C’est l’histoire d’un homme très soucieux venu consulter son Rabbi pour obtenir ses conseils. « Rebbe, s’écria-t-il, j’ai des problèmes de Parnassa. Yankel a ouvert le même magasin que le mien au bout de la rue et son affaire prospère, tandis que la mienne chute. »

Le Rebbe le fixa du regard et répondit : « Je crois que le problème est que tu as trop de magasins et tu ne peux te concentrer sur celui que tu gères. »

« Rebbe, protesta notre homme, comment pouvez-vous me dire ça ? Je n’ai aucune autre affaire que mon petit magasin. »

« Alors pourquoi observes-tu le magasin de Yankel ? Contente-toi de te concentrer sur le tien, fais le maximum, et avec l’aide de D.ieu, tu vas réussir », répondit le Rebbe.

Plutôt que de nous concentrer sur nos propres bénédictions, nous sommes toujours à l’affût de celles des autres. Nous n’apprécions pas ce que nous avons. Nous sommes obsédés par l’idée que les autres possèdent plus. Pour le dire simplement, nous sommes jaloux.

Chacun d’entre nous est fait sur mesure par notre Père céleste. Chacun d’entre nous s’est vu confier une mission unique, mais nous ne voyons que celle de l’autre. Nous nous convainquons que leur sort est plus enviable que le nôtre. C’est seulement lorsque nous perdons ce que nous possédons que nous prenons conscience de la valeur de nos possessions.

Un virus mortel nous a tous infectés - à divers degrés -, mais ce virus est bien présent. Les experts l’ont identifié comme le « syndrome de la jalousie ». Une fois que vous y succombez, s’en remettre est difficile - mais c’est possible, si vous y travaillez vraiment. Pour illustrer à quel point ce virus est dangereux et futile, voici une petite histoire.

Un homme descend de l’avion et se hâte vers la zone où l’on récupère les bagages. Il repère sa valise minable avancer sur le tapis roulant. Une pensée étrange lui vient alors à l’esprit : « Tiens, je vais prendre une autre valise, elle a l’air bien mieux que la mienne. Personne n’y fera attention. »

Lorsqu’il rentre à la maison, il ouvre la valise, tout excité, et découvre d’élégants costumes sur mesure. Pendant un bref instant, il est dans un état d’élévation. Mais il rencontre un problème majeur. Aucun des costumes ne lui va. « J’ai perdu ma propre valise, crie-t-il, et je n’ai rien à porter maintenant. Comment ai-je pu être si idiot ? »

Ces histoires me sont venues à l’esprit face à la parodie qui se joue sur le lieu le plus saint du peuple juif : le Kotel, notre Mur sacré. Un groupe nommé « Les femmes du mur » s’y rend pour mettre le Talith et les Téfilines, refusant de comprendre ou d’accepter que ces objets ont été conçus uniquement par D.ieu pour les hommes. Elles refusent de réaliser qu’elles ont l’air ridicule en tentant d’être ce qu’elles ne sont pas. Elles ont la mauvaise valise remplie de costumes qui ne sont pas à leur taille, mais insistent tout de même pour les porter. Plus tragique, elles sont insensibles au fait qu’elles offensent les commandements divins et déforment la conception de D.ieu.

Bien entendu, ces femmes prétendent ne chercher que « l’égalité » et affirment que « des religieux fanatiques orthodoxes nous dénient nos droits. »

J’aimerais demander à ces femmes : « Agissez-vous Léchem Chamayim - en faveur de D.ieu - ou avez-vous d’autres idées derrière la tête ? Etes-vous réellement Chomer Chabbath ? Et adhérez-vous à tous les autres nombreux commandements ? »

D’autres questions : « Pourquoi ne tentez-vous pas d’inspirer vos maris, fils et amis masculins à se joindre à vous et à porter leur Talith et Téfilines comme D.ieu l’a ordonné ? De plus, si c’est le D.ieu que vous servez, pourquoi ne saisissez-vous pas la brillante couronne conçue par D.ieu spécifiquement pour les femmes juives ? »

Je me souviens des prémices du mouvement féministe, où il devint à la mode de renoncer au mariage pour se consacrer à une carrière. Des femmes se sentaient diminuées et même outrées lorsqu’on les identifiait par les noms ou professions de leurs maris. Elles voulaient être des femmes avec leur pouvoir propre. Elles voulaient être respectées pour leurs propres accomplissements. Ces idéaux étaient si présents qu’ils ont également envahi notre communauté juive orthodoxe.

