À l’approche de Yom HaKippourim, nous nous permettons de cesser momentanément de répondre à vos questions et, à la place, de porter à votre connaissance cette semaine et la semaine prochaine des décisions Halakhiques prises par Rabbi Acher Weiss, Chlita, au sujet du jeûne de Kippour pour les malades et les vieillards.

  1. Si, d’après le médecin, un malade (même non en danger) consommant régulièrement des médicaments (et non pas des vitamines ou des remèdes homéopathiques) n’a pas la possibilité de les prendre un peu avant et un peu après le jeûne, mais à un moment précis, il pourra le faire comme d’habitude le jour de Kippour.
  2. Dans le cas où il n’est pas capable de prendre les médicaments sans liquide, il altérera le goût de l’eau en y ajoutant par exemple un extrait de thé amer. 
  3. En revanche, un malade en danger qui, de par son état, a le droit de manger et de boire pendant Kippour [que ce soit sous forme de Chiourim (portions limitées) ou comme à l’accoutumée, selon les instructions d‘un Rav expert en Halakha ou de son médecin] n’aura pas besoin de dénaturer les aliments ou les boissons, mais pourra les consommer tels quels. Au contraire, celui qui est tenu de boire des quantités inférieures au Chiour consommera une boisson sucrée comme du jus de raisin dont la valeur nutritive est plus élevée que celle de l’eau et sera donc en mesure de réduire le nombre de portions qu’il lui faudra tout au long de la journée. 
  4. Dans le cas d’un malade souffrant de douleurs insupportables ou d’une femme enceinte ressentant une faim ou une soif presque incontrôlables et éprouvantes, parfois, une angoisse indicible due à sa grossesse, bien que, du point de vue médical, ils ne courent aucun risque, on peut se montrer moins strict et leur permettre de manger et de boire des quantités inférieures aux Chiourim
  5. En ce qui concerne les personnes très âgées souffrant d’une grande faiblesse et dont l’état de santé est extrêmement fragile, même si elles n’entrent pas pour le moment dans la catégorie de « malades en danger » il faudra faire preuve d’une grande indulgence à leur égard et leur permettre de consommer des portions de nourriture et de boisson comme requis en raison du fait que tout changement de leur état est susceptible de nuire à leur santé et de les mettre en danger. 
  6. Selon ce même principe, au sujet des vieillards ayant du mal à marcher et qui, de ce fait, utilisent un déambulateur ou une canne, et que personne ne soutiendra et accompagnera durant toute la journée, il y a fort à craindre que, à cause du jeûne, ils ne perdent l’équilibre et ne trébuchent. En raison de leur âge avancé, une chute risque de causer une fracture osseuse et de mettre leur vie en péril. Aussi, se montrera-t-on moins strict et leur autorisera-t-on à manger des portions suivant la règle des Chiourim
  7. Un homme atteint de troubles psychotiques qui consomme régulièrement des médicaments psychiatriques pourra les prendre comme d’habitude également à Kippour. Comme ce type de remède contient du lithium, ce composant risque de provoquer une déshydratation ; aussi faudra-t-il consulter le médecin traitant à propos des Chiourim de boisson à boire afin d’éviter ce phénomène.
  8. Lors d’une crise psychotique, il sera nécessaire de lui permettre de manger et de boire dans le but de le calmer, car, selon l’avis des médecins, toute nervosité, toute détresse et toute anxiété sont propres à porter préjudice à son état mental et à mettre en danger sa propre vie ou celle des autres.
  9. Contrairement aux malades souffrant de troubles psychotiques, une personne atteinte d’une affection névrotique (dépression, trouble bipolaire, etc.) ne court généralement aucun danger et, par conséquent, n’aura pas le droit ni de manger ni de boire. Il faudra cependant, comme indiqué ci-dessus, lui permettre de prendre leurs médicaments. Il existe parfois des cas de grave dépression conduisant le malade à développer une tendance suicidaire et à tenter de mettre fin à sa vie. Dans ce cas, si le médecin traitant est d’avis que le malade risque de se suicider, et que celui-ci éprouve lui-même le besoin de manger et de boire, il faudra faire preuve de moins de rigueur en raison de la règle Yitouv Da’ata (prise en compte de la volonté du patient et de son état mental.) 
  10. Dans le cas d’un malade hospitalisé qui a besoin de boire le jour de Kippour, nulle question de lui recommander d’essayer de se faire injecter les liquides par perfusion qui serait posée la veille de ce jour, car, selon les médecins, cela risquerait de provoquer une infection. 
