Il semble y avoir une série de mythes largement répandus au sein du monde juif de manière générale, et même au sein du monde orthodoxe. Il s’agit de la définition de la Tsni'out et de la façon dont cette dernière s’exprime et s’articule. Certaines conceptions de la Tsni'out sont erronées et nécessitent une explication, afin que les femmes juives comprennent l’essence même de cette pratique. Les trois mythes présentés ci-dessous sont tirés du livre s’intitulant Outside Inside : A Fresh Look at Tzniut, rédigé par Gila Manolson.

Mythe #1 : La Tsni'out ne se résume qu’à un code vestimentaire

Je suis sûre qu’on vous a déjà posé la question : “T’habilles-tu que Tsni'out ? C’est-à-dire, ne mets-tu que des jupes qui couvrent les genoux et des manches longues (même en été à 40 degrés) ?!” En posant cette question, l’on fait fi d’un aspect essentiel du concept même de Tsni'out : celui de l’énergie que l’on dégage, de l’attitude avec laquelle on s’exprime et agit.

En effet, la pudeur cherche à ce que l’extérieur soit un reflet parfait de l’intérieur. Nous souhaitons que, de par nos actes et notre façon d’être, la Néchama transparaisse d’abord. Lorsqu’Adam et ‘Hava furent créés, Hachem les a dotés d’une capacité à voir l’autre tel qu’il est. Ainsi, lorsque l’homme regardait sa femme, il était capable de percevoir son esprit, son cœur, et son âme, et vice-versa pour la femme envers l’homme. (Nous savons bien que cela est loin d’être le cas aujourd’hui…) Ainsi, après la faute, Adam et ‘Hava ont perdu cette capacité. Lorsqu’ils se regardaient, l’âme et le corps ne formaient plus une entité unie comme auparavant, mais bien deux entités distinctes.

La Torah cherche à faire de la femme une princesse ; et la Tsni'out, tant vestimentaire qu’intérieure, constitue le moyen par excellence d’y parvenir et de faire un Tikoun (réparation) pour la faute originelle. Comparez la Tsni'out vestimentaire à un couronnement ; elle ne constitue qu’une complétion de la Tsni'out intérieure que nous avons cultivée au préalable.

Mythe #2 : La Tsni'out ne concerne que les femmes

Un second mythe, répandu comme une traînée de poudre, soutient que la Tsni'out n’est réservée qu’aux femmes. Ces dernières doivent se couvrir et se faire petites, alors que les hommes, eux, ont toutes les libertés à cet égard. Faux, archifaux ! En fait, le concept de Tsni'out s’applique tant aux hommes qu’aux femmes, mais de différentes manières. Le Yétser Hara’ de l’homme est de regarder, tandis que celui de la femme est de se faire regarder. Il s’agit là de deux ‘Avodot (travaux) bien distinctes. Une femme doit chercher à se faire paraître pour ce qu’elle est, et non pour ce qu’elle arbore. Un homme, quant à lui, doit chercher à voir la femme, non pas comme un objet physique, mais comme une personne en chair et en os avec des sentiments, des forces et des faiblesses, de la dignité.

Par ce qui a trait au code vestimentaire à proprement parler, la femme et l’homme sont aussi concernés. Alors qu’une femme se doit de porter des jupes couvrant le genou et des hauts à manches longues, un homme se doit aussi de porter des vêtements propres, ni troués, ni des tricots de peau… Vous avez déjà vu un rabbin se promener en maillot de bain ?!

Mythe #3 : La Tsni'out sert à faire fuir le regard de l’homme

Si vous entendez quelqu’un rétorquer que la raison principale pour laquelle une femme doit s’habiller Tsni'out est pour se cacher du regard de l’homme, sachez qu’il s’agit là d’une erreur monumentale ! Cette personne fait fausse route ! La pudeur est avant tout une démonstration du respect de soi. Elle cherche à valoriser la personne pour ce qu’elle est, et non pour son aspect physique. Il est évident, cependant, que le regard de l’homme est important, et qu’il représente une des raisons pour lesquelles la femme s’habille Tsni'out. Mais pas la raison première. La femme ne doit en aucun cas « fuir » l’homme ou « se cacher ». Un homme a la capacité de contrôler ses pulsions, et c’est exactement la raison pour laquelle Hachem l’a mis dans ce monde : pour qu’il s’élève et se travaille.

Pour conclure, le concept de Tsni'out est loin d’être aisé à comprendre, et encore plus à mettre en œuvre. Il est truffé de détails et de nuances, et vaut la peine d’être étudié de façon constante. Mais sachez, hommes comme femmes, qu’il constitue le meilleur moyen de s’élever, de se respecter, et, surtout, d’être un ambassadeur digne du nom d’Hachem et de Sa Torah. Puissions-nous avoir la possibilité de mettre en pratique la Tsni'out, au meilleur de nos capacités, tant dans notre tenue vestimentaire que dans nos actes !