Qui a composé le Livre des Téhilim (Psaumes) et pourquoi avons-nous l’habitude de réciter des Téhilim dans les moments difficiles ?

Le Roi David est l’auteur du Livre des Téhilim, cependant, dans nombre de Téhilim, il est mentionné d’autres personnages en introduction du psaume. L’introduction regroupe les premiers mots du psaume et désigne la catégorie du psaume, le temps où il a été récité, ou encore l’instrument avec lequel il a été chanté dans le Beth Hamikdach. Souvent, le nom de l’auteur du Téhilim apparaît dès les premiers versets. L’expression "Mizmor Lédavid" désigne la plupart des titres des Téhilim. On trouve également les termes "Chir", "Maskil", "Mizmor", ou encore le nom de l’instrument de musique comme "Guitit", "Chéminit" ou "Chochanim".

Lorsque le Téhilim débute par la lettre Lamèd avant le nom d’une personne, cela signifie que la personne est l’auteur du Téhilim en question.

La Guémara Baba Batra (14b) nous enseigne que le Roi David a écrit le Livre des Téhilim à l’aide de 10 Sages : Adam Harichon, Malki Tsédek, Avraham Avinou, Moché Rabbénou, Yédouthoun, Ethan, Assaf, et les 3 enfants de Kora’h. Les sept derniers sages sont mentionnés clairement dans les versets des Téhilim, et les trois premiers sont cités dans le Midrach Haggada sur les Téhilim.

Les textes des Téhilim ont une double fonction : d’une part, ils servent en tant que Téfila et permettent donc de véhiculer les paroles des hommes vers Hachem, et d’autre part, ils ont été écrits par prophétie et traduisent donc les paroles d’Hachem à l’homme. Le Roi David, Assaf, Ethan, Yédouthoun, et les 3 fils de Kora’h font partie des 48 prophètes du peuple d’Israël. L’une des fonctions du prophète était de prier vers Hachem. Et puisqu’Hachem a enseigné aux prophètes comment prier, toutes les Téfilot au travers desquelles ils ont invoqué Hachem ne sont en fait que l’expression des paroles dites au prophète par Hachem.

Ainsi, le Rav Saadia Hagaon nous explique que le Livre des Téhilim est une prophétie adressée au Roi David. Seules les prophéties qui ont une utilité pour les générations ont été écrites, et ainsi les Téhilim représentent de manière tangible les sentiments de l’homme : la joie ou la tristesse, le renforcement ou la faiblesse. Le Midrach Téhilim nous enseigne que Rabbi Yodhan au nom de Rabbi Yéhouda a dit : « Le Livre de David a été écrit pour lui, pour le peuple d’Israël, et pour tous les temps. »

De nos jours, il est répandu de lire les Téhilim individuellement ou en collectivité, de manière ponctuelle ou régulièrement, en continu ou en plusieurs parties. La force des Téhilim est particulièrement puissante pour exprimer notre reconnaissance ou notre espoir en la délivrance future.

Les Grands Sages de la génération n’ont eu de cesse de louer l’impact des Téhilim. Le Rav ‘Haïm Falagi nous explique que les trois noms du livre de Téhilim expriment bien sa force : Téhilim, Talim et Zémirot.

Téhilim car il désigne une louange au Créateur (Hiloulim = louanges). Talim représente notre espoir qui dépend de sa lecture (Talouï = dépendre de), et enfin Zémirot car la lecture des psaumes annule et déchire les décrets qui pèsent sur le peuple ou sur une personne (Zimour = couper).

Il est important de comprendre pourquoi ce livre s’appelle Téhilim et non Téhilot. Le Rav Chimchon Raphaël Hirsch nous enseigne comment la lecture des Téhilim sans intention particulière (Kavana) n’est suivie d’aucun effet, les Téhilim ayant été écrits comme un moyen d’expression du cœur de l’homme vers Hachem, et ne devenant véritablement une louange (Téhila) que lorsqu’ils remplissent notre cœur et notre bouche.

C’est pourquoi, les Téhilim doivent être prononcés avec une intention précise et provoquer un bouleversement dans notre cœur. Notons ici les paroles du Rav Pinkous : « Lorsque j’ai traversé le portail de sécurité de l’aéroport, on m’a demandé si je possédais une arme et j’ai répondu que j’avais dans ma poche et dans mon cœur le Livre des Téhilim. » L’agent de sécurité me répondit alors : « Je ne pensais pas à ce genre d’armes, mais plutôt à une arme à feu. » Je lui rétorquai : « Les Téhilim sont une arme à feu qu’il faut prononcer avec enthousiasme et chaleur. »

Il faut bien sûr préciser que les Téhilim qui ne sont pas prononcés avec concentration, n’atteignent certes pas leurs objectifs car la concentration est le noyau même des Téhilim, cependant chaque Téfila, chaque psaume a une valeur. Dans le Ciel, on ne laissera pas l’homme sans récompense, et tout est inclus dans les demandes du peuple d’Israël envers le Tout-Puissant. C’est pourquoi, lorsqu’il est difficile de prier avec concentration et même lorsque le cœur ne s’y prête pas, il ne faut pas se relâcher et continuer à réciter le Livre qui accompagne le peuple d’Israël depuis la nuit des temps : le Livre des Téhilim.