Une trêve, c’est le secret des jours de ‘Hanouka, dit Rabbi Na'hman de Breslev dans Likouté Halakhot. Un rayon de lumière qui scintille dans l’obscurité, et confère la force de lutter contre le noir qui précède et qui suit.

D’un point de vue historique, le miracle de ‘Hanouka entraîna la ré-inauguration du Temple, et le rétablissement du service entre les deux périodes d’exil - la Grèce et Bavel avant, et Edom après. En conséquence, en regard des centaines d’années de destruction, quelle est la portée de 200 ans du retour du royaume d’Israël ?

C’est le secret de ‘Hanouka. On ne doit pas se laisser entraîner par cette sombre continuité, qui nous induit en erreur en nous faisant croire qu’elle est éternelle. Au contraire, il nous faut laisser une place de choix à l’apparition du bien, même pour une courte durée. Il en va de même pour l’esprit. Il nous arrive plus d’une fois d’avoir l’impression d’être dans le noir. « L’obscurité, c’est la Grèce » (Béréchit Rabba 2). Même l’explication littérale du terme « Yavan » (Grèce) se réfère à la boue, comme on le voit dans le texte des Psaumes : « Tavati Béyavan Métsoula » « Je suis plongé dans la vase d’un gouffre ».

La pensée grecque qui menace de nous engloutir est la suivante : tu étais engluée dans la boue, restes-y. tu n’as aucune chance de te dépêtrer des complications dans lesquelles tu t’es placée. Contre cette pensée, les lumières de ‘Hanouka nous interpellent : il y a aussi de la lumière, et je suis prête à lui faire de la place. Bien entendu, tous les problèmes ne seront pas résolus en un tour de main, mais j’ai la possibilité de me créer un espace éclairé dans toute cette obscurité.

Comment pouvons-nous créer un espace éclairé, même pour une courte période ? Un seul moyen : le remerciement.

Les jours de ‘Hanouka ont été fixés pour « remercier et exprimer les louanges à Son grand Nom ». Pendant ces jours-là, nous pouvons choisir de voir la lumière et le bien présents dans notre vie. Eliminer pour un temps les problèmes et le manque, et choisir de nous concentrer sur ce qu’il y a. Remarquons la santé dont nous jouissons, ainsi que l’abondance matérielle et spirituelle, réjouissons-nous des amies et de notre famille. Peut-être me demanderez-vous : c’est précisément sur ce point sensible, qui me stresse beaucoup, que je dois me répandre en louanges ?! Oui.

A ‘Hanouka, lorsque la famille se rassemble autour de l’allumage, nous avons l’occasion de nous observer sous une autre lumière. Le terme « ‘Hanouka » vient de la racine « ‘Hinoukh », éducation, et l’on peut, à la lumière des bougies, observer chaque membre de la famille avec un regard nouveau. Remercions D.ieu pour leur présence, et il se peut que nous arrivions à nous surprendre en découvrant des aspects plaisants chez chacun d’entre eux, auxquels nous n’avions pas prêté attention jusqu’à présent.

Un autre moyen pour créer un espace de lumière consiste à approfondir notre regard sur les événements que nous vivons, et à découvrir ainsi la lumière enfouie sous l’obscurité. Comme pour la découverte de la fiole d’huile, dans chaque situation, chaque événement, se cache un élément intérieur, pur et secret. Les questions que nous pouvons nous poser pour découvrir ces points de lumière : quel est le potentiel enfoui dans cette épreuve ? Pourquoi le Saint béni soit-Il m’a-t-Il placée dans cette situation ? Comment puis-je progresser et quelles forces puis-je découvrir par cette lutte ? La faculté d’entrer dans la profondeur des choses et de ne pas rester bloqué à la surface extérieure est une qualité féminine. « Tout l’honneur d’une fille du Roi est à l’intérieur » (Psaumes 45, 14) : les trésors d’une fille de roi sont enfouis à l’intérieur.

La force féminine que nous possédons ne consiste pas simplement à découvrir la face cachée de chaque événement, mais également à découvrir en nous des trésors et des forces internes. Les femmes sont tenues d’accomplir la Mitsva des lumières de ‘Hanouka, bien que ce soit une Mitsva liée au temps, car elles ont participé au miracle, et aussi parce que le miracle s’est opéré par le biais d’une femme.

A ‘Hanouka, nous pouvons obtenir la force de trouver en nous l’audace et le courage de mettre fin à l’obscurité, et améliorer des situations problématiques. Le miracle divin prend la forme d’une abnégation humaine, et nous avons le pouvoir de le découvrir. Il n’est pas nécessaire d’attendre la venue du miracle d’une trêve, il nous est possible de créer nous-mêmes cet espace de lumière, libre à nous de choisir quand !
 

Rabbanite Rivka Ora Weingorth