Maxime : Bonjour monsieur le rabbin, j’aimerais savoir s’il existe des preuves scientifiques à l’existence de D.ieu, car les religieux disent que oui et les athées prétendent le contraire. Comment savoir ?

Le Rav : Bonjour Maxime. Les athées prétendent que tant qu’ils n’ont pas vu D.ieu de leurs propres yeux, ils ont la preuve de sa non-existence. Ce qui s’appelle en philosophie l’argument de l’ignorance, car ce n’est pas parce que l’on n’a pas la preuve de quelques chose, que cela implique automatiquement la preuve du contraire. En outre, les athées se fourvoient sur un autre point, lorsqu’ils ne considèrent l’authenticité d’une preuve que lorsqu’ils peuvent la constater, rejetant toute autre forme de preuve tout aussi sérieuse.

Maxime : Que voulez-vous dire par là ?

Le Rav : Je veux dire qu’il y a là une certaine hypocrisie dans leur raisonnement. Lorsqu’un juge condamne à perpétuité un homme accusé de meurtre, dont la seule preuve est qu’il se soit trouvé sur la scène du crime, un couteau ensanglanté à la main devant la victime gisante à terre…cela n’étonne personne. On parle même de preuve tangible, car la probabilité et le bon sens sont mis en œuvre pour se rendre à l’évidence logique.

Il en est de même si nous recevons une lettre anonyme. Aucun esprit sain, même celui du plus fervent athée, ne croirait un seul instant qu’une telle lettre se soit rédigée toute seule…

Maxime : De quelles preuves scientifiques disposez-vous donc, qui attesteraient de l’existence de D.ieu ?

Le Rav : Elles sont nombreuses. Tout d’abord, le bon sens, qui nous pousse à reconnaître dans l’Univers l’œuvre d’une main directrice dont la complexité et les lois sont réglées avec une précision chirurgicale. Prenez par exemple la force gravitationnelle. Nous savons qu’elle est mille milliards de milliards de milliards de milliards de fois plus petite que la force électromagnétique, soit 1039(10 puissance 39). Que se passerait-il, si on enlevait un seul petit zéro (10 puissance 38) ? L’expansion du cosmos serait freinée et l’Univers ne pourrait pas s’étirer. Un tel Univers serait inapproprié à la vie. Et au contraire, si la constante de gravitation était plus faible, 1041 (10 puissance 41) dans ce cas, dès les premiers instant après le Big Bang, l’expansion serait beaucoup plus rapide qu’elle ne l’est et la matière naissante se disperserait trop vite pour permettre la formation des étoiles. Le résultat serait un Univers vide où la vie ne pourrait pas non plus émerger1. Qui a donc réglé cette mesure parfaite sans laquelle la vie ne pourrait pas exister ? Le hasard, un mathématicien de génie ?

Henri Poincaré déclara un jour : « L’astronomie ne nous a pas appris seulement qu’il y a des lois, mais que les lois sont inéluctables, qu’on ne transige pas avec elles… Elle nous a également appris que les lois sont infiniment précises »2

Dans l’infiniment petit, tu peux également discerner la signature de D.ieu. L’ADN est rempli d’informations riches et fonctionnelles que seul un esprit penseur extérieur à la matière peut programmer. La matière ne pense pas et le hasard ne saurait produire quelque chose d’intelligent, c’est la base du bon sens et de la logique.3

Maxime : C’est bien beau tout ça, mais les scientifiques savent toutes ces informations et pourtant, la grande majorité de la communauté scientifique est athée. Comment l’expliquez-vous ?

Le Rav : Je pense qu’il est nécessaire de bien discerner les vérités scientifiques, les théories scientifiques et les croyances des scientifiques. Concernant les faits scientifiques, personne ne discute et les Sages du Talmud ont plusieurs fois admis que les nations du monde avaient raison sans tergiverser sur les faits4 (la Torah étant la définition spirituelle du monde et non matérielle, elle a n’a jamais eu de mal à reconnaître la sagesse des nations concernant leur savoir scientifique).

Quant aux théories scientifiques, si elles ne s’opposent pas à nos fondamentaux dont l’origine est divine, nous n’avons non plus de mal à les accepter. Néanmoins, concernant les croyances des scientifiques, elles n’ont pas plus de valeur à nos yeux que toute autre croyance.

Maxime : Vous dites donc que la théorie de l’évolution spontanée est une croyance scientifique ?

Le Rav : La théorie de l’évolution signifie que la création de la matière serait le fruit du hasard. De plus, les tenants de cette théorie ignorent la provenance des matières premières capables de former le moindre atome (indépendamment de sa complexité intelligente) ; sur ce point, les scientifiques n’ont aucune preuve, ils n’ont que des suppositions sur un passé lointain dont ils tentent de définir l’origine. Cela n’exclut pas que D.ieu ait choisi de former l’Univers selon un procédé graduel dont Il est le seul Maître. Cependant, la théorie matérialiste qui prête au hasard le génie divin est une pure spéculation et n’a rien de scientifique…

Maxime : J’ai quand même du mal à croire que des gens aussi brillants se fourvoient à ce point-là…

Le Rav : Écoutons-les alors, tu jugeras par toi-même.

