Jusque-là, nous avons examiné l’interdiction de voler une variété d’individus, y compris des membres de la famille. Quelle est la règle concernant le fait de s’emparer d’objets ou d’argent appartenant à des institutions ou des sociétés ?

La réponse est qu’il n’y a pas de différence dans ces lois entre le vol d’un individu ou d’un grand groupe. Il est interdit de se servir de la nourriture ou d’autres objets d’une institution sans permission. Un exemple fréquent : il est interdit d’emporter des serviettes ou autres objets appartenant aux hôtels lorsqu’on quitte l’hôtel. On pourrait tenir le raisonnement que la perte est minime au point de ne pas affecter l’hôtel, ou que l’hôtel s’attend à ce que les clients emportent de tels objets. Or, à moins de recevoir la permission explicite d’emporter de tels objets, il est interdit de les prendre.

De même, de nombreux hôtels et autres institutions similaires procurent de la nourriture destinée à être consommée sur place, mais ne permettent pas aux clients d’emporter de la nourriture supplémentaire en-dehors de la salle à manger. A moins d’avoir reçu la permission expresse de le faire, cela constitue du vol.

De même, il est interdit de voler un objet appartenant à plusieurs partenaires. C’est vrai même lorsque la perte pour chaque propriétaire est infime. De même, on ne pourra pas voler une société.

Il est également interdit de voler un organisme gouvernemental, comme une entité gouvernementale fédérale, nationale ou locale. Par exemple, on ne pourra mentir sur le nombre de membres de notre institution afin de percevoir des financements supplémentaires de la part du gouvernement. Agir ainsi constitue du vol, ainsi qu’une profanation du Nom de D.ieu (‘Hiloul Hachem), où les gens associent les Juifs à une conduite malhonnête.

Au début de cette série, nous avons défini trois formes de vol : la Guézéla, la Guénéva et le Ochek[2]. Jusqu’à présent, nous avons abordé la forme régulière de vol. Dans les semaines suivantes, nous aborderons le Ochek, que l’on traduit par le fait de tricher vis-à-vis des autres. Par exemple, si l’on refuse de payer quelqu’un qui nous a prêté de l’argent ou qui nous a fourni un service ou de la marchandise.

Ochek n’est pas considéré moins sévèrement que le vol direct d’un objet appartenant à quelqu’un d’autre. Il faut relever qu’Ochek s’applique uniquement lorsque l’individu est en mesure de rembourser la dette ou le prêt, mais refuse de s’exécuter. S’il est simplement incapable de rembourser son ami, il ne transgresse pas alors l’interdit d’Ochek. Mais il devra s’efforcer de rembourser ses dettes aussi vite que possible.[3]

L’interdiction d’Ochek inclut aussi le refus de payer de très petites sommes d’argent. Par exemple, un homme a commandé un objet d’une valeur de 101,5 dollars, mais a envoyé un chèque de 100 dollars, présumant que le propriétaire ne serait pas gêné par cette réduction mineure du paiement. Si le propriétaire n’a pas accepté cette réduction, le client transgresse l’interdit de vol, sous la forme d’Ochek.

Ochek ne se limite pas à un refus direct de payer. Tromper la personne en lui faisant croire qu’il n’y avait pas de dette, ou diminuer la dette constitue du Ochek. De même, duper le propriétaire d’un appartement dans l’espoir qu’il renoncera à courir pour récupérer son argent est totalement prohibé. Par exemple, un locataire doit payer son dernier mois de location après avoir quitté l’appartement, mais il fait tout pour qu’il soit très difficile pour le propriétaire de le localiser. Il refuse de répondre au téléphone, et lorsqu’on le confronte aux faits, il répond qu’il paiera rapidement. En fin de compte, le propriétaire renonce à investir les efforts destinés à recevoir l’argent auquel il a droit. Le locataire a commis la sévère transgression du vol.


[1] Une grande partie du contenu de cet article est extrait de l’ouvrage Halachos of Other People's Money du Rav Yisroel Pinchos Bodner.

[2] Consultez Tu ne voleras point, première partie, pour les définitions de ces termes.

[3] Si la personne endettée doit faire des choix difficiles entre rembourser ses dettes et pourvoir à ses besoins, elle devra consulter un rabbin orthodoxe bien versé dans ces domaines.