La Torah n'a pas attendu madame Françoise Dolto, la psychanalyste la plus médiatique du XX° siècle, pour nous faire réaliser que "tout est langage". En effet, depuis la nuit des temps, elle nous renseigne à la moindre occasion, sur l'essence même de la parole et de sa fonction première : faire exister l'autre et le reconnaître dans son droit à la différence.

Cependant, l'habitude s'installant au fil des années de vie commune, les murailles protectrices de la cellule familiale - et plus particulièrement celles du couple - s'avèrent parfois poreuses aux paroles blessantes et anxiogènes.

Il n'est pas rare de constater que la romance des débuts - qui fait ressortir le meilleur de chacun - puisse faire place ensuite à une vie conjugale de souffrance et d'incompréhensions, à de scènes de ménage qui font montre de l'inacceptable.

Sortis brutalement de leur aveuglement sur leur rêve de compatibilité, nombre de couples qui désespèrent de mettre un terme à la douleur et à la désillusion, de la perte du lien et de sentiments, divorcent ou se retrouvent avec des vies parallèles, sans aucune connexion.

Force est de croire que le mariage est une entreprise qui ne demande pas moins de travail et de sacrifices, que ceux nécessaires pour bâtir un empire financier. 

Alors que dans le monde des affaires, on pare presqu'instinctivement son visage de "masques" en vue de se protéger d'agressions extérieures et déstabilisantes, dans la relation de couple, en revanche, il importe de les faire tomber afin de renouer avec son véritable Moi et rencontrer celui de l'autre.

Si nombreux sont les couples qui prétendent se connaître parfaitement, à tort ou à raison, ils ont cependant un mal fou à croire à un changement radical, voire même partiel de leur relation, après tant d'événements difficiles vécus en commun, au gré du temps qui passe et qui ne répare rien.

Quand des conjoints décident un jour de pousser la porte d'un thérapeute, pour un véritable travail d'accompagnement, l'étonnement est souvent de mise. De par une écoute neutre, empathique et professionnelle, ce dernier parvient à favoriser progressivement, via des outils efficaces et reconnus, une bien meilleure connaissance de soi.

En effet, celle-ci est d'autant plus essentielle qu'elle permet d'accepter et de comprendre les dysfonctionnements conjugaux, qui sont nécessairement à mettre en lien avec l'histoire de vie personnelle héritée. Le couple revoit alors très souvent son approche des difficultés rencontrées, en privilégiant la compréhension sur la critique.

Apprendre ou réapprendre à croire en l'autre et en sa capacité de faire parfois renaître de leurs cendres des sentiments disparus ou étouffés, reste du domaine du possible, dès lors que les partenaires de vie deviennent partie prenante d'un travail de construction personnelle et de couple.

Ce processus est le reflet de ce que la Torah nous recommande à chaque instant. Le travail des midot - traits de caractère - constitue sa trame et est à la racine de tout service divin que l'homme se doit d'entreprendre tant au niveau de sa relation verticale qu'horizontale.

La pratique thérapeutique ne peut s'affranchir d'une approche bienveillante, neutre et objective  pour opérer un changement significatif sur le couple. La Torah écrite et orale regorgent de lois et de principes propres au langage qui n'ont qu'un seul et unique objectif : assainir les relations interpersonnelles.

Il est fondamental de comprendre par exemple qu'en matière de communication, un homme doit pouvoir rester en accord avec son épouse, malgré les désaccords. 

Ce qui importe, c'est de garder le lien et non pas d'avoir raison. 

Les experts en communication affirment qu'un message reçu par tout interlocuteur est constitué pour 55%, de visuel, 38% de vocal et 7% de verbal seulement. Ce qui revient à dire aussi que ce n'est pas tant ce que l'on dit qui impacte dans notre relation à l'autre mais la manière dont on s'exprime.

Les couples en crise, pour la plupart, pratiquent le "monologue parallèle" : chacun parle, personne n'écoute vraiment. La culture occidentale valorise celui qui parle. Les cercles de débats envahissent notre société et l'on complimente ceux qui sont capables de prendre la parole avec clarté et persuasion. La majorité de ceux qui obtiennent des promotions dans la vie s'expriment bien.

""Ecoute" Israël, Hachem est notre D-ieu, Hachem est Un" est la profession de foi que la Torah nous invite à proclamer quotidiennement et à maintes reprises et ce, jusqu'à l'ultime moment de notre vie sur terre. Elle est une exhortation à écouter, c'est à dire à comprendre et à conscientiser. 

On oublie parfois trop souvent cette règle majeure qui ennoblit la communication au sein du couple : quand l'un parle, l'autre doit sincèrement être à l'écoute afin d'éviter toute lutte de pouvoir et permettre à l'émetteur de prendre le temps d'exprimer sa vision des choses, propre à son système de référence - différence du genre oblige -  ainsi que les émotions  qui l'accompagnent.

Concrètement, il est judicieux de commencer à partager sur ce que l'on apprécie chez l'autre. Donner de l'appréciation est fondamental et le préalable à un cadre de sécurité psychologique et émotionnel.

Le tout est de parler avec bienveillance en se rappelant que l'autre est un miroir. Remodeler ou parfaire son mode de communication est partie intégrante d'une construction personnelle et améliore exponentiellement la relation à deux. Pour ce faire, il est nécessaire de développer avant tout une écoute empathique et d'exprimer le plus régulièrement possible le bien-fondé de la divergence d'opinions et de souligner la pertinence de ces dernières.

En somme, restaurer le dialogue consiste à mettre du divin dans sa vie en redonnant à la parole, ses lettres de noblesse.

Alors ? Torah et thérapie... compatibles ou pas selon vous ?