Chavou’ot approche. Une fête attendue, souvent associée à des préparations culinaires généreuses, lactées, pleines de douceur et de créativité. Pourtant, au-delà des cheesecakes, gratins et tartes aux légumes, cette fête recèle un sens profond. Que signifie-t-elle aujourd’hui, pour nous, femmes juives ? Et surtout : comment la vivre pleinement, dans notre quotidien, notre intériorité, et notre rôle si unique ?

Une table pleine… de sens

Chaque année, Chavou’ot devient un terrain d’expression de notre investissement domestique : décoration de la maison, fleurs, feuillage, recettes lactées plus originales les unes que les autres… Mais arrêtons-nous un instant. Pourquoi ce menu lacté, pourquoi cette abondance de mets ? La réponse n’est pas seulement dans la tradition culinaire. Le repas de Chavou’ot est en réalité ce qu’on appelle une "Sé’oudat Hodaya", un repas de remerciement.

Nous remercions D.ieu pour le don de la Torah, ce mode d’emploi du monde qu’Il nous a offert avec amour. Et soudain, nos lasagnes au fromage deviennent un acte spirituel. Notre gratin devient une louange. La table elle-même devient un autel de reconnaissance. À travers les plats, nous exprimons à nos enfants, à nos proches : nous sommes heureux, profondément heureux, que la Torah fasse partie de notre vie.

Un événement éternel

Chavou’ot ne commémore pas seulement un événement passé : elle le renouvelle. Ce jour-là, nous ne lisons pas seulement les Dix Commandements à la synagogue. Nous les recevons à nouveau. Et nous redisons "Na’assé Vénichma’" nous ferons, et nous comprendrons. C’est un serment ancestral, que nous, femmes juives d’aujourd’hui, renouvelons de tout notre cœur. Nous réaffirmons notre lien à D.ieu, notre fidélité à Sa Torah, notre désir sincère de marcher dans Ses voies, même lorsqu’elles nous dépassent.

La place unique de la femme

La nuit de Chavou’ot, les hommes ont la tradition d’étudier jusqu’à l’aube. Mais nous aussi avons une veille, plus silencieuse peut-être, mais non moins précieuse. Nous nous tenons debout, éveillées, à travers l’organisation, les préparatifs, le soin des enfants, l’atmosphère que nous créons dans la maison. Et plus encore, nous avons un rôle fondamental : celui de transmettre. Transmettre ce lien vivant, joyeux, aimant avec la Torah. Transmettre la joie de faire partie du peuple élu ! Nous préparons la maison, mais surtout, nous préparons nos cœurs, et ceux de notre famille.

Rav Yossef et la joie de Chavou’ot

La Guémara nous rapporte une image saisissante : Rav Yossef demandait à ses proches, chaque année pour Chavou’ot, de lui préparer un veau spécial, particulièrement savoureux. Pourquoi ? Parce que c’est le don de la Torah qui a fait de lui un Rav. Il comprenait que ce jour était le fondement de toute sa vie. Et il voulait le célébrer avec intensité. Pourquoi ne pas, nous aussi, poser du veau sur la table cette année ? Un clin d’œil savoureux à cette joie profonde de celui qui réalise ce qu’il a reçu…

Une lumière sur chaque acte

Grâce à la Torah, tout prend sens. Un simple sourire à la caissière du supermarché, un appel à une personne seule, un effort de pudeur dans notre tenue ou dans nos paroles tout devient une Mitsva. Tout devient porteur d’un impact éternel. Les lois de la Torah sont des guides lumineux, des ponts entre le ciel et la terre. Elles nous relient à notre Créateur, et donnent une valeur infinie au moindre geste.

La foi comme point de départ

Les Sages enseignent que toute la Torah est contenue dans le premier commandement : "Je suis l’Éternel ton D.ieu…". Car tout commence par la foi. Cette foi qui nous donne la force de continuer même dans l’obscurité. Cette foi qui nous permet de lever les yeux au ciel quand les épreuves nous accablent. Cette foi qui, à Chavou’ot, se renouvelle.

Le Roch Hachana de la spiritualité

Le petit-fils du Ba’al Chem Tov, Rabbi Baroukh de Méziboz, disait : "Chavou’ot est le Roch Hachana de la spiritualité." Ce jour-là, à travers nos prières et notre disposition intérieure, nous recevons des cadeaux spirituels pour toute l’année. Sans annuler notre libre arbitre, nous pouvons influencer : combien notre mari étudiera la Torah ? Quelle sera notre maîtrise de la parole ? À quel point réussirons-nous à faire des choix justes dans notre quotidien ? Quel lien nos enfants auront-ils avec la Torah ? Chavou’ot est un pivot discret mais puissant, une opportunité à ne pas manquer !

Une maison où D.ieu réside

Nos maisons sont décorées de fleurs, comme le mont Sinaï ce jour-là. Mais la plus belle décoration reste celle de nos intentions. Souhaitons que nos foyers deviennent des espaces où la Torah rayonne. Des maisons où règnent la paix, le respect, la pudeur, la joie. Une maison où l’on ressent la Présence divine non seulement dans les livres, mais dans les gestes, les mots, les regards.

Chavou’ot est notre mariage avec D.ieu. Un lien profond, vivant, vibrant. Cette année, ne laissons pas passer cette fête comme une case de plus sur le calendrier. Vivons-la en conscience, en gratitude, en joie. Et rappelons-nous que nous avons une place essentielle dans ce lien entre la Torah et le monde…

‘Hag Saméa’h à toutes !