Jérusalem est considérée comme la plus belle ville du monde, comme nous l’enseigne le Talmud : “Dix mesures de beauté furent données au monde. Neuf furent prises par Jérusalem et une fut répartie sur le reste de la terre” (Kidouchin 49 b). Mais elle tient surtout une place particulière dans notre coeur et dans notre histoire. Découvrons 5 choses essentielles qui se cachent derrière cette ville sacrée si spéciale...

1. Etymologie et signification du mot “Jérusalem”

Ville de paix

Le mot Jérusalem (en hébreu Yérouchalaïm), est une compression des mots Yira et Chalem, qui ensemble signifient “vision de paix”. Sur le mont du Temple, au moment du sacrifice d’Its’hak, un ange envoyé par D.ieu empêcha Avraham de sacrifier son fils. Alors empli d’une grande reconnaissance envers Hachem, Avraham nomma ce lieu “D.ieu verra” (Yiré signifie “verra”). Mais auparavant, cet endroit s’appelait “Chalem”, en référence au roi de Chalem qui dans le passé, avait accueilli Avraham après qu’il eut sauvé Lot, son neveu.

Le Midrach nous enseigne que D.ieu ne voulut pas nommer ce lieu ni “Yiré” (pour ne pas que Chalem se plaigne), ni “Chalem” (pour ne pas mécontenter Avraham). Il décida alors de le nommer “Yérouchalaïm” pour que “Yiré” et “Chalem” soient tous deux inclus dans le nom ! “Chalem” a la même racine que le mot “Chalom” qui signifie la paix ; la ville est ainsi le symbole éternel de cette “vision de paix”.

À un niveau plus profond, Yiré Chalem possède aussi un autre sens, celui d’une “crainte parfaite”. Et il est vrai que c’est à Jérusalem, plus que partout ailleurs, que nous ressentons ce lien si fort avec Hachem, Sa présence sur terre, et donc l’état de crainte le plus grand…

Les deux Jérusalem

Le nom “Yerouchalaïm” signifie également “deux Jérusalem”, car la terminaison “aïm” en hébreu indique un pluriel double. De la même façon que “Yadaïm” signifie “deux mains”, “Oznaïm” “deux oreilles”, nos Sages nous enseignent qu’il existe deux Jérusalem : une Jérusalem “céleste” et une Jérusalem “terrestre” ; or D.ieu ne pénétrera pas dans la Jérusalem d’en-haut, avant de pénétrer dans celle d’en-bas...

Comme nous dit le Talmud (traité Ta'anit 5a) : “J’attends que Jérusalem d’en-bas soit construite pour que Je puisse y accéder, que Je puisse y trouver Ma place, pour pouvoir entrer et occuper Jérusalem d’en-haut.”

En d’autres termes, la construction de Jérusalem permet de faire apparaître un idéal Divin, céleste, qui offrira la possibilité d’une rencontre entre les cieux et la terre, entre le rêve et la réalité, entre le Divin et l’humain, le spirituel et le matériel. Mais pour que les idéaux Divins les plus élevés et sublimes puissent se révéler, il faut préparer sur terre notre ville si sacrée.

2. Un lieu sacré

C’est au cœur de Jérusalem que se trouve l’endroit sacré où le Beth Hamikdach fut construit : l’esplanade du Temple. Le Rambam nous enseigne (dans Michné Torah) que c’est un lieu d’une immense sainteté qui a le pouvoir d’irradier sur l’ensemble de Jérusalem !

Depuis la destruction du Temple, il n’en subsiste qu’un seul vestige : le Mur Occidental, le Kotel Hamaaravi, construit à l'époque des travaux de rénovation du Mont du Temple qu’il entoure, ordonnés par Hérode. Ce mur porte aussi le nom de “Mur des lamentations” car le peuple juif s’y rend et déverse son cœur devant Hachem. Ce lieu rassemble des Juifs venant du monde entier, quel que soit leur degré d’attachement à D.ieu et ce, à toute heure du jour et de la nuit. Et si nous ressentons quelque chose de si spécial à chaque fois, c’est parce que, comme l’enseignent nos Sages, la Présence divine n’a jamais quitté ce Mur !

Selon Maïmonide, depuis la création de l’homme, cet endroit est le lieu de “rendez-vous de D.ieu avec l’homme et de l’homme avec D.ieu”. Jérusalem porte ainsi en elle la tradition des rendez-vous les plus importants de l’histoire du Créateur avec Sa création...

À part la construction du Temple (par le roi Salomon, qui reçut en héritage tous les plans de son père David, qui lui-même avait acquis l’emplacement du roi de Jébuse), de nombreux évènements importants s’y sont déroulés : le sacrifice d’Its’hak, celui que Noa’h offrit à D.ieu pour l’avoir épargné du Déluge, ceux offerts par Caïn et Hével pour remercier Hachem de les avoir fait naître, et celui d’Adam pour remercier D.ieu de l’avoir créé. Car nos Sages nous enseignent que c’est à partir de cet emplacement qu’Adam, le premier homme, fut créé !

