“Quel est le plus haut niveau auquel l'homme pourrait arriver?” Le ‘Hazon Ich répondit : “Vivre toute une vie sans ne jamais blesser personne !”. Sans jamais blesser personne…, Wouah ! Est-ce possible ? Ça a l'air complètement utopique ! Et surtout, quand on parle d'une famille dont les membres sont confrontés à tellement de situations communes, combien de disputes ont commencé par un seul mot, un mot de travers, qui arrive droit comme une flèche dans le cœur de l'autre. La Torah commence par la lettre Bèt de ”Béréchit”, (commencement) et termine par la lettre Lamèd, ”Israël”. Lamed et Bèt forment le mot Lev : ”cœur”, car notre sainte Torah nous a été donnée pour cultiver un bon cœur !

Oui, tout simplement aimer. Aimer l’autre comme Hachem nous aime, d’un amour inconditionnel, qui ne dépend d'aucune circonstance. On est venu dans ce monde pour ressembler à Hachem, et lui ressembler c’est donner, donner et donner. Ce n'est pas au hasard que la Torah nous met en garde de ne pas faire de mal à notre prochain, comme il est écrit : “Ne vous lésez point l'un, l'autre, mais redoute ton D.ieu ! Car Je suis l'Éternel votre D.ieu” [1].

Il est relaté dans le traité de Ta'anit une histoire stupéfiante et de laquelle on peut tirer un enseignement très enrichissant. Rabbi Brocca était au marché et y rencontra Eliahou Hanavi à qui il demanda : ”Qui parmi les gens qui se trouvent ici, mérite le monde futur ?” Eliahou Hanavi pointa le doigt sur deux personnes et affirma : ”Eux, méritent le monde futur !”

Rabbi Brocca, tellement curieux de savoir quel était leur mérite, alla les questionner : "Dites-moi, s'il vous plait, quelles sont vos actions ?” “Nous sommes joyeux et réjouissons notre entourage !”

Fauter contre son prochain : jouer avec le feu !

Rav Rahoumi était un très grand érudit qui étudiait la Torah toute l'année en dehors de chez lui (avec le consentement de sa femme bien sûr) et ne revenait que la veille de Yom Kippour. Inutile de vous dire avec quelle impatience son épouse l’attendait ! Une fois, il s'est oublié dans son étude et n'est pas rentré à la maison. La douleur que cette déception a provoqué fut à l'origine de l'écoulement d'une larme fatale sur les joues de cette femme juste : le toit sur lequel était assis son mari s'effondra, mettant fin à sa vie !

Vous vous rendez compte ?! Que faisait Rav Rahoumi ? Ni plus, ni moins, il étudiait la Torah ! La sagesse d’Hachem ! Le mérite de toute sa Torah n'a pas suffi pour le protéger.

Rav Haïm Chmouelevitz pose une question flagrante : cet homme a été puni, mais sa femme n'en souffrit pas moins puisqu’elle devint veuve. Si l'attente si éprouvante de son mari lui a fait couler une larme, combien elle en déversa après son décès ?! Il répond en nous révélant une réalité effrayante : blesser son prochain ressemble à mettre sa main dans le feu !!! Tout celui qui touche le feu se brûlera, ce n'est pas une punition, mais une conséquence naturelle !

Le Pélé Yoets ajoute : "C'est pourquoi les hommes feront très attention de ne pas faire de peine à leurs femmes et les femmes s'efforceront de ne pas verser de larmes à cause de leurs maris mais prieront pour eux !”

Le meilleur des conseils pour appliquer ces paroles de sagesse réside dans l’injonction : ”Juge ton semblable avec impartialité” [2]. En effet, en cherchant des circonstances atténuantes au comportement négatif de son prochain, on arrivera à transformer la colère et la douleur en pitié, une des qualités essentielles des enfants d'Israël.

La vie commune emmène le couple à être confronté à des situations assez banales, dans lesquelles chacun de nous peut se reconnaître mais qui demandent une certaine maîtrise de soi pour ne pas froisser, contrarier, peiner… 

Voici un exemple concret qui éveillera notre attention sur la manière convenable de s’exprimer. 

Au lieu de : 

La femme : “Est-ce que tu pourras aujourd'hui réparer l'armoire dans la chambre des enfants ?” 

Le mari : “Vraiment pas ! Ce soir je rentre très tard !”

La femme : “Tu rentres toujours tard, tu n'en n'as rien à faire de la maison et des enfants !”

On dira : 

La femme : “Est-ce que tu pourras aujourd'hui réparer l'armoire dans la chambre des enfants ?”

Le mari : “Aujourd'hui, je suis censé arriver tard à la maison, mais j'essaierai d'arriver le plus tôt possible pour pouvoir l’arranger”

La femme : “Je te remercie, j'apprécie beaucoup tes efforts pour la maison !”

Apprenons à nous arrêter avant de réagir, essayons de prendre du recul et de nous mettre à la place de la personne que nous avons en face. Cet exercice exige de sortir de notre égocentrisme, de se pencher vers autrui, en s'efforçant d'adopter sa façon de voir les choses.

En fait, ce n'est plus moi seul qui est important ici, il y a quelqu'un d'autre qui est également sensible, fatigué, stressé, dépassé…

Aimer son prochain comme soi-même, c'est d'abord lui éviter ce qu'on n’aurait pas voulu que l'on NOUS fasse, le respecter de la même manière qu'on aurait souhaité que l'on NOUS respecte. Selon Rabbi 'Akiva, c'est le principe fondateur de toute la Torah !

Il suffit de s'armer d'un peu de bonne volonté pour changer notre façon de parler et métamorphoser l'atmosphère familiale toute entière. Et n'oubliez pas : un conjoint heureux signifie aussi des enfants heureux et épanouis !

Chabbath Chalom à toutes !

[1] Chap.25, Verset 17

[2]  Vayikra 19,15