On sait que l’homme se sachant mortel mais désirant pourtant laisser une trace de son existence sur terre s’inscrit dans une des trois directions possibles : soit la foi en un paganisme idolâtre ou en une religion révélée par la Transcendance, soit la croyance en une permanence d’une matière non créée (à savoir le matérialisme qui provient d’un panthéisme masqué). Une troisième solution serait de tenter une idéologie nouvelle, un idéal qui transcenderait les siècles. Ni religion, ni panthéisme, mais plutôt vouloir innover : donner un SENS à un monde dépourvu de signification : c’est la tentation de Babel, et aussi de Prométhée. Le texte de la Torah dit clairement : « Allons, bâtissons-nous une ville, et une tour dont le sommet atteigne le ciel. Faisons-nous un établissement, de crainte que nous ne soyons dispersés sur toute la terre » (Beréchit 11, 4). C’est cette tentative qu’il convient, en particulier aujourd’hui de dénoncer ainsi que d’en expliquer les raisons. Il ne s’agit plus, aujourd’hui, de ne pas croