Des grenouilles !!!!! Partout des grenouilles !

Dans les villes, elles infestent les moindres recoins des habitations. Elles s’introduisent dans les maisons, dans les lits, les salles de bains. C’est la deuxième plaie qui s’abat sur l’Égypte... alors que les Juifs sont encore en esclavage et que Moché essaye de convaincre Pharaon de les laisser sortir.

“Coâ, coâ, coâ” : elles coassent sans cesse, et c’est un bruit à vous rendre fou. Les grenouilles mordent aussi et rongent le ventre des Égyptiens, ne leur laissant aucun répit.

Pharaon, ainsi que tous les Égyptiens, n’en peuvent plus plus. Et après 6 jours insupportables de coassement incessant, Pharaon se décide à agir.

Il convoque Moché au palais royal :

- “Je vous en prie, implorez votre D.ieu et demandez-Lui de nous débarrasser moi et mes sujets de ces affreuses bêtes, nous n’en pouvons plus !

- Pas de problème, répondit Moché. Je peux Le supplier et ma requête sera agréée. Dites-moi quand vous voulez que D.ieu vous en débarrasse, et, par ma demande, Il le fera.

Et la réponse de Pharaon :

- Demain !” 

C’est effectivement ce qui se produira, après la prière de Aharon et Moché adressée à D.ieu, immédiatement après leur rencontre avec Pharaon, les grenouilles disparaîtront le lendemain. Mais dites-moi... pourquoi a-t-il dit demain ?

Pourquoi ne pas demander de se débarrasser d’elles immédiatement si leur présence est à tel point insupportable ? Nos Sages (Rabbénou Bé’hayé) nous expliquent que Pharaon, ne croyant pas en D.ieu, pensait que la présence des grenouilles était un phénomène naturel qui devait disparaître ce jour-là, et que Moché mentait lorsqu’il disait qu’il était nécessaire d’implorer D.ieu pour s'en débarrasser.

C’est pourquoi il a répondu “demain”, car il voulait tester la véracité de ses dires. Il voulait vérifier que sa prière d’aujourd’hui aurait une influence demain.

Et, au final, ce qui a le plus impressionné le souverain égyptien, c’est non pas le fait qu’elles aient disparu d’un coup, mais qu’elles aient disparu le lendemain de la prière de Moché.

Qu’y a-t-il d’aussi impressionnant ?

Ce qui l’impressionne le plus, c’est qu’une prière adressée à D.ieu ait un impact dans le futur. Pharaon connaît très bien la magie, la sorcellerie, et autres tours de passe-passe. Mais ces phénomènes-là ont toujours un effet immédiat, ils ne peuvent jamais agir à retardement, contrairement à la prière.

Expliquons plus en détail ce phénomène : prenons l’exemple d’une mère qui prie pour que son enfant ait de bonnes appréciations à l’école en classe de CP. Et finalement, que va-t-il se passer ? Hachem va “prendre” cette prière et va la mettre en réserve pour un jour où il en aura vraiment besoin. Effectivement, quelques années plus tard, alors qu’il va se présenter à l’examen d’entrée en école d’ingénieur, ou dans une Yéchiva de renom, Hachem va “se souvenir” de la Téfila que sa mère avait prononcée il y a une quinzaine d’années, alors qu’il était un petit garçon, et va l’utiliser pour lui permettre d’accéder à la réussite : une réussite bien plus grande et importante qu’un simple bon bulletin de CP !

C’est un principe extraordinaire à comprendre dans le judaïsme, et c’est ce qui a le plus frappé Pharaon : c’est l’efficacité permanente et éternelle d’une prière adressée à D.ieu. Il n’y a aucune prière vaine ! Hachem écoute toutes les prières, “Baroukh Chomé’a Téfila”, disons-nous trois fois par jour. Ce n’est pas écrit qu’Il n’écoute que les prières adressées par les Tsadikim (justes) ou par les ‘Hakhamim (sages). Il écoute toutes les prières, c’est-à-dire adressées par chacun et chacune d’entre nous. Chaque prière adressée par un Juif est comme une graine plantée dans la terre, dont Hachem Lui-même prend soin jour après jour : elle finira forcément, un jour ou l’autre, par donner ses fruits.

Mais pourtant, combien de fois avons-nous l’impression que cette prière n’a pas été entendue, puisqu’elle n’a pas été exaucée ?

Premièrement, et c’est ce que nous venons d’expliquer, elle est gardée en réserve (avec les intérêts qui la font fructifier d’année en année) pour des circonstances où l’aide d’Hachem sera bien plus nécessaire que l’objectif premier pour lequel nous avions prié.

Deuxièmement, nous dit le Talmud (Ta’anit ה ע”ב), cela ressemble à un Roi qui dit à ses fils : “Voilà, je vous donne un terrain, je vous demande d’en prendre soin. Mais je vous préviens d’avance : la moitié des arbres du terrain sont des arbres stériles.” Ils acceptent la mission, mais, au bout de quelques mois, ils sont démotivés pour prendre soin des arbres stériles et finissent par ne s’occuper que des arbres fruitiers”.

Le père revient après quelques mois et leur dit : “Quel dommage ! Je constate que vous avez délaissé les arbres stériles. C’est vrai que c’est agréable de s’occuper d’arbres dont on voit les fruits immédiatement après l’investissement. Mais vous n’avez pas compris que les arbres stériles ont encore plus d’importance : c’est avec eux que je vais construire mon Palais.” En d’autres termes, nous dit Hachem, toutes les fois où nous tenons bon et continuons de nous adresser à Lui et de Lui faire confiance, alors que rien ne semble produire de fruits, et bien, Hachem prend nos prières, et c’est avec ces prières qu’Il va amener la délivrance finale et construire le Beth Hamikdach. En effet, ces prières sont tellement empreintes d’amour et de confiance absolue et inconditionnelle en Lui, qu’elles ont une valeur infinie à Ses yeux, et se transformeront un jour en une Guéoula (délivrance) qui sera éternelle. Les arbres fruitiers produisent certes des fruits, mais leur consommation est immédiate, et donc, par la suite, il ne reste pratiquement rien. À l’inverse, avec les prières qui paraissent “stériles”, et qui sont donc le reflet de la confiance inconditionnelle que nous avons en Hakadoch Baroukh Hou, nous construisons quelque chose d'éternel : la délivrance finale et le Beth Hamikdach (Temple). 

Que nous ayons le mérite de voir nos prières se réaliser rapidement, et, pour celles qui n’ont pas encore été exaucées, continuons de maintenir notre Émouna (foi en D.ieu) inébranlable qu’elles se transformeront un jour en une des pierres à l’édifice du Beth Hamikdach. Amen.

Inspiré de la Rabbanite Yémima Mizrahi