C’est le goûter. Tu coupes des parts de gâteau pour tes enfants. Sur le plat, il reste un morceau. Quatre paires d’yeux le convoitent. Le plus agile s’en empare, sans autre forme de procès, et la dépose tranquillement dans son assiette.

Le plus petit éclate en sanglots et tu te dépêches de régler le différend : « David, tu es déjà grand, tu peux t’en passer ! »

Les enfants se lèvent pour se dégourdir.

Le nouveau jeu de société est alléchant, chacun des enfants le désire ardemment. Tu espères que ton aînée de huit ans va céder à son petit frère âgé de quatre ans.

Tu déclares la devise de ton foyer : « Celui qui cède de bon cœur est de plus grande valeur ! »

Elle finit par céder, tu lui souris : « Tu es vraiment mûre, tu sais déjà vivre en harmonie avec les autres ! » tout en remettant le jouet au plus petit.

Dans ce tohu-bohu, ton mari entre.

-      « Les Alezra attendent une réponse, ils se sont encore adressés à moi ! Tu sais de quoi il s’agit ! Ils désirent construire un balcon qui va obscurcir la chambre de nos enfants.

Pour eux qui ont une maison aussi petite qu’un vrai mouchoir de poche, c’est une belle porte de sortie ! Mais qu’adviendra-t-il de la chambre de nos enfants ? »

Tu lui réponds avec un petit énervement dans la voix :

-      « Je pense que ce n’est pas le bon moment ! Tu sais ce qu’implique une chambre obscure : il faut allumer la lumière tout le temps. De plus, la chaleur du soleil ne pénètrera pas dans la chambre des enfants et elle restera constamment froide. Il n’en est pas question ! »

Ton discours résonne. Les belles devises de ton foyer demeurent en suspens et deviennent lettre morte.

N’es-tu pas assez mûre pour céder à autrui ?

Combien méritons-nous dans la vie ?

« Je mérite le meilleur poste, je suis l’une des plus anciennes employées de la compagnie. Cela fait si longtemps que j’attends pour être promue. Mais voilà qu’une autre me prend tout bonnement la place !

Tu te révoltes contre cette injustice, tu tentes par tous les moyens de rétablir l’ordre. Pour ce faire, tu te permets de médire, de colporter, de faire honte et de gâcher l’atmosphère du bureau…

As-tu pensé à te retenir et à abandonner ton combat ?

Il est vrai que l’on t’a blessée, que l’on a bafoué ton respect et que ta position est des plus précaires, mais malgré tout… »

Céder, c’est faire preuve de grandeur ! Du matin au soir, tu enseignes à tes enfants des beaux principes. Peux-tu toi aussi les mettre en application ?