Question reçue de Jonathan B.

Chalom Rav,

Tout d'abord, un grand merci pour ce livre, le Guide de la Téchouva, qui m'est d'une aide précieuse. J'ai une question par rapport au chapitre « Parnassa : gagner sa vie ». A la fin du chapitre, page 142, vous dites : « Les Baalé Téchouva sont malgré tout invités à éclaircir eux-mêmes le sujet auprès des Maîtres de la génération plutôt que de s'appuyer sur des raisonnements, des rumeurs ou l'avis des autres... » Je vous présente mon cas : grâce à D.ieu, j'ai fait Téchouva il y a 1 an et demi.

Aujourd’hui, il me reste 2 ans d’études en France. L'été dernier, j’étais dans une Yéchiva pour Baalé Téchouva. J’ai demandé à un Rav si je devais continuer ou arrêter mes études, et il m'a dit de continuer. Seulement, je n'ai pas été voir un Maître de la génération, et aujourd'hui, ça me dérange… Même si au fond de moi, je pense qu'il est préférable que je finisse mes études. Alors est-ce que ce passage me concerne ? Qu'en pensez-vous ? Merci beaucoup !

Réponse du Rav Daniel Scemama

Chalom Jonathan,

Tout d'abord, je tiens à te féliciter pour ton courage et pour l'honnêteté de ta démarche. Même après avoir posé à un Rav ta question - lourde de conséquences - tu tiens à savoir si cette réponse correspond à l'avis des Maîtres de la génération.

Pour t'aiguiller dans ta démarche, il aurait été nécessaire de préciser les raisons pour lesquelles tu penses qu'il faudrait (peut-être) arrêter tes études. Nous allons proposer les différents cas auxquels un étudiant qui fait Téchouva peut être confronté. La réponse, bien entendu, différera selon les cas.

1) Si l'étude dans laquelle on s'est engagé est problématique au point de vue de la Halakha (loi juive) : par exemple, la philosophie (les textes étudiés peuvent éloigner le juif de sa foi), certaines écoles d'art (peindre de la nudité), certaines écoles de cuisine (où il est nécessaire de goûter des mets non Cachères), où encore des écoles ou le Chabbath devra obligatoirement être transgressé.


Dans tous ces cas, en effet, il est nécessaire de prendre conseil auprès d'une grande autorité car a priori, il n'y a pas de permission, et seul un grand Maître, en fonction des détails présentés, peut envisager une solution a posteriori. Mais il est évident qu’a priori, il est interdit de commencer ce genre d'études.

2) Parfois, les études en soi ne sont pas un problème, mais l'ambiance relâchée dans les mœurs qui règnent dans les classes mixtes mettent à l'épreuve l'étudiant juif. Il sera important de prendre conseil auprès d'un grand Rav (si possible qui nous connaît), car tout dépend de chacun et du lieu spécifique dans lequel se déroulent ces études.

3) Problème parallèle : le Baal Téchouva ne peut entreprendre ses études qu'en dormant dans un campus universitaire qui l'éloigne de toute Kédoucha, sans parler des problèmes de Cacheroute et du Chabbath. Il est primordial de prendre conseil auprès d'un grand Rav, spécialiste aussi dans la Halakha.

4) Dans un cas de figure où on se demande s’il est préférable de finir ses études ou de les arrêter afin d'aller en Yéchiva, la démarche conseillée en général est d'abord de terminer ses études et ensuite de se consacrer à l'étude de la Torah (voir à ce propos l'encadré dans le Guide de la Téchouva, page 142).

Si on n’a pas encore commencé ses études, il est fortement conseillé de consacrer 1 à 2 ans à l'étude de la Torah dans une Yéchiva pour se construire.

5) Tu mentionnes que tu as profité de tes vacances pour aller étudier la Torah dans une Yéchiva. C'est une très bonne initiative.

Le Steïpeler (le père du Rav ‘Haïm Kanievsky) conseillait à chacun qui quittait la Yéchiva pour entreprendre des études profanes de consacrer chaque jour un moment à l'étude de la Torah (si possible 2 heures), de prier en communauté, de se tremper régulièrement au Mikvé, de profiter de Chabbath et des fêtes pour reprendre des forces spirituelles, et d'étudier régulièrement des livres de Moussar et de ‘Hassidout (Kariena Deygra I p:67).

6) Enfin, tu relèves un détail qui a son importance : ton propre jugement ! (« Même si au fond de moi, je pense… »)

On ne peut se baser uniquement sur son impression, mais il est nécessaire de la mentionner lorsqu’on prend conseil auprès d'un Rav, car chacun ressent au fond de lui combien il est capable de gérer une situation face à certains défis.

Kol Touv !

Rav Daniel Scemama a relu et commenté le livre "Guide de la Téchouva", un ouvrage vite devenu référence pour ceux qui sont entrés dans le monde de la Torah.