Je m’appelle Mordekhaï, 78 ans, cloué dans une chaise roulante. Pour la Hazkara (anniversaire de décès) de ma mère, je souhaite monter à la Torah Chabbath et faire une Hachkava, une prière pour l’élévation de son âme . J'ai entendu dire que cela est susceptible de soulever un problème de ‘Halakha du fait de la position assise. J’éprouve une très grande peine à la seule pensée qu’il pourrait y avoir une difficulté qui m’empêche de monter à la Torah, comme j’en ai l’habitude chaque année. Suis-je autorisé de monter à la Torah tout en restant assis ?

Réponse

Chalom M. Mordekhaï, et bonne santé,

En effet, au  sens strict de la Halakha, il est interdit de s’asseoir pendant la lecture de la Torah, y compris même de s’appuyer quand on est debout. Pour les personnes âgées ou les malades, certains décisionnaires permettent seulement de s’appuyer debout, d’autres les autorisent à monter à la Torah même en restant assis, tout particulièrement en ce qui concerne les occasions particulières telles que Simh'at Torah ou un une Hazkara, où interdire provoquerait une grande peine. On pourra s'appuyer sur cette dernière opinion dans ces situations. En tous cas, s'il ne se trouve pas dans le Minyan 7 personnes pouvant monter à la Torah debout, ce qui peut être le cas dans une maison de retraite ou un hôpital, il sera permis de le faire assis.

Réponse détaillée

Nos Sages ont relevé qu’il était interdit de monter à la Torah en restant assis, et c’est ainsi que tranche la Halakha. Deux raisons sont avancées : parce que le Maître du monde est resté debout, alors qu’Il enseignait la Torah à Moché Rabbénou (Devarim 5, 28). Et la seconde selon le Yérouchalmi, car  il faut éprouver une crainte révérencielle pendant la lecture de la Torah, et être assis n’est pas compatible avec cela.

Il peut arriver que certaines personnes, bien qu’incapables de se tenir debout, parviennent malgré tout à se lever et à s’appuyer sur l’estrade où repose le Sefer Torah. Cela n’est pas très connu, mais quelqu’un en bonne santé qui s’appuierait de façon significative, serait considéré  comme s’il s’était assis, c’est pourquoi il est interdit de s’appuyer ainsi pendant la lecture de la Torah. Toutefois, concernant les personnes très âgées (ainsi que les malades ou ceux en surpoids conséquent), pour lesquelles il est difficile de se tenir debout sans s’appuyer, nos Sages ont permis d’agir de cette façon. Dans la mesure du possible, on se conformera à cette approche. 

Quoi qu’il en soit, certains Décisionnaires ont écrit que, puisqu’il est permis aux personnes âgées qui ne peuvent pas se tenir debout de s’appuyer sur la l’estrade, de même pourra-t-on les autoriser à s’asseoir. Rabbénou HaGaon Hagadol, Rav Asher Weiss chalita, s’est attaché dans une de ses Responsa à traiter du sujet. Il précise que, bien que l’on ne trouve pas de manière explicite dans les écrits des Décisionnaires une dérogation pour les gens en surpoids important ou malades de pouvoir rester assis, malgré tout, dans la mesure où il s’agit d’un interdit DeRabbanan et que l’on est quitte a posteriori, et qu’il s’agit de plus d’un cas de grande nécessité, on pourra être indulgent pour des événements particuliers tels que Simh’at Torah ou un une Hazkara. Si cela n’est pas suffisant, on pourra également être indulgent de façon temporaire pour d’autres circonstances. C’est ainsi que tranchait le Gaon Rav Charia Deblitzki, de mémoire bénie.

Pour finir, on précisera que tous les décisionnaires s'accordent à dire que s'il ne se trouve personne capable de se tenir debout pour monter à la Torah -ce qui est fréquent dans un Minyan (quorum de 10 hommes Bar Mitsva)  restreint des hôpitaux, où il n'y a pas  suffisamment de fidèles (7 le Chabbath ou 3 en semaine) pouvant se lever – on n'annulera pas la lecture de la Torah à cause de cela, étant donné qu'à posteriori on est quitte de la Mitsva par une telle lecture.

Quelques sources pour approfondir

Traité Meguila, 21a, voir la Guemara et Rachi sur place ; Choul’han 'Aroukh (Ora’h ‘Haïm, Siman 141, 1) ; Michna Broura (Seif Katan 4) ; Responsa Minh’at Acher (tome 3, Siman 9) ; Moadim Ouzemanim (volume 2, Siman 182). 

Centre Halakha et médecine