« 4h00, 4h05, 4h10,… Il est 5h00, les contractions deviennent régulières et de plus en plus intenses. Le travail a commencé ! ». La plupart des mamans connaissent ce fameux décompte, où, prenant le temps de respirer, elles notent avec émotion la fréquence des contractions. Les futures mamans connaîtront, avec l'aide d'Hachem, ces instants de pure adrénaline qui les rapprochent de plus en plus de la rencontre avec leur bébé. C’est ce qui m'est arrivé récemment… Pourquoi écrire un témoignage sur la venue au monde de mon premier enfant ? Eh bien, principalement pour sanctifier le nom d’Hachem, et aussi pour encourager toute femme à persévérer dans la prière, dans le renforcement de la Émouna (foi) et du Bita'hon (confiance), car Hakadoch Baroukh Hou (le Saint Béni soit-Il) ne cesse de veiller sur nous. Par l’intermédiaire de ce récit, je souhaiterais partager tous ces « clins d’œil providentiels » comme j’aime les appeler, qui assemblés, montrent la protection, la miséricorde et le véritable appui que nous offre continuellement le Maître du Monde. 

Chaque accouchement relève du miracle 

Interrogez les femmes au sujet de leur(s) accouchement(s) et vous aurez autant d’opinions différentes que le nombre de couches que l’on change en trois ans (plus de 4000 selon les experts en la matière). « Fort en émotions », « bouleversant », « magique », « dramatique », « cauchemardesque » …quel que soit le souvenir que l’on garde de la venue au monde de son trésor, cela relève du miracle et c’est exactement pour cette raison que nous devons remercier l’Éternel. 

En effet, comme nous l’explique la Rabbanite Né’hama Epstein dans son fabuleux ouvrage "Un accouchement près d’Hachem" (que je recommande vivement tellement il procure de précieux conseils et une préparation spirituelle solide en vue d’un enfantement plus serein) : « Le moment de l’accouchement est une combinaison de Din (jugement) et de miséricorde. » [1]

Pourquoi ? Selon nos Sages, la femme en couche est jugée en même temps que son bébé [2] selon ce qu’ils méritent de vivre ou non et tous deux ont besoin de grands miracles afin de ne pas subir de dommages durant l’accouchement : « Lorsque la femme est en bonne santé, ce sont ses mérites qui sont pris en compte et l’accusateur n’a pas le pouvoir de rappeler ses fautes, mais lorsqu’elle se trouve en position de danger (comme c’est le cas lors d’un accouchement), elle a besoin de miracles et alors sont rappelées ses fautes et ses actions pour déterminer si elle mérite un miracle ou non. » [3]

Les clés de la Vie reposent entre les mains du Saint Béni soit-Il qui fait preuve d’une miséricorde incommensurable pour nous aider dans la naissance de notre enfant. C’est pourquoi nous devons Lui rendre gloire et Le remercier après chaque accouchement. 

Cette petite introduction me paraissait nécessaire avant de vous parler plus en détails de mon histoire, car quel que soit le type de naissance que nous vivons, il est important d’avoir à l’esprit que c’est Hachem qui est au contrôle. 

Un événement, une Paracha

Au travers de ce partage, j’aimerais vous rendre attentives sur les « clins d’œil providentiels » que nous envoie le Maître du monde. Avec un peu de recul, j’ai pu apercevoir que beaucoup d’événements forts de ma vie, dont ma grossesse et mon accouchement, sont liés à des Parachiot (lectures hebdomadaires de la Torah). 

Paracha Michpatim : donner naissance !

Pour commencer, lorsque j’ai appris que j’attendais l’heureux événement qui allait me rendre maman pour la première fois, nous nous trouvions à la lecture de la Paracha Michpatim, dans laquelle il est écrit, parmi plus d’une cinquantaine de Mitsvot (commandements) : « Aucune femme n’avortera ou ne sera stérile dans ton pays ; Je comblerai la mesure de tes jours. » (Chémot 23:26). Nous retrouvons ce magnifique verset dans beaucoup de prières destinées à la grossesse dans les différents livres de prières. À chaque fois que nous le récitons, il est si réconfortant de pouvoir tourner notre attente vers Notre Créateur et espérer de tout son cœur en l’accomplissement de Ses promesses.

Paracha Béhar-Bé’houkotaï : une année sabbatique !

Pour continuer, durant les premiers mois de ma grossesse, mon mari et moi avons prié pour que mon employeur m’accorde une année sabbatique durant laquelle je pourrai m’occuper à plein temps de notre fille. Nous avons attendu plusieurs jours avant de recevoir la réponse qui, Baroukh Hachem, fut positive. 

