Nous sommes familiers avec l’expression « une Torah de vie » (Torat ‘Haïm). En effet, nous disons chaque matin dans la bénédiction du Chéma « Ahavat Olam » : enseigne-nous des décrets de vie. Le soir, nous affirmons que la Torah d’Hachem est notre vie et notre longévité. Et nous connaissons tous la célèbre citation du roi Salomon (Prov. 3, 18) : « Elle (la Torah) est un arbre de vie pour ceux qui s’en rendent maîtres : s’y attacher, c’est s’assurer la félicité. »  Mais qu’est-ce que cela signifie exactement ? Afin de répondre à cette question, nous devons définir ce qu’est la Torah. En effet, qu’est-ce que la Torah pour nous ? Est-ce un ensemble d’histoires ou une liste de commandements ? Qu’est-ce qu’Hachem nous a donné le jour de Chavouot ? 

Rabbi Moché Haïm Luzzatto écrit dans son livre Adir Bemarom : « La Torah, Hachem et Israël sont un. » Qu’est-ce que cela signifie ? Hachem est infini et Il ne peut pas se lier à la matière. Or l’homme est fait de chair et de sang. La Torah, quant à elle, est spirituelle, bien qu’elle revête des aspects matériels. Cependant, les maîtres de la Kabbale expliquent que les histoires de la Torah ne sont pas que des récits historiques, mais ils sont aussi des vêtements qui cachent des Noms Divins. C’est pour cela que les anges se sont opposés au don de la Torah comme le racontent nos sages. Ils ne voulaient pas que l’homme dispose des Noms avec lesquels Hachem a créé le monde et dirige l’ensemble de la création. La Torah est profondément spirituelle. L’homme est fait de chair et de sang. Hachem est infini. Comment ces trois entités sont-elles un ? 

Il nous faut comprendre pour cela ce qu’est l’homme. Le Midrach raconte comment Adam a nommé toutes les créatures et lui, il s’est appelé Adam, car il a été formé de la terre (Adama en hébreu). Le Maharal explique qu’à l’instar d’une terre fertile, l’homme est un potentiel de vie. Sa réalisation est sa germination. L’homme est aussi une âme vivante comme il est écrit (Gen. 2, 7) : « Hachem façonna l’homme, — poussière détachée du sol, — fit pénétrer dans ses narines un souffle de vie, et l’homme devint une âme vivante. » L’homme n’est pas n’importe quelle âme vivante. Hachem le créa à son image et à sa ressemblance comme il est écrit (Gen. 1 ;26-27) : « Hachem dit : "Faisons l’homme à notre image, à notre ressemblance, et qu’il domine les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, le bétail ; ainsi que toute la terre, et tous les êtres qui s’y meuvent." Hachem créa l’homme à son image ; c’est à l’image d'Hachem qu’il le créa. » Rabbi Haïm de Volozhin écrit que l’homme possède une parcelle d’Hachem qui lui donne le pouvoir d’influencer spirituellement son environnement. Il est le maître des forces et de la vie qui l’entourent. Rabbi Moché Haim Luzzatto explique dans son Messilat Yecharim comment le comportement de l’homme impacte la création. Cette dernière s’élève ou sombre avec lui. 

Il est écrit (Gen. 2 ; 7) : « Hachem … fit pénétrer dans ses narines un souffle de vie. » Ce souffle Divin non seulement anime l’homme et le maintien en vie, mais l’unit également à son créateur. C’est d’autant plus vrai pour les enfants d’Israël qui sont appelés « Banim » (=enfants) comment l’enseigne rabbi Akiva (Avot 3, 14): «  Bien-aimé est l’homme pour avoir été créé à l’image [d’Hachem] ; c’est un surcroît d’amour que de lui avoir fait savoir qu’il a été créé à l’image [d’Hachem], car il est dit : Car c’est à l’image d’Hachem qu’Il créa l’homme. Bien-aimé est le peuple d’Israël pour être appelé « enfants d’Hachem » ; c’est un surcroît d’amour que de leur avoir fait savoir qu’ils sont les enfants d’Hachem, car il est dit : Vous êtes les enfants d’Hachem votre D.ieu etc. » 

Nos Sages enseignent dans le Talmud Sanhédrin (99b) : « Celui qui s’affaire dans la Torah, la Torah s’affaire pour lui. » Rachi explique lorsque l’on étudie la Torah, la Torah intercède en notre faveur auprès d'Hachem. Elle demande, si l’on peut dire, qu’Hachem nous aide. Contrairement à l’idée reçue, la Torah, c’est bien plus que des livres ou des connaissances. La Torah c’est un lien avec Hachem. C’est le seul moyen de vraiment faire « un » avec Lui. Car Il y a mis Son être comme nos Sages l’enseignent (Chabbath 105b). Le premier mot du décalogue Anokhi (Je suis) est composé des mots Ana (Moi), Nafchi (mon âme), Katevit (je l’ai écrite), Yahavith, (Je l’ai donné). Le don la Torah, c’est le moment où Hachem nous a donné Son « âme » afin que nous nous liions à lui. Chavaouot nous invite donc à nous unir de nouveau à Hachem par le biais de Sa Torah. La Torah est aussi une source de vie en cela qu’elle contient «l’âme » d'Hachem, source de vie. Elle nous vivifie et nous octroie le monde présent ainsi que le monde futur. La valeur numérique de : « Torah » est 611, qui est la même que : « Lé'haïm Vélo Lamavét » (pour la vie, et non pas pour la mort ). 

Puissions-nous tous mériter une longue et belle vie de Torah.