec avidité des livres sur ces sujets, en prenant des notes, en les répétant, en demandant des conseils etc.

Fin connaisseur de la nature humaine, le roi Salomon ne se trompe pas dans Michlé (Proverbes, ch. 2, versets 4-5) lorsqu’il enjoint les hommes de rechercher la sagesse et la crainte de D.ieu comme ils recherchent de l’argent ou des trésors. Il sait bien que sur ces sujets, les hommes ne se contentent pas de pieuses intentions mais sont capables de déployer beaucoup d’énergie pour parvenir à leurs fins. Puissions-nous effectivement consacrer la même énergie et le même temps pour raffiner nos qualités morales !

Pour conclure, rappelons-nous que les prophètes nous ont enjoint à de nombreuses reprises de ne pas nous contenter d’énoncer formellement les principes de la Torah, mais de les ancrer dans nos cœurs. Ainsi en est-il du prophète Isaïe qui s’exclame : « Le Seigneur a dit : Puisque ce peuple ne Me rend hommage que de bouche et ne M'honore que des lèvres, et qu'il tient son cœur éloigné de Moi, et que sa piété à Mon égard se borne à des préceptes d'hommes, à une leçon apprise […] »

Ce travail n’est pas facile, et pour relever ce défi, nous devons reconnaître sa difficulté qui met en jeu des réactions spontanées, et qui révèle des faiblesses inhérentes à la nature humaine. Toutefois, nous devons nous convaincre que si nous le souhaitons vraiment, si nous sommes suffisamment vigilants, si nous nous renforçons grâce à nos textes sacrés et si nous prions suffisamment pour y parvenir, alors nous pouvons, avec l’aide d’Hachem, connaître de grands succès.

Chaque fois que nous parvenons à contrôler notre parole, à renoncer à un propos incorrect, à résister à l’envie d’épingler autrui pour un de ses défauts, ou à rapporter une histoire « croustillante », nous devons vivre ces moments comme des moments de grâce et d’harmonie où nous dépassons notre nature spontanée pour nous rapprocher de notre Créateur.

Puissions-nous, avec l’aide d’Hachem, multiplier ces victoires du quotidien qui nous permettront de dévoiler davantage de lumière dans le monde et d’accélérer la venue du Machia’h.

Naftali, vient d’atterrir à Elis Island, à côté de New York, après un long périple en provenance de Moscou. Après tant d’années bloqués en URSS, les Juifs peuvent enfin immigrer à l’étranger sans être inquiétés. Aussitôt, un journaliste juif américain s’approche de lui et le questionne.

« Alors, dites-moi, comment c’était en URSS les conditions de vie ? »

« Oh, vous savez, on ne  pouvait pas se plaindre ! »

« Ah bon… Mais, racontez-nous alors plutôt vos difficultés pour pratiquer la religion… »

« Là aussi, on ne pouvait pas se plaindre ! »

« Mais que diriez-vous du respect des libertés individuelles ? »

« Pareil, on ne pouvait pas se plaindre ! »

« Excusez-moi, mais je ne comprends pas. Si c’était si bien pourquoi souhaitiez-vous tant partir ? »

« Parce que, ici, au moins, on peut se plaindre ! »