J’ai été l’une des premières à écrire une rubrique dans le Jewish Press. Mon mari bien-aimé, le Rav Méchoulem Halévi Jungreis, et moi étions de jeunes mariés passant un été à enseigner dans un hôtel dans la région des Catskills. Nous avions le privilège d’être assis à la même table que le Rav et la Rabbanite Chlomo Klass, de mémoire bénie. Lors d’un de ces repas, mon mari suggéra à Rav Klass que j’écrive une rubrique pour le journal.

« De quel thème pourriez-vous parler ? », me demanda le Rav Klass. Avant que je puisse répondre, mon mari intervint : « Mon épouse est une experte pour aider et guider les gens. »

« Comment appelleriez-vous la rubrique ? », s’enquit Rabbi Klass. Sans même y réfléchir, je répondis : « Le point de vue de la Rabbanite ». Alors, tout ceci a eu lieu quelques années avant que le mouvement féministe (ou la libération des femmes, comme on l’appelait) n’explose vraiment, mais le manque de satisfaction du rôle traditionnel des femmes avait déjà commencé à s’infiltrer, en particulier parmi la classe moyenne supérieure, chez les femmes éduquées à l’université.

Même de nombreuses Rabbaniot se sentaient compromises par le titre de Rabbanite, en protestant qu’elles avaient leur propre identité - qui ne venait pas de leurs maris. Je voulais inverser la tendance. Je voulais que les petites filles regardent les Rabbaniot avec admiration. Tout comme elles jouaient à la maîtresse, à l’infirmière, etc., je voulais qu’elles jouent également à la Rabbanite.

Mon histoire de Rabbanite a été réduite à l’insignifiance lorsque vous considérez les nombreuses autres répercussions du mouvement de libération des femmes. Je ne peux pas compter le nombre de femmes à la fin de la quarantaine ou la cinquantaine venues me trouver ces trente derrières années avec les larmes aux yeux et en me confiant leur fardeau :

« Lorsque j’aurais pu me marier et avoir des enfants, j’y ai renoncé pour être avocate (ou médecin, ou banquier d’affaires, etc.). Et maintenant, j’aspire à avoir un mari, des enfants et une vraie famille juive. Rabbanite, pensez-vous que j’aie encore une chance ? » 

Mais en dépit de tous les problèmes engendrés par le féminisme - des foyers brisés, des projets de mariage ratés, la confusion, et des sentiments amers chez hommes et femmes -, les idées qui ont animé ce mouvement sont bien vivantes, seulement elles s’affirment sous la bannière d’« égalité religieuse ». Et l’un des champs de bataille est notre saint Kotel, créant un très laid ‘Hiloul Hachem, une profanation du Nom de D.ieu.

Il est vrai qu’il y a toujours eu des groupes rebelles qui ont choisi de profaner notre Torah et nos Mitsvot. Mais le faire intentionnellement, avec malveillance, devant le Mur est différent. Dès le moment où des soldats israéliens ont libéré ce lieu saint, les Juifs ont commencé à y affluer en grande nombre, avec respect et crainte. Il a toujours été entendu que lorsqu’on se rend au Mur, on le fait avec le plus grand respect. Même les plus assimilés d’entre nous y étaient sensibles.

Des visiteurs qui se rendent au Vatican ou d’autres sites religieux respectent les traditions qui y règnent. Alors comment est-il possible que le peuple juif, qui a aspiré pendant près de 2000 ans à prier au Kotel, assiste à des scènes de femmes qui bataillent et se révoltent ? Malheureusement, il y a davantage. Cette attitude a eu pour conséquence de vilaines luttes intestines, des mots et une conduite odieuse, des choses que les médias adorent, mais que notre Père céleste méprise. Lorsque des Juifs se tournent les uns contre les autres, ils mettent en péril leur propre existence, car rien n’est plus abject aux yeux de D.ieu que de voir la haine et le vice diviser Ses enfants.

Quelle est l’arrière-pensée qui a été à l’origine de tout ça ? Ce n’est sûrement pas le simple droit de prier avec le Talith et les Téfilines, car, si c’était le cas, ces femmes pourraient aisément trouver des endroits pour le faire discrètement. Si l’intention cachée de ces protestations est la détermination à réduire à néant le bastion de Torah dans notre terre sainte, cette entreprise est vouée à l’échec. Notre héritage est éternel. Mais une telle division et une profanation peuvent résulter, que D.ieu préserve, en des conséquences tragiques pour notre peuple et notre terre.