Le mariage, c’est le plus beau partenariat sur Terre ! D’après nos Sages, pour peu qu’on sache quelques fois faire passer les besoins de l’autre avant les nôtres, on crée une dimension très élevée entre les époux.

En ces temps d’indépendance revendiquée, ce discours détonne ! Est-ce que cela signifie s’annuler au profit de son conjoint ? Et si, au contraire, il s’agissait d’un message d’amour ?

Saviez-vous que le Talmud parle de 3 dimensions dans le couple. Différentes strates qu’on peut atteindre au fil du temps (et à force de travail). Mais le Talmud n’est pas aussi explicite, il emploie une citation pour le moins surprenante ! On dit que celui qui rêve d’une rivière, d’une bouilloire ou d’un oiseau trouvera le Chalom (la paix) dans son mariage.

Mais quel rapport entre ces trois éléments si éloignés les uns des autres ?

Echange mutuel

Le premier niveau auquel on accède dès le jour de la ‘Houppa, c’est un partenariat entre les deux époux, où chacun s’engage chaque jour à donner à l’autre. Il peut s’agir d’un don financier. Bien sûr qu’on aime offrir et recevoir des cadeaux ! Il peut aussi, concernant un “échange”, agir à un niveau émotionnel : qui parmi nous n’aime pas entendre ou dire des mots doux ?

Cet engagement est implicite et mutuel. Il “coule de source”, car ce sont des comportements naturels au sein d’un couple. C’est pour cela qu’on le compare à la rivière. L’eau s’écoule naturellement en suivant un cours d’eau déjà tracé.

Avec le temps et l’apprentissage de la vie à deux, on accède ensuite au niveau supérieur à mesure que le couple réalise que les deux personnes sont complémentaires, chacun apportant ses forces et ses qualités pour renforcer leur couple.

L’union fait la force

Souvent, quand on regarde son mari ou qu’on observe des couples autour de nous, on s’aperçoit que, parfois, les différences sont marquantes (elle est casanière, il adore voyager, elle est organisée, lui est bohème). Chacun a aussi son caractère, une nature et des besoins spécifiques et différents de ceux du conjoint. Et pourtant, on est toujours stupéfaite de voir que c’est une combinaison qui peut très bien fonctionner !

Cette dimension est symbolisée par la bouilloire. C’est l’ustensile qui va lier deux natures qui sont incompatibles : le feu (pour chauffer) et l’eau (pour arriver à un nouveau résultat : une eau qui bout).

C’est-à-dire qu’on prend le meilleur de chacun et on l’utilise pour créer ensemble (une famille, des enfants).

Bien sûr, il s’est créé de ce fait un sentiment de dépendance. Mais c’est une dépendance positive, on s’appuie sur l’autre qui a des qualités que nous n’avons pas et vice-versa. C’est là que la notion de partenariat prend tout son sens.

Beaucoup de couples ambitionnent d’arriver à ce niveau (et de s’y maintenir). Etre capable de former une équipe avec son mari et de s’entraider, c’est bien sûr un des objectifs de la vie maritale.

Fais comme l’oiseau

Mais il existe une dimension encore plus élevée, plus profonde, et c’est justement de celle-ci que parle Rabbi Gamliel. Ce niveau est symbolisé par l’oiseau. L’oiseau vit dans deux dimensions : tantôt sur terre, tantôt dans les airs. Et l’oiseau a cette intelligence instinctive d’utiliser chacune de ses capacités selon ses besoins (quand il vole, il ne se sert pas de ses pattes, quand il est sur terre, il replie ses ailes). Et même s’il n’utilise pas toutes ses capacités en même temps (imaginez un oiseau qui volerait en marchant !), il sait combien chacun de ses membres est essentiel.

Et c’est ici que le Talmud et l’enseignement de nos Avot se rejoignent : cette dimension, symbolisée par l’oiseau, est le degré le plus élevé dans l’intimité du couple. C’est vers cela que toute union doit tendre, c’est-à-dire quand les deux partenaires ne se voient pas comme des entités séparées, mais comme deux membres d’un même corps.

D’ailleurs, on rapporte une histoire assez connue du regretté Rav Arié Levin qui avait un jour accompagné sa femme chez le médecin. Lorsque le docteur avait demandé à la Rabbanite ce qui l’amenait dans son cabinet, le Rav avait répondu : “Docteur, le pied de ma femme nous fait souffrir”. Dans la réponse du Rav Levin, il n’y avait plus de “elle” et “moi”, il n’y avait qu’un “nous”.

Agir selon la volonté de son époux, quand son point de vue est différent du nôtre, ce n’est pas abdiquer ou faire preuve de soumission. Au contraire ! C’est penser en mode “nous”. C’est avoir une part active dans la décision et le fait de privilégier la volonté de son conjoint crée même un sentiment joyeux chez nous.

En affirmant ainsi sa confiance vis-à-vis de son mari, on montre toute notre volonté de faire avancer notre couple.

Et quel rapport avec D.ieu ? Tout comme le chant d’amour du roi Salomon, Chir Hachirim : notre relation avec Hachem doit avoir le même degré d’intimité que celle qui existe dans le couple. On doit accepter de se soumettre aux lois juives, parfois contraires à notre point de vue, parce qu’on fait confiance au Maître du monde, on sait combien Il nous aime et que tout est pour notre bien.

Et quand on le vit avec enthousiasme, alors on peut accéder à ce niveau si élevé, qui nous donnera des ailes… dans notre vie et dans notre couple ! 

Béhatsla’ha à toutes !