A Soukkot, la Torah nous demande de nous installer pendant sept jours dans des Soukkot, afin que nos générations sachent qu'Hachem a installé les Béné Israël dans des Soukkot, lorsqu'Il les a fait sortir d'Égypte.
La Guemara rapporte deux opinions à propos des Soukkot dans lesquelles Hachem a installé les Béné Israël :
- selon Rabbi Éliézer, il s'agit des anané kavod (nuées de gloire) qui ont accompagné les Béné Israël dans leurs déplacements dans le désert ;
- selon Rabbi Aquiva, il s'agit de simples cabanes, de vraies cabanes (Soukkot mamach), que les Béné Israël se sont construites.
D'après l'opinion de Rabbi Éliézer (Hachem a installé les Béné Israël dans des nuées de gloire), on comprend qu'il faille fêter Soukkot ; pour remercier Hachem pour cette bonté extraordinaire (protéger les Béné Israël dans le désert à travers un élément surnaturel). Mais d'après l'opinion de Rabbi Aquiva (Hachem a installé les Béné Israël dans de vraies cabanes), pourquoi fêter Soukkot pour cela ? Qu'y a-t-il d'extraordinaire dans le fait que les Béné Israël aient habités dans des cabanes en plein désert ?
De plus, Rabbi Aquiva savait parfaitement que les Béné Israël ont bénéficié de nuées de gloire lorsqu'ils étaient dans le désert. Pourquoi donc parle-t-il de vraies cabanes, et pas des nuées de gloire ?
Et enfin, toujours concernant l'opinion de Rabbi Aquiva, si les Béné Israël se sont eux-mêmes construit des cabanes, pourquoi le texte de la Torah nous dit que c'est Hachem qui les a installé dans ces cabanes ?
En vérité, même Rabbi Aquiva est d'accord qu'Hachem a installé les Béné Israël dans des nuées de gloire : le texte dit explicitement que les Béné Israël ont bénéficié de ces nuées, et Rabbi Aquiva ne le nie pas !
Simplement :
- Rabbi Éliézer considère que l'important à Soukkot est de se rappeler du 'hessed qu'Hachem a fait aux Béné Israël, en les protégeant à travers les nuées de gloire ;
- alors que pour Rabbi Aquiva, il faut se rappeler de ce qui a entraîné cette protection d'Hachem, c'est-à-dire le dévouement des Béné Israël pour Hachem et Ses mitsvot, et qui leur a fait mériter cette protection.
En effet, lorsqu'Hachem a demandé aux Béné Israël de Le suivre dans le désert, ceux-ci ont eu confiance en Lui. Ils l'ont suivi, sans se demander comment ils allaient avoir de quoi manger, boire, s'habiller etc... en plein désert. Ils ont eu confiance en Hachem, et Hachem a pourvu à tout leur besoin.
Hachem se rappelle de ce grand mérite, comme le dit le prophète Jérémie par les mots : "Ko amar Hachem zakharti lakh 'hessed néourayikh (...) Lékhtèkh a'haraï bamidbar béérets lo zéroua / Ainsi parle Hachem : Je me souviens pour toi de la bonté de ta jeunesse (...) Lorsque tu M'as suivi dans le désert, dans une terre inculte".
Si les Béné Israël ont été capables d'un tel dévouement (suivre Hachem en plein désert, sans s'inquiéter pour leur situation), c'est grâce à Avraham Avinou.
Avraham leur a, en effet, tracé le chemin, en renonçant à son propre confort (son pays, sa ville natale, la maison de son père) pour aller là où Hachem voulait qu'il aille (cf. début de parachat Lékh Lékha).
Et en vérité, Avraham Avinou n'a rien perdu en accomplissant la volonté d'Hachem : Hachem lui a finalement donné bien plus que ce à quoi il a renoncé :
- il a quitté son peuple/son pays ; il a été à la tête d'un grand peuple, et d'une multitude de nations (comme l'indiquent les mots "vééésskha légoy gadol" et "av hamone goyim nétatikha") ;
- il a renoncé à sa ville natale, dans laquelle il était connu ; mais Hachem lui a accordé un renom encore plus grand (comme l'indiquent les mots "vaagadéla chémékha") ;
- il a quitté sa famille, qui aurait pu lui être utile dans la vie ; il est devenu lui-même une source de bénédiction (comme l'indiquent les mots "véyhé bérakha").
Avraham semblait perdre en écoutant Hachem. Mais il a finalement gagné bien plus que ce à quoi il a renoncé.
C'est son exemple qui a donné aux Béné Israël le courage de suivre Hachem en plein désert. Et, à eux aussi, Hachem a finalement accordé tout le confort : la manne, les nuées de gloire, le puits de Myriam...
Il en va de même pour nous : chaque année :
- à Roch Hachana, nous reconnaissons Hachem comme roi ;
- à Kippour, nous exprimons notre désir de Le servir ;
- et à Soukkot, Hachem nous demande de quitter notre propre confort pour accomplir Sa volonté.
Car pour véritablement servir Hachem, il faut être prêt à renoncer à tout pour Lui. Et lorsqu'on est prêt à cela, Il fait en sorte qu'on ne manque de rien.
Dans le désert, non seulement les Béné Israël n'ont manqué de rien au plan matériel. Mais même au plan spirituel, ils ont atteint les plus hauts niveaux (en étant en contact permanent avec Hachem, en accédant à la prophétie, et même, comme l'indiquent les mots "panim béfanim dibère Hachem" employés à propos du don de la Torah, en "voyant" Hachem).
De même pour Avraham Avinou : Hachem lui a dit d'aller "el haarets acher aréka". Habituellement, nous traduisons ces mots par "vers le pays que Je t'indiquerai". Mais s'ils voulaient dire cela :
- le texte de la Torah nous aurait dit ensuite qu'Hachem a montré à Avraham un certain pays ;
- et il aurait dit "vers un pays que je t'indiquerai" (et pas "vers LE pays que je t'indiquerai", comme s'il s'agissait d'un pays bien précis, qu'Avraham connaissait déjà).
Les mots "el haarets acher aréka" sont donc plutôt à traduire par "vers le pays où Je me révélerai à toi". Et effectivement, dès le moment où Avraham Avinou est arrivé dans ce pays (qui était Erets Kénaan/la terre d'Israël), le texte de la Torah nous dit :
- qu'Hachem s'est révélé à Avraham et lui a dit (alors qu'auparavant, le texte disait seulement qu'Hachem a dit à Avraham telle ou telle chose, sans parler de révélation) ;
- qu'Avraham a remercié Hachem qui lui est apparu.
A l'époque du Beth Hamikdash, il y avait à Soukkot ce que l'on appelle sim'hat Beth Hachoéva. La Guemara explique qu'à cette occasion, les Béné Israël puisaient le roua'h hakodesh (la prophétie).
La mitsva de Soukka leur permettait donc d'atteindre ce niveau spirituel particulièrement élevé.
D'ailleurs, le mot "Soukka" est lié au terme "Sokha", employé au sujet de Sarah Iménou lorsque les Hakhamim expliquent qu'elle s'appelait Yiska, parce que "hayéta sokha béroua'h hakodesh (elle voyait par prophétie)".
Le mot Sokha signifie plus précisément contempler/regarder. Et il nous rappelle que la mitsva de Soukka peut permettre d'atteindre une telle proximité avec Hachem qu'on en arrive même à "Le contempler".
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