Cette esplanade représente ainsi, à elle seule, toute l’histoire de l’homme, depuis sa création, jusqu’à son aboutissement...

3. Un point de rencontre et de rassemblement

Le Beth Hamikdach constitue le point de rencontre de Jérusalem. À l’époque de Moché Rabbénou, le Beth Hamikdach s’appelait “la tente du rendez-vous”, (le Ohel Moèd, Moèd provenant de Léhivaèd, se rencontrer), tel un point de rassemblement. Les Juifs de Jérusalem et du monde devaient s’y rendre en pèlerinage au moment de Pessa’h, Chavou'ot et Souccot. Ces rassemblements consolidaient l'unité du peuple. Le service de D.ieu et la sainteté omniprésente renforçaient les participants moralement et religieusement.

Quand Ya'akov dut se sauver de son frère Essav, il s’endormit puis se réveilla en affirmant que dans son rêve, il avait vu que c’était là, à Jérusalem, que se trouvait la porte des Cieux : “La maison de D.ieu est dans cet endroit !”

Il avait en effet constaté qu’en arrivant à cet endroit, un lien direct avec le Divin s’était établi. La porte du ciel est une porte ouverte vers Celui qui entend nos prières. Le monde céleste est séparé du monde terrestre mais à Jérusalem, il n’existe aucune séparation !

4. Une ville convoitée par tous

L’homme est toujours attiré par ses origines, et lorsque l’on cherche ses racines, son identité, on vient les chercher ici, à Jérusalem. C’est pour cette raison qu’à travers toute l’Histoire, on retrouve une lutte constante pour conquérir cette ville unique et sacrée. En 636 avec la conquête arabo-musulmane, en 1099 avec la première Croisade occidentale, en 1187 avec la reconquête de Jérusalem par le sultan Ayoubide Saladin et en 1516 par les Turcs ottomans. Certains veulent la conquérir pour s’y installer, d’autres pour l’établir en tant que capitale, unique “centre du monde”.

Ceci explique pourquoi, à chaque fois que le Temple fut construit, des empires le détruisirent (les Babyloniens, les Romains).

Aujourd’hui nous revenons sur la terre que D.ieu nous a promise et offerte, comme il est écrit : “Vous avez assez demeuré dans cette montagne, partez… Vois, Je vous ai livré ce pays, allez et prenez possession du pays qu’Hachem a juré à vos ancêtres” (Dévarim 1,6-8). Yéhochoua dit aux enfants d'Israël :"Jusqu'à quand allez-vous vous montrer impassibles quant à votre prise en possession du pays que vous a donné Hachem, le D.ieu de vos ancêtres ?” (Yéhochoua 18,3). Le Rambam et le Rachbats nous enseignent que c’est une grande Mitsva, pour chaque Juif, d’habiter en Israël. Et nos Sages nous enseignent même que cette Mitsva équivaut à toutes les autres Mitsvot de la Torah ! (Sifri Réé 28).

5. La ville au cœur de la fin des temps !

De nos jours, nous constatons que le monde entier afflue à Jérusalem. Il y a un engouement commun pour cette recherche vraie, extraordinaire. Il est intéressant de rappeler que Jérusalem s’appelle “ville de la vérité”. De tous temps, on a pu y trouver des hommes capables de faire accéder les autres à la sainteté, mais aussi des Prophètes (Zékharia, Malakhi), des Sages (Rabbi Ben Tsion Yadler, Rabbi ‘Haïm Yossef David Azoulay, Rabbi Eliahou David Teomim), des pèlerins, etc.

Jamais Jérusalem ne fut oubliée par la conscience humaine. Il y a des villes, des capitales dont tout le monde ignore l’existence, mais dans la conscience collective, à l’échelle mondiale, Jérusalem a sa place. Depuis que le peuple d’Israël est revenu sur sa terre, le monde comprend que le véritable enjeu de ce retour est la réapparition de la présence de D.ieu sur terre et que plus Jérusalem sera construite, plus cette Présence sera évidente.

“Réjouis-toi fort, fille de Sion, jubile, fille de Jérusalem ! Voici que ton roi vient à toi juste et victorieux, humble” (Zékharia 9,9).

Le Machia’h se dévoilera en premier lieu à Jérusalem. D'après certaines prophéties, la guerre de Gog et Magog symbolisera un combat entre le bien et le mal et s'achèvera à Jérusalem, où le mal sera alors définitivement vaincu. Jérusalem deviendra alors la capitale spirituelle de toute l'humanité, car “c’est de Sion que sort la Torah, et de Jérusalem, la parole de D.ieu”. Tous les peuples monteront à Jérusalem en quête de spiritualité. “De nombreux peuples et de puissantes nations viendront chercher le D.ieu des armées à Jérusalem”. “Nous voulons aller avec vous, car nous avons entendu dire que D.ieu est avec vous !” (Zékharia 8,22-23)

Ce n’est pas un hasard si la ville sainte de Jérusalem suscite tant de convoitise… Quant à moi, je nous souhaite à toutes de nous retrouver “l’an prochain à Jérusalem !”

Déborah Touitou