  11. Si on a prescrit à un malade en danger une radiographie ou tout autre examen après Yom Kippour et que cet examen exige que le patient ait consommé du liquide la veille (c’est-à-dire à Yom Kippour), il faudra lui permettre ce jour-là de boire suivant la règle des Chiourim (doses limitées) bien qu’il n’ait pas besoin de cette boisson en raison de sa maladie, mais seulement en vue de la radiographie. Dans ce contexte, il convient de noter que, d’après la Halakha, lorsqu’il s’agit d’un malade en danger, les examens et l’interprétation des résultats doivent être effectués le plus tôt possible, car ceux-ci s’inscrivent également dans le cadre de Pikoua’h Néfech (danger de mort). Par conséquent, il ne faut pas songer à retarder l’examen afin de permettre au patient de jeûner. 
  12. Un malade qui mange des portions de nourriture égales aux Chiourim toutes les 9 minutes ne prononcera pas à chaque fois la Berakha Richona (bénédiction que l’on dit avant de consommer un aliment). 
  13. Parmi les personnes atteintes de diabète de type 1, beaucoup d’entre elles peuvent jeûner à Kippour. En général, il leur est conseillé de faire un essai le 17 Tamouz puis de nouveau à Ticha Be’Av afin de vérifier comment leur corps réagit à la privation totale de nourriture et quelle est la dose d’insuline dont elles ont besoin pour faire face à des conditions de jeûne. Si elles jeûnent pendant des jours de la semaine et qu’elles subissent fréquemment des prises de sang sous la supervision d’un médecin spécialiste et qu’il semble qu’elles aient la capacité de ne pas s’alimenter, elles pourront alors jeûner. Il est néanmoins évident qu’il n’est pas permis d’effectuer de tels examens durant la journée de Kippour de crainte que des interdictions de la Torah ne soient transgressées. Dans ce cas-là, il vaut mieux qu’elles consomment des quantités d’aliments égales aux Chiourim. En règle générale, ce genre de malade agira le jour de Kippour selon les directives d’un spécialiste compétent dans le domaine du diabète et connaissant le patient depuis longtemps. 
  14. Un malade en danger ou une femme enceinte sachant que, presque à coup sûr, ils ne pourront pas observer le jeûne jusqu’au bout et que, à un moment donné, ils auront besoin de manger ou de boire ne devront pas attendre d’être plongés dans une situation de détresse et d’être confrontés à un danger tangible, mais au contraire, seront tenus de prendre les devants et de se nourrir. En effet, au lieu de se trouver brutalement en état de détresse et d’être obligés de manger aussitôt une quantité de nourriture supérieure à un Chiour, qu’ils préviennent le mal et qu’ils consomment des aliments suivant la règle des Chiourim 
  15. Dans le cas d’un malade atteint d’Alzheimer qui, malgré ses pertes de mémoire, comprend pratiquement tout et a l’esprit lucide, mais est susceptible d’oublier que c’est Yom Kippour et mange comme d’habitude, il semble que d’après la Halakha il n’est pas considéré comme une personne « non douée de raison. » Par conséquent, il aura l’obligation de jeûner à Kippour et ses proches se trouvant à ses côtés ce jour-là devront l’empêcher de manger et de boire. Toutefois, ils ne seront pas astreints de rester près de lui pendant tout le jeûne. 
  16. Un patient souffrant d’une tumeur maligne à qui on a prescrit une intervention chirurgicale le lendemain de Kippour et qui doit donc s’abstenir de manger avant l’opération, risque évidemment de mettre sa vie en péril s’il jeûne également le jour de Kippour. D’après la Halakha, nous considérons ce type d’intervention comme un véritable Pikoua’h Néfech et nulle question de la retarder (bien que nous constations que quelques fois les médecins reportent ces opérations afin de permettre aux malades de participer à la joie de la fête ou à d’autres événements). C’est pourquoi il est préférable, si c’est possible, d’alimenter le patient pendant quelques heures à la fin de Yom haKippourim. Dans le cas contraire, il faudra lui permettre de manger et de boire suivant la règle des Chiourim tout au long de Kippour
  17. Des médecins peuvent fréquemment se trouver confrontés au cas d’une femme enceinte en fin de grossesse dont le fœtus est en présentation du siège et prétendre que, d’une part, si elle jeûne, il est presque certain que l’accouchement sera accéléré et qu’il faudra donc pratiquer une césarienne, mais, que, d’autre part, si elle ne jeûne pas, il y a de fortes chances qu’elle mette au monde le bébé à terme et que, d’ici là, celui-ci se sera retourné naturellement, évitant ainsi l’opération chirurgicale. Puisque ces deux hypothèses ne sont pas indéniables et que, de nos jours, la pratique de la césarienne n’est pas considérée comme particulièrement dangereuse par rapport à une délivrance normale, il n’y a aucune raison d’autoriser la femme en couches à consommer des aliments et des boissons même en quantités inférieures aux Chiourim

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