Le professeur George Wald, prix Nobel de biologie, déclara un jour : « La machine la plus sophistiquée qu’un homme ait jamais créé, par exemple l’intelligence artificielle, est comparable à un jeu d’enfant face à l’organisme le plus simpliste du corps humain. L’homme n’a qu’à considérer la tâche incommensurable que représente le corps humain pour comprendre que la création d’une seule cellule par le hasard est tout bonnement impossible. Malgré cela, nous sommes là par le résultat - je le crois - d’une évolution aléatoire. »5

Ou encore le prix Nobel Harold Huri, de l’université de Californie, qui déclarait : « Chaque chercheur qui enquête sur les origines de la vie trouve - plus il approfondit le sujet - qu’il est trop complexe pour qu’il soit le fruit d’une évolution spontanée et, malgré tout, nous nous rangeons à la foi de croire que la vie dans cette galaxie est le fruit de l’évolution de la matière morte… »6

Le professeur August Weisman, un des pionniers de la génétique moderne, va dans le même sens lorsqu’il dit : « Bien que nous ne pourrons jamais créer de nouvelles espèces en laboratoire, nous devons accepter le point de vue selon lequel la vie est le fruit du hasard, car seule cette optique nous donne des solutions sans avoir besoin de passer par une force surnaturelle. »7

Cela suffit pour nous faire comprendre que ces grands hommes de la science ont eux aussi leurs croyances. Et nous ne sommes absolument pas tenus d’y prêter attention du moment qu’elles n’ont aucun fondement scientifique.

Maxime : Pourquoi ces hommes-là ne se rendent-ils pas à l’évidence - qu’ils admettent eux-mêmes - un Univers complexe qui témoigne d’un Créateur ?

Le Rav : Cela est sûrement dû à plusieurs raisons, notamment la guerre que l’Eglise mena contre la communauté scientifique dans les temps passées où elle discrédita la religion, la relayant au rang d’archaïsme. Cela n’aurait jamais eu lieu avec la Torah où les textes sont remplis de données scientifiques et astronomiques en tous genres. Le Rambam lui-même conseillait d’étudier l’astronomie et la physique pour comprendre les voies de la providence divine..8

Ajoute à cela que les bas instincts de l’homme l’influencent constamment à croire à ce qu’il veut croire. Et puis, personne ne veut être celui qui lève la main en bout de classe en disant « J’ai une autre opinion que l’opinion générale. » Ceux qui s’y sont essayés, comme le professeur Colin Patterson, en ont subi les foudres de plein fouet.

Après sa conférence au musée d’histoire naturelle américain, alors qu’il émettait certains doutes sur la théorie de Darwin, le professeur Patterson a été harcelé par certains membres de la communauté scientifique. Il écrira plus tard « J’ai traversé l’enfer pendant un an. Tout le monde ou presque s’était dressé contre moi. Certains mont même écrit « Nous essayons de combattre contre une idéologie (celle du créationnisme) et vous donnez des armes au camp adverse … »9

Cependant, de nombreux scientifiques de renommée international tel que Michael J. Behe, Stephen Meyer, ou encore le professeur Gerald Schroeder démontrent, avec l’avènement de la science, que le doute n’est plus possible : la signature de D.ieu est partout dans sa Création.

Maxime : Vous dites que ces gens sont mus par un intérêt, mais les religieux aussi cherchent à se rassurer qu’il y a un après, un monde de l’au-delà …Quelle différence alors ?

Le Rav : Les faits ! Notre foi ne se résume pas à la science, nous savons que D.ieu existe avant elle,et qu’Il poursuivra après elle. Le témoignage oculaire de masse (dénombré en millions) transmis par nos parents de la rencontre avec le divin au pied du mont Sinaï, les prophéties énoncées contre toute logique et réalisées dans leurs moindres détails sont les bases irréfutables de notre foi.

Mais, contrairement à d’autres, sache que notre religion n’est pas une partie de plaisir où le confessionnal lave toutes nos fautes et où la foi en un guide, indépendamment de tous nos travers, nous assure notre part au monde futur. Dans la Torah, l’enjeu est de taille et le risque plus grand que le gain. Les Sages eux-mêmes ont dit qu’il valait mieux pour l’homme de ne pas avoir été créé, car le risque était plus grand que le bénéfice11. Si bien que la foi juive, avec sa multitude de commandements et de punitions, n’est pas une foi qu’on cherche à s’inventer ou se créer de toutes pièces. Le fait que tout un peuple semble se priver de sa liberté pour accepter le joug de la Torah tend à prouver à lui seul que cette résolution est céleste.

 

 

1 Herman Weyl, Annales de Physique n°59, 1919

2 Henri Poincaré, La Valeur de la science (1905)

3 https://www.torah-box.com/etudes-ethique-juive/science-torah/adn-la-signature-de-d-ieu_18633.html

4 Traité Pessahim page 94 11 Traité Erouvin page 13

5 The Origin of Life du Scientific Américan, volume 4 page 46

6 Science Monitor, 4.Janvier 1962

7 Le pouvoir suprême de la sélection naturelle, Pr August F. Léopol, (rapporté aussi par Avraham Korman, Evolution et judaïsme, 1974, Tel-Aviv

8 Maïmonide, Guide des égarés, Introduction et partie 3 :51, 1190.

9 Tom Bethell, Agnostic Evolution, The Taxonomic Case Against Darwin, Harper’s, 2.85 p.51