Nous allons tenter de percer le mystère de ce jour-là. Le Talmud mentionne l’histoire de Rabbi Akiva et de ses 24 000 élèves qui sont tous morts à la même période, à partir de la fête de Pessa’h jusqu’à Lag Ba’omer, parce qu’ils s’étaient manqués de respect [soit dit en passant, il s’agissait d’hommes particulièrement vertueux et saints, qui ont été jugés en fonction de leur niveau extrêmement élevé, car le Saint béni soit-Il est sévère avec Ses proches, s’ils dévient légèrement de la vérité ou qu’ils commettent une faute]. Nos Sages témoignent que leur mort a été ressentie au point que « le monde fut désert. »

Puis, Rabbi Akiva s’est rendu au sud du pays pour enseigner la Torah à cinq élèves devenus plus tard rabbins. Ce sont eux qui par la suite ont assuré la transmission de la Torah au peuple juif. L’un de ces élèves était Rabbi Chimon bar Yo’haï - et ce n’est pas un hasard qu’il décéda plus tard le jour de Lag Ba’omer. Rabbi Akiva était mû par l’espoir et l’amour du prochain. Il est l’auteur de l’adage : « Tu aimerais ton prochain comme toi-même - c’est une règle d’or dans la Torah ».

Maintenant, quel est le rapport entre son élève Rabbi Chimon bar Yo’haï (le Rachbi) et en quoi tout ceci est-il lié particulièrement à Lag Ba’omer ? Les élèves de Rabbi Akiva sont décédés pour n’avoir pas offert d’amour désintéressé. Rachbi et ses amis comblèrent ce manque en menant toute leur existence sous le signe de l’amour et en développant un amour désintéressé, suivant l’adage de Rachbi : « Nous dépendons de la gentillesse ».

Dans son immense sainteté, Rabbi Chimon eut le privilège d’accomplir parfaitement les instructions de son maître : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » et de l’instiller dans le cœur de ses élèves pour combler totalement la faille causée par les élèves de Rabbi Akiva. Le jour de Lag Ba’omer nous éclaire depuis toujours et jusqu’à aujourd’hui, c’est un jour de liesse, d’amour, d’unité et de fraternisation. La joie provient de cette unité, l’esprit humain brille comme une lumière, et lorsque tout le monde se rassemble et s’unit, devenant comme un seul homme, une grande lumière se forme.

C’est peut-être l’allusion qui a conduit à la coutume d’allumer des feux de joie à Lag Ba’omer. Tout comme les nombreuses lumières s’unissent pour former un feu de joie qui éclaire au loin, tel est le pouvoir de l’unité, ce grand flambeau a le pouvoir d’éclairer et de réchauffer les cœurs et d’éliminer le mal de l’esprit humain et du monde. Le jour de Lag Ba’omer, tout le monde se réunit à Méron, sur la tombe du Rachbi.

Des centaines de milliers de personnes de tous les horizons se rassemblent et s’unissent, et à l’instar d’un grand feu de joie composé de milliers de flammes, les âmes éclairent le monde par leur lumière spirituelle. C’est une manifestation contre la division et la haine. Raison supplémentaire pour l’allumage de ces feux : le jour du décès du Rachbi, de très grands secrets élevés ont été dévoilés et une grande lumière est descendue sur terre.

C’est la lumière du Zohar ! Le Mékoubal Rabbi Moché Cordovéro explique la signification du titre « Zohar » : « La parution de cet ouvrage a fait naître une lumière émanant de la source céleste qui s’est épanchée ici-bas, c’est en réalité un livre qui a tiré sa source de cette lumière ». En contrepartie de la lumière spirituelle qu’il renferme, nous allumons spécifiquement des feux de joie qui dégagent une grande lumière, symbole de la lumière du Zohar que nous avons eu le privilège de recevoir. Mais en raison de sa sainteté et des secrets qu’il renferme, seuls ceux qui sanctifieront leurs actes, leurs paroles et leurs pensées pourront se consacrer à son étude, comme l’indique le Choul’han Aroukh, le Code de la Loi juive.

L’usage est de se rassembler sur sa tombe à Méron, mais en Diaspora aussi, certains allument des bougies et se rassemblent pour étudier les écrits du Rachbi éparpillés dans le Talmud et les Midrachim. On récite des prières et des suppliques, afin que par le mérite de Rabbi Chimon bar Yo’haï, le Maître du monde nous envoie la Guéoula (délivrance) et nous ouvre les yeux - c’est la Ségoula de ce jour-là - pour que nous discernions le vrai, comme l’indique le verset : « Eclaire (Gal) mes yeux et je contemplerai les merveilles de Ta Torah ». Nos Sages ont remarqué que le terme « Gal » est composé des mêmes lettres que « Lag », ce jour-là a le pouvoir de dévoiler la vérité et la lumière propres à chaque Juif.