L’histoire de Job est sans doute l’une des histoires les plus profondes de la liturgie juive. Le Ramban explique dans l’introduction de son commentaire qu’elle touche au secret de la réincarnation de l’âme (voir également Ramban chapitre 33). Cependant, ce secret est voilé du sens premier du récit et le livre traite essentiellement des démonstrations philosophiques concernant la véracité de la Providence divine. 

Job subit de terribles épreuves et est sujet au doute concernant l’intervention de D.ieu dans le monde. Lui qui autrefois était un modèle de piété voit sa foi vaciller de jour en jour.

Trois de ses amis tentèrent même de le convaincre de regagner les rangs d’une foi intègre mais rien n’y fit, et aucun argument ne trouva grâce à ses yeux. Job continuait à  s’enfoncer vertigineusement dans une obscurité abyssale.

Alors qu’il était en proie au désarroi le plus total, guettant désespérément le moindre signe du Ciel, D.ieu répondit aux tergiversations de Job selon les axiomes de la logique humaine, lui démontrant ainsi qu’il a mal analysé la nature de Sa présence dans le monde. Certains arguments sont empiriques, basés sur l’expérience et l’observation, d’autres sont philosophiques et rationnels. « Où étais-tu lorsque je fondais la terre ? Dis-le, si tu en as quelque connaissance. Qui a fixé ses dimensions, si tu le sais, ou qui a tendu sur elle le cordeau ? Sur quoi sont assis ses piliers… Qui a fermé la mer avec des portes, quand elle sortit jaillissante du sein maternel… As-tu pénétré jusqu'aux sources de la mer, as-tu circulé au fond de l'abîme ? Les portes de la mort se sont-elles dévoilées devant toi ? As-tu vu l'entrée du royaume des ombres ? As-tu mesuré l'immense étendue de la terre ? Dis-le, si tu sais tout cela »  (Job chapitre 38)

Chacun des arguments cités dans le chapitre 38 a pour but de faire admettre à Job que seul D.ieu est l’Auteur d’une telle création et qu’Il est également le garant de son maintien. 

Ces écrits ont pour vocation de nous faire progresser dans notre foi, comme le dit le Talmud : ” les livres dont les prophéties qui furent consignées par écrit servent à toutes les générations ”. (Traité Méguila page 14)

Et nous comprenons bien qu’il soit nécessaire qu’un Créateur soit à l’origine de cette création qui apparut subitement des tréfonds du néant – la fameuse théorie du Big Bang – ou encore qu’un garant assure que les eaux des mers ne submergent le continent et désolent toute forme de vie sur terre, comme le démontre le Rav Yossef Elbo dans son Sefer Haykrim (4ème chapitre). (Voir aussi Baba Batra page 75, les enseignements de Rabba Bar ‘Hanna).

Cependant, un argument reste flou. Celui du verset 22 « Es-tu entré dans les trésors de la neige », Quels trésors la neige renferme-t-elle ?

Alors, il est sûr que la neige à des propriétés salvatrices, elle joue un rôle d'isolant pour la terre par exemple, empêchant le gel des racines, la destruction des insectes nécessaires au bon fonctionnement de l’environnement. Sa couleur blanche renvoie les rayons du soleil, retardant ainsi la fonte capable de fournir l’eau nécessaire aux nouvelles pousses de la plantation sans les noyer etc.

Mais y a-t-il quelque chose de plus dans la neige ? Quelque chose qui justifia que D.ieu mette cet argument en avant pour justifier Sa main providentielle ?

Un miracle nommé flocon !

Avez-vous déjà observé la forme d’un flocon de neige ?

Le flocon de neige ressemble à une sorte d’étoile de cristal à six branches incroyablement symétriques comme s’il était l’œuvre d’un géomètre de génie.

L’étonnant dans tout cela, c’est que tous les flocons de neiges ont invariablement  le même nombre de branches - 6 précisément, jamais 5 ni 7 -, et  sont très différents les uns des autres, pourtant ils se forment tous dans le tourbillonnement chaotique d’un nuage en mouvement.

Au 19e siècle, le chercheur-photographe Wilson A. Bentley, qui voua littéralement sa vie à l’observation des flocons de neige, révéla l’œuvre de ses 40 ans d’investigation acharnée à la traque de ce qu’il appela « le miracle ». Il mit au grand jour 5000 diapositives de flocons de neige. Tous hexagonaux et tous différents…

Comment cela est-il possible ? 

Qui forme donc les courbes droites et les lignes parfaites de cette somptueuse sculpture? Qui garantit que ses branches restent inéluctablement au nombre de 6 alors qu’aucun d’entre eux ne se ressemble, et ce durant des milliers d’années ?

Au 17e siècle déjà, le célèbre astronome allemand Keller se posait les mêmes questions « Pourquoi est- ce que les flocons de neiges tombent toujours avec six pointes, pas cinq, ni sept ? » (The Six Cornered Snowflake : A New Year’s Grift, Paul Dry Books, Philadelphie, 2010)     

Qui donc est à l’origine de cette merveille ? Le hasard peut-être ?

Vérifions.

Chaque cristal de neige contient à peu près un milliard de milliard de molécules d’eau. Donc, imaginez  la somme des arrangements possibles de ses molécules entre elles pour former fortuitement une seule étoile hexagonale. Cela correspondrait à un chiffre si vertigineux qu’on en perdrait la tête.

Juste pour se faire une petite idée : prenons votre bibliothèque de salon pour l’expérience dans laquelle vous avez une quinzaine de livres : des rouges, des bleus, des verts etc. et vous vous amusez à essayer de les arranger de toutes les manières possibles. Le rouge à gauche, puis à droite et vice versa. Savez-vous combien d’arrangements son possible pour ces quinze livres ? Plus de deux milliards ! 

Si bien que concernant nos chers flocons de neige, le nombre de combinaisons possibles pour agencer au hasard le milliard de milliard de molécules d’eau dans un seul cristal dépasse tout bonnement le nombre de cristaux ayant existé depuis les origines de la création… Le hasard n’est donc manifestement pas l’Auteur de cette merveille.

D’ailleurs, cet étrange phénomène n’a toujours pas d’explication rationnelle et encore moins scientifique. Vous savez comment on appelle ça ? Un miracle tout simplement !

Le message des flocons de neige

C’est le sens de l’argument de D.ieu à Job « Es-tu entré dans les trésors de la neige » et le Métsoudat David (Rabbi David Leib) d’expliquer sur place «  as-tu approfondi les  trésors de la neige afin d’en comprendre ses secrets ? »

Quelle est le sens de ce message ?

La logique est claire : lorsqu’un homme observe sincèrement le monde qui l’entoure, il ne peut rester insensible face à l’ordre et au design qui composent l’univers. Si sa recherche est authentique et sans parti pris, il ne lui sera pas difficile de reconnaître dans la création la marque de son Créateur. C’est aussi l’un des enseignements de Rabbi Akiva qui disait « De même que l’habit témoigne du couturier, et que la maison témoigne de l’architecte,  le monde témoigne qu’il est l’œuvre du Saint Béni soit-Il » (Midrach Térouma chapitre 5).

Mais le chemin de l’homme ne doit pas s’arrêter là. Une fois convaincu que ce monde ne peut absolument pas être le fruit du hasard, sa quête doit continuer à la recherche de l’identité du Créateur : quel est son nom ? Qui est-Il ? Que veut-Il ?

Pour cela il devra découvrir l’identité du Créateur dans l’écrit qu’Il attribua à l’Humanité : la Torah.

Chalom Guenoun