Question 

Chalom Rav Malka

Je m’appelle ’Haïm. Il y a quelques années, nous avons eu le mérite de faire depuis la France notre Alya en Erets Israël, et avons décidé de nous installer à Jérusalem. Tous nos frères et sœurs sont restés en France. Il y a environ six mois, les parents de ma femme qui sont âgés et qui ont marié tous leurs enfants sont montés également en Israël et venus habiter dans notre quartier, à proximité de chez nous. Lorsque nous vivions en France, cette situation ne posait pas de problème, car les nombreux enfants qu’ils avaient s’occupaient d’eux à tour de rôle ; nous-mêmes étions heureux de les aider. Mais du fait que, désormais, nous seuls habitons près d’eux, tout le fardeau repose sur les épaules de mon épouse et de moi-même. Elle doit tous les jours leur rendre visite et prendre soin d’eux, s’occuper de leurs courses et de leurs besoins ménagers. Ils me demandent aussi de les assister pour tous les problèmes médicaux. Baroukh haChem, nous sommes parents d’une famille nombreuse et même ainsi, nous sommes déjà surchargés. Les soins que ma femme prodigue à ses parents portent vraiment atteinte à notre vie privée et je pense que cela nuit également à nos enfants. Ma femme n’est pas prête à l’entendre et dit que c’est pour elle une grande Mitsva. Nous aimerions recevoir des conseils halakhiques sur la conduite à adopter à ce sujet. Merci beaucoup. 

Réponse

Chalom mon cher ’Haïm,

Vous touchez là à un point sensible et important. Je me dois de vous dire que, avant tout, vous bénéficiez, votre épouse et vous-même, d’un tel privilège au point qu’il est impossible d’estimer le profit que vous engrangerez dans ce monde et dans le monde futur. Il n’est pas envisageable de perdre la Mitsva de Kiboud Orim (obligation de respecter les parents). Vous parlez des dommages que pourraient subir vos enfants. Je vous comprends, mais sachez bien que les enfants voient parfaitement ce que leurs parents font. Quand ils constatent que vous vous dévouez pour leur grand-père et pour leur grand-mère, ils en sont profondément conscients et lorsque votre femme et vous-même atteindrez, avec l’aide de Hachem, un âge avancé, ils se comporteront à votre égard de la même manière. On leur inculque de la sorte les valeurs aussi importantes que Kiboud Av VaEm (respect du père et de la mère) et que Guemilout ’Hassadim (charité) authentique, valeurs que l’on observe même lorsque c’est difficile. Voilà la première chose qu’il faut dire à ce sujet. 

Par contre, il est véritablement nécessaire de savoir se fixer des limites et d’agir avec sagesse afin que, d’une part, vous puissiez continuer à honorer vos vieux parents (ou beaux-parents) et prendre soin d’eux et, d’autre part, préserver votre foyer. 

Selon la Halakha, bien que, en vérité, le fils ou la fille aient la même obligation d’honorer leurs parents, de toute façon, si la fille est mariée et que son époux tient à ce qu’elle n’accomplisse pas la Mitsva de Kiboud Orim (vis-à-vis des parents de sa femme) et exige d’elle qu’elle ne fasse pas pour eux ce dont ils ont besoin ou ce qu’ils demandent, la règle est que la femme est dispensée de cette Mitsva (Choul’han Aroukh, Yoré Déa, chap. 240, §17). En fait, le Chakh ainsi que d’autres décisionnaires sont d’avis que si le mari ne se montre pas strict à ce propos et accepte que sa femme honore ses parents, celle-ci en aura de nouveau l’obligation. C’est pourquoi, en pratique, la Halakha fait reposer cette responsabilité sur vos épaules : il importe donc que vous soyez capable de comprendre le besoin et le désir de votre épouse d’accomplir cette Mitsva si essentielle et que vous vous mobilisiez afin de lui venir en aide au lieu de l’empêcher de respecter ses parents.

La pensée positive que vous nourrirez sur ce point aura pour énorme avantage de faire voir à votre femme que vous n’avez pas l’intention de l’empêcher d’honorer ses parents, mais, au contraire, de l’aider à agir de concert pour équilibrer les besoins de ses parents et ceux de votre ménage. Vous pourrez ainsi coopérer dans le but de promouvoir ces deux valeurs supérieures. 

Il convient également de noter que, vous-même en tant que gendre, vous avez la Mitsva d’ordre rabbinique d’honorer vos beaux-parents quoiqu’ils ne soient pas vos parents. En effet, si, par exemple, vos parents vous ordonnaient de ne pas respecter votre beau-père ou votre belle-mère, la Halakha statuerait que vous ne devez pas les écouter et qu’il faut au contraire continuer à honorer vos beaux-parents. C’est également une Mitsva importante. 

Berakha VeHatsla’ha (Bénédiction et réussite)