Environ quinze ans après son mariage, la rabbanite Kanievsky, qu’elle repose en paix, vécut une année difficile.

Un beau jour au début de l’année, un homme paniqué arriva chez elle et lui annonça qu’une lourde étagère de livres s’était effondrée sur sa belle-mère, la femme du Steipler zatsal. Il s’avéra que sa belle-mère s’était cassé la main, et longtemps après, elle fut très limitée dans son champ d’action. Sa famille devait lui procurer une assistance continue.

Peu de temps après, le rav ‘Haïm chlita se fractura la jambe. Le médecin lui ordonna de se mettre au lit et ne pas bouger pendant deux mois, pour éviter de placer un plâtre sur la jambe, et la charge qui tomba sur la rabbanite fut très lourde. Plus tard, elle décrivit ces deux mois comme suit : « Je passais tout mon temps à faire des allers-retours pour lui apporter des livres… »

 

Lorsque cette difficile épreuve s’acheva, elle en subit une nouvelle. En chemin pour le Talmud Torah, l’un de ses fils fut gravement blessé dans un accident de la route et hospitalisé pendant une semaine. Pendant toute cette période, ne souhaitant pas déranger rav ‘Haïm chlita dans son étude, la rabbanite le dispensa de se rendre à l’hôpital pour surveiller les soins prodigués à leur fils et lui tenir compagnie. La rabbanite resta aux côtés de son fils, jour et nuit, pendant toute la semaine. Avec l’aide du Ciel, la situation du garçon s’améliora, mais même après avoir été relâché de l’hôpital, la rabbanite dut l’y accompagner toutes les deux semaines pour des contrôles, bien qu’elle fût enceinte (l’une de ses filles)et devait bientôt accoucher, fût très faible et ne se sentît pas bien.

Peu de temps après, elle fut frappée d’un revers supplémentaire. L’une de ses voisines, une jeune mère de plusieurs jeunes enfants, décéda, et la plus grande partie de la charge tomba sur la rabbanite Kanievsky, aussi malade et faible qu’elle fût. Hormis elle, qui pourrait s’occuper des orphelins ? Avec un remarquable sacrifice de soi, elle prit la peine de faire fonctionner la maison de ses voisins, même dans ses plus petits détails.

La guerre des Six Jours éclata juste après, et chaque jour était chargé de peur et d’une grande tension. Ils effectuaient continuellement des allers-retours entre la maison et l’abri.

En conséquence de ces nombreuses épreuves extrêmement pénibles, l’une après l’autre, la rabbanite commença à s’inquiéter quelque peu de l’avenir. Des années plus tard, elle décrivit ses sentiments : « À ce moment-là, je ressentis qu’il avait été décrété dans le Ciel que j’allais bientôt quitter ce monde. Tant de problèmes autour de moi - je sentais que c’était peut-être un signe que j’allais être la suivante. J’étais très inquiète pour la naissance à venir. Je me tournais vers le Saint béni soit-Il et priais : « Maître du monde, si Tu m’accordes un enfant sain et bien formé et que tout se passe bien, je commencerai à accomplir, chaque semaine, la mitsva de prélever la ‘hala ! » Cette promesse réduisit de beaucoup mes appréhensions, car je savais que dans le Ciel, la mitsva de prélever la ‘hala est hautement considérée et qu’elle a le pouvoir de sauver de tout malheur. »

Et ainsi en fut-il. Environ un mois plus tard, elle donna naissance à une fille en bonne santé, sans complications ni pour la mère, ni pour l’enfant, et il lui incombait à présent de tenir sa promesse. Comment, cependant, la rabbanite pouvait-elle préparer du pain alors qu’elle ne possédait pas de four chez elle ? À cette époque, un four dans une maison privée n’était pas courant, et toute femme qui souhaitait confectionner du pain ou des gâteaux devait apporter ses plateaux de pâte à la boulangerie et employer ce four. Pour tenir sa promesse, la rabbanite serait-elle contrainte de porter différents plateaux de pâte tout le chemin jusqu’à la boulangerie puis jusque chez elle, plusieurs fois par semaine ?

Trois jours après le retour de la rabbanite à la maison de l’hôpital avec sa fille nouveau-née, une voisine vint lui rendre visite et la surprit en lui annonçant : « En l’honneur de la naissance, nous avons décidé - ma belle-mère et moi - de t’acheter un cadeau, un four ! » La rabbanite sentit immédiatement que ce cadeau était un signe que le Ciel avait décidé de l’aider à tenir sa promesse.

Légende : au mariage du gaon rav Shraga Steinman. On voit le gaon rav Yaakov Israël Kanievsky et le gaon rav Aharon Leib Steinman

Au mariage du gaon rav Shraga Steinman. De droite à gauche à droite : le Steipler, le gaon rav Aharon Leib Steinman, le gaon rav ‘Haïm Chaoul Karelitz et le ‘hatan.

Au mariage du gaon rav Avraham Yéchayahou Kanievsky

Le Steipler et le gaon rav Yossef Chalom Eliachiv au mariage du gaon rav Avraham Yéchayahou Kanievsky

À l’approche du premier Chabbat après la naissance, la rabbanite rassembla toutes ses forces, et debout dans la cuisine, commença à préparer de la pâte en quantité suffisante pour l’obligation de prélever la ‘hala. Lorsque le rav ‘Haïm chlita vit comment la rabbanite, encore très faible, déployait des efforts pour effectuer tous les préparatifs liés à ce projet de cuisson, il lui dit immédiatement : « Moutar lakh ! Moutar lakh ! Moutar lakh ! » Il est connu qu’un homme a le droit selon la halakha d’annuler les vœux de sa femme s’ils sont de nature à lui causer beaucoup de travail, en répétant trois fois : « Ce vœu n’est pas accompli » ; il espérait lui épargner les efforts considérables dont il craignait que la confection du pain occasionnerait pour elle.

La rabbanite, pour sa part, était déterminée à tenir sa promesse. Toute la nuit, elle travailla laborieusement à côté du four à gaz. Il était si petit qu’il ne pouvait contenir que deux ‘halot à la fois, et il n’est pas difficile d’imaginer à quel point c’était un projet épuisant de cuire une si grande quantité de pain dans un tel four…

Le jour suivant, peu de temps avant Chabbat, la boulangerie locale de Vijnitz annonça dans tout Bné Brak que l’on avait découvert un trou dans le tamis de farine de la boulangerie, ce qui signifiait qu’il y avait une question de cacherout à propos de toutes les ‘halot cuites cette semaine-là dans le four. En conséquence, un grand nombre d’habitants de Bné Brak - tous ceux qui avaient acheté leurs ‘halot dans cette boulangerie furent soudain privés de ‘halot pour Chabbat.

Rapidement, la rumeur circula que grâce à D.ieu, on pouvait obtenir des ‘halot de la famille Kanievsky, car la rabbanite venait de préparer des ‘halot fraîches dans son nouveau four ! Nombreux furent ceux qui se hâtèrent au 23, rue Rachbam afin d’obtenir de ses mains saintes, un nombre limité de ‘halot délicieuses et fraîches. Bien entendu, on envoya également des ‘halot à la fille du Kéhilot Yaakov zatsal.

Rav ‘Haïm et la rabbanite Batchéva virent cet incident comme un signe du Ciel : son engagement envers l’accomplissement de la mitsva de prélever la ‘hala était désirable et louable aux yeux du Ciel. À partir de ce jour-là et jusqu’à la fin de sa vie, la rabbanite veilla scrupuleusement à accomplir la mitsva de prélever la ‘hala chaque jeudi. En outre, à partir de ce jour-là, rav ‘Haïm chlita veilla à ne jamais manger de pain provenant d’une boulangerie - uniquement du pain cuit à la maison par la rabbanite.

À partir de là et jusqu’à son décès - quarante-cinq ans plus tard - aucune semaine ne se passa sans que la rabbanite n’accomplisse la mitsva de prélever la ‘hala. Même le jeudi qui précédait le Chabbat hagadol, elle ne s’abstenait pas de préparer des ‘halot, afin de pouvoir accomplir la mitsva ! De même, même dans des circonstances difficiles et inhabituelles, comme lorsqu’elle souffrit d’une épaule cassée et ne put ni pétrir ni tresser la pâte, ou lorsqu’elle fut en chiva après le décès de sa mère, une pâte spéciale fut préparée pour elle pour lui permettre d’accomplir sa mitsva bien-aimée de prélèvement de la ‘hala

 

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