La prière, qui représente sans aucun doute l’un des pôles du service Divin, se manifeste en grande partie à la synagogue, ou du moins, pour les hommes. Or nous savons que la prière mixte n’est pas permise, et pour ce faire, les synagogues contiennent une Mé’hitsa, soit une séparation entre la section des hommes et celle des femmes. Mais quelles sont ses origines et pourquoi la Torah en a-t-elle décidé ainsi ? 

Qu’est-ce que la prière ?

Afin de comprendre le sens de la Mé’hitsa, il convient de se pencher sur le rôle que joue la prière dans le quotidien du Juif. Le mot “prier” se dit en hébreu Léhitpalèl, mais il signifie également “se juger soi-même”. Ainsi, selon la perspective juive des choses, la prière est non seulement un moyen de demander à D.ieu de plaider pour notre cause, mais plus particulièrement, de faire une introspection profonde sur soi, permettant d’avoir une connexion plus intime avec soi-même et avec notre Créateur. La prière est donc un exercice qui est privé, chargé d’émotions, et qui nécessite une concentration particulière. 

On peut donc comprendre que la mixité dans la prière puisse représenter une source de distraction importante, et empêcher ainsi un fidèle ou une fidèle de se concentrer correctement. C’est donc pour éviter les distractions lors de la prière que nos Sages ont instauré la mise en place d’une séparation à la synagogue. Mais quelles sont les sources bibliques pour cela ?

Les sources bibliques de la Mé’hitsa

Une synagogue est comme un mini-temple et comporte donc une sainteté particulière. En effet, ses origines remontent aussi loin que la Torah elle-même [1]. À l’époque biblique, le centre de culte était le Tabernacle, et ensuite les deux Temples de Jérusalem. Tout au long de l’exil, la synagogue occupe donc un rôle central dans le culte du Juif, et elle doit être traitée avec respect et révérence. Ainsi, nos Sages ont décrété qu’une séparation était nécessaire pour maintenir la sainteté des lieux. 

L’obligation d’une séparation durant la prière est basée sur le verset suivant : “Et le pays sera en deuil, chaque famille à part, la famille de la maison de David à part et leurs femmes à part, la famille de la maison de Nathan à part et leurs femmes à part” [2]. Les Sages ont déduit de ce verset que l’obligation d’une séparation dans le Temple était une loi biblique préexistante [3]. Ils ont réalisé que le Temple devrait contenir une séparation entre les genres pour empêcher le manque de sérieux lors de la prière. Par ailleurs, le Rambam (Maïmonide) donne deux raisons au fait que les femmes aient une section séparée : la première est d’empêcher un éventuel mélange et la seconde est d’empêcher les hommes de regarder les femmes [4]. En somme, la Torah a institué une séparation à la synagogue pour préserver la sainteté des lieux, éviter les distractions entre hommes et femmes, et s’assurer que l’objectif de la prière, c’est-à-dire une connexion profonde avec D.ieu, soit rempli. Néanmoins, plusieurs penseurs d’autrefois et d’aujourd’hui affirment que cette séparation est un moyen de discriminer la femme et de la mettre en retrait, mais cela est tout à fait faux. Examinons ce que Dr. Lisa Aiken, auteure du livre To Be a Jewish Woman, pense à ce sujet.

Séparées, mais pas moindres

Il est important de mentionner que le fait que les femmes aient leur propre section à la synagogue ne fait pas d’elles des êtres ayant moins de valeur. Certaines personnes interprètent l’idée de Mé’hitsa comme un moyen de discriminer la femme. Il faut souligner qu’il n’y a aucune mention dans les écrits bibliques, talmudiques et rabbiniques qui affirment qu’une Mé’hitsa soit nécessaire en raison d’une quelconque déficience chez la femme. C’est plutôt la gente masculine qui a besoin d’une plus grande protection que les femmes afin d'éviter aux hommes d’être distraits lorsqu'ils prient. Par ailleurs, la raison pour laquelle les sections féminines dans les synagogues sont plus petites, est que les femmes n’ont pas l’obligation de prier dans un Minyan, et donc les synagogues sont plus fréquentées par les hommes que par les femmes. 

Pour conclure, la Mé’hitsa n’est en aucun cas un moyen de discriminer la femme, mais plutôt une façon de préserver la sainteté de la prière, des cœurs et des esprits qui souhaitent avoir une connexion profonde avec le Créateur du monde. Puissions-nous être toutes capables de Le voir et de Le ressentir !

 

[1]  Voir Targoum Yonathan (Yitro 18:20)

[2]  Zacharie 12:12

[3] Dr. Lisa Aiken, "To Be a Jewish Woman", page 73

[4] Ibid