Question 

Chalom Rav Malka,

Voilà ma question : mon père est très âgé et, de ce fait, il n’arrive plus à se tenir éveillé la plupart du temps. Quelquefois, il est assis à table et s’endort. Cela peut arriver au milieu du repas de Chabbath en présence de nombreux convives ou bien lorsque quelqu’un vient lui rendre visite. Mon père est un homme très honorable et je suis sûr que cette situation lui est désagréable. Est-ce que j’ai le droit, d’après la Halakha, de le réveiller ou est-ce interdit dans n’importe quel cas ?

Réponse

Chalom et Brakha

La question que vous posez est très belle et très concrète. La règle fixée par la Halakha est la suivante : si vous êtes certain que votre père sera heureux d’être réveillé, agissez avec douceur. Dans le cas contraire, il sera interdit de le tirer de son sommeil. Pour plus amples précisions et exemples, veuillez consulter la réponse détaillée ci-après.

Réponse détaillée

Une histoire célèbre rapportée dans le Talmud (Kidouchim 31a) est celle de Dama ben Nétina. C’était un non-juif qui vivait avec son père à Ashkelon. Des Sages sont venus le voir afin d’acheter des pierres précieuses pour le Éfod (veste) du Cohen Gadol. Les clés du coffre-fort où se trouvaient les joyaux étaient cachées sous l’oreiller sur lequel reposait son père. Dama refusa de le réveiller en dépit du fait qu’il allait ainsi manquer une affaire lucrative. La Guémara considère que le geste de Dama s’inscrit dans le cadre de « Kiboud Horim – Respect des parents. » 

Pour cette raison, plusieurs Richonim (premiers décisionnaires) tels que le Roch et le Ran sont d’avis qu’il est défendu à un homme de réveiller son père ou sa mère même s’il subit une perte d’argent, aussi grande soit-elle. 

En fait, il ne s’agit pas seulement de ne pas effectuer une action qui les tirera inévitablement de leur sommeil, mais également de s’abstenir de tout acte susceptible de les réveiller, comme le fait de parler à voix haute ou d’ouvrir la porte bruyamment, et ce, même si le fils perd de l’argent ou est retardé. 

D’autre part, comme il est déjà mentionné dans le Séfer ’Hassidim, avis que les décisionnaires ont retenu pour trancher la Halakha, il n’est pas interdit de réveiller ses parents dans la mesure où nous avons la certitude qu’ils seront désolés de savoir que nous ne l’avons pas fait. 

Pour étayer cette argumentation, les décisionnaires proposent les trois exemples suivants : 

  1. Si, en le réveillant, il donne à son père l’occasion de réaliser un gros profit.
  2. Si en avertissant son père endormi qu’une personne importante vient lui rendre visite, il lui évite d’être attristé de n’avoir pas pu la rencontrer. 
  3. Si le fils remarque que la limite de temps pour réciter le Kriyat Chéma' ou la prière risque d’être dépassée, il réveillera son père, car tous les deux sont tenus de respecter les Mitsvot et c’est une perte considérable pour son père de ne pas les accomplir à temps. En vérité, dans une telle situation, il incombe au fils d’avoir en tête de réveiller son père avec respect et déférence et non pas de manière désinvolte – « Papa, lève-toi ! Tu vas rater l’heure du Kriyat Chéma' ! » mais de se rappeler qu’il lui doit le respect et donc de le tirer du sommeil calmement et révérencieusement. 

Mais il y a des circonstances qui ne sont pas claires comme dans le cas où un pauvre viendrait demander la charité. Si le fils n’est pas sûr que son père aurait désiré être réveillé, il vaut mieux se garder de le faire afin de ne pas transgresser la Mitsva de Kiboud Av (respect du père). 

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