Dans le Talmud, traité Méguila (3a) on explique : « Que signifie le verset Iyov (36;7) : 'Il ne détourne pas les yeux de dessus les Justes'? Que Ra’hel mérita par sa pudeur d’avoir comme descendant Saül qui était lui aussi pudique. »

En quoi Ra’hel était-elle pudique ?

Car il est dit Béréchit (29;12) : « Yaakov apprit à Ra’hel qu’il était le frère de son père. » Mais n’était-il pas plutôt le fils de la sœur de son père ?

En fait, voici comment s’est déroulée la conversation : Yaakov demanda à Ra’hel « Veux-tu m’épouser ? », à quoi elle a répondu « Mais mon père est un homme trompeur, tu ne parviendras pas à lui résister », « Si il est un trompeur, je suis son frère en tromperie ». Mais elle lui demanda : « Est-il permis à un Juste de vivre dans la tromperie ? », « Oui car il est écrit dans les Téhilim (18;27) : « Avec celui qui est pur, tu te montres pur, et avec le pervers tu agis selon la perversité ». Il lui demanda : « Comment ton père peut-il me tromper ? », à ce qu’elle répondit « J’ai une sœur plus âgée, il ne me mariera pas avant elle, le jour venu il la mettra à ma place à tes côtés. »

Que fit Yaakov ?

Il convint avec elle un certain signe pour la distinguer de sa sœur. Mais le jour du mariage elle ne pouvait pas laisser sa sœur s’humilier devant tout le monde et lui confia les signes qu’elle avait convenu avec Yaakov.

Le grand rabbin surnommé le « Ben Ich ‘Haï » demande : En quoi le fait de transmettre les signes caractérise la pudeur, le terme « Bienfaisance » aurait été plus approprié ?!

En fait depuis la première rencontre avec Yaakov jusqu’à la nuit de noce, Ra’hel ne se montrait pas à Yaakov, du fait de sa grande pudeur, si bien que lorsqu’arriva la nuit en question il ne put faire la différence entre Léa et Ra’hel, et les signes ont servi à Léa grâce à la pudeur de Ra’hel.

C’est pourquoi le Talmud fait un lien entre les signes et la pudeur de Ra’hel.

Le Rav Chalom Chwadron explique quand à lui que Ra’hel et Yaakov ont convenu des signes de façon à ce que Léa ne soit pas humiliée, or Ra’hel voyant que son père s’était arrangé pour que tout le monde sache que Léa serait donnée à Yaakov (seul Yaakov n’était pas au courant), celle-ci décida de lui transmettre les signes pour qu’elle n’ait pas honte en public.

Mais Ra’hel aurait pu dire à son père que rien ne servait à ruser Yaakov du fait des signes qu’ils avaient convenu. La raison est que si Ra’hel les avait révélé à Lavan, cela aurait témoigné un manque de pudeur.

C’est donc bien la pudeur de Ra’hel qui a permis la transmission des signes à Léa.


Rabbi Daniel Mordekhai COHEN, élève de la Yéchiva "Vayizra' Itshak" à Jerusalem.