Ce jour-là, nous lisions la Paracha Béhar-Bé’houkotaï dans laquelle D.ieu donne à Moché les instructions concernant la Chémita (loi relative au repos de la terre lors de la septième année, une sorte d’année sabbatique agricole). Encore une fois, la Paracha de la semaine venait corroborer ce que je vivais, tel un « clin d’œil providentiel » pour me rappeler que tout vient d’Hachem. C’est Lui en effet qui gère chaque instant de notre vie et qui ouvre ou ferme des portes que ce soit dans le domaine familial, relationnel, professionnel, sentimental, spirituel… 

Cette confirmation est d’autant plus forte sachant que dans le Judaïsme la femme est symboliquement représentée par la terre. Comme disent les Sages : « La femme est la terre du monde » [4] elle est aussi appelée « un champ » [5]. Ainsi, telle que pour une terre en jachère, cette année sabbatique va me permettre de reconstituer mes forces afin de me focaliser sur mon foyer et sur ma nouvelle vie de jeune maman. 

Paracha Béréchit : la création !

Quelques mois plus tard, le moment tant attendu était enfin arrivé. Mon terme était prévu pour la toute fin octobre, mais ma princesse est venue avec quelques jours d’avance. Quand on dit que rien n’est dû au hasard et que Le Maître du Monde connaît toute chose… à une semaine près, à cause de la crise sanitaire actuelle (Covid 19), la maternité fermait les portes des visites à toute personne, y compris les papas. Nous avons par la grâce d’Hachem échappé à cela. Le fameux matin des contractions, lorsque j’ai appelé la maternité pour annoncer que j’allais certainement arriver dans les heures qui suivaient, je leur ai précisé que depuis une dizaine de jours, je perdais un liquide transparent et inodore à petites doses que je pensais être le bouchon muqueux [6], mais qui en réalité s’était avéré être la poche des eaux qui s’était fissurée, ce qui peut être extrêmement dangereux, car le fœtus n’est plus protégé des infections. Dans ce cas, selon l’avancée de la grossesse, l’accouchement est médicalement provoqué. Baroukh Hachem, je n’ai attrapé aucune infection ! 

Pour continuer le récit avec les « clins d’œil providentiels » en lien avec les Parachiot, lors de la naissance de ma fille, nous recommencions le cycle des lectures hebdomadaires avec Béréchit, soit le commencement de… la Création ! Mais ce n’est pas tout, dans cette Paracha, il est également écrit au sujet de l’homme et de la femme : « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair. » (Béréchit 2:24). Rachi commente sur l’expression « une seule chair » qu’il s’agit de l’enfant qui est créé par les parents : c’est en lui que leur chair devient une. Autrement dit, c’est à travers l’enfant que se réalise l’unification. Merveilleux !

Assurément, c’est Hachem qui détient les clés de la Vie et qui fait naître nos enfants à un moment propice fixé d’avance par Ses tendres soins

Un peu plus loin, dans cette même portion des Écritures, il est mention des douleurs liées à l’accouchement : « Il dit à la femme : J'augmenterai la souffrance de tes grossesses, tu enfanteras avec douleur » [7]. Celles-là aussi, j’ai pu les expérimenter, même si toute femme aimerait les éviter ! Mais encore une fois avec l’aide d’Hakadoch Baroukh Hou, malgré la douleur intense et insoutenable, Il m’a donné les ressources nécessaires pour accoucher sans péridurale et dans l’eau, comme je le Lui avais demandé lors de mes prières. À noter que la maternité ne dispose que d’une seule salle d’accouchement avec baignoire, elle aurait pu être prise, mais ce jour-là j’étais la seule femme à donner naissance dans tout le département. La confiance absolue en Hachem nous permet à chaque instant, même les plus éprouvants, de nous armer de force et de courage. La foi peut faire des miracles, ne l’oublions jamais !

Paracha 'Hayé Sarah : les fiançailles !

Pour conclure, le message que j’aimerais faire passer c’est qu’aucun instant n’a lieu au hasard. Pour la petite anecdote, allez-vous me croire si je vous dis qu’il y a deux ans, mes fiançailles s’étaient déroulés durant la lecture de la Paracha 'Hayé Sarah, le récit qui relate la recherche d’une épouse pour Its'hak ? Incroyable ! 

Le hasard n'existe pas 

Bien évidemment, D.ieu choisit de nous encourager au travers d’une multitude de façons. Il ne s’agit donc pas d’analyser en détail chaque Paracha. Nous pouvons voir ces fameux « clins d’œil » partout : lors d’un cours de Torah, d’une discussion avec une amie, au travers d’une parole réconfortante, une situation qui se débloque comme « par magie »… 

Toutes les femmes ont une histoire à raconter, chacune d’entre elles est importante et contribue à préserver les formes de reconnaissance envers Hachem, alors pourquoi ne pas commencer à écrire la vôtre ? 

Sim’ha B.


[1] Rabbanite Né’hama Epstein, "Un accouchement près d’Hachem" (préparation professionnelle et spirituelle à l’accouchement), éditions Torah-Box, p. 113.

[2] Zohar Hakadoch (Béréchit)

[3] Rachi (Traité Chabbath 32a)

[4] Sanhédrin 74b

[5] Chabbath 118b

[6] Amas de glaire qui scelle le col de l’utérus et assure son étanchéité tout au long de la grossesse et qui commence à s’écouler à l’approche de la naissance.

[7] Béréchit (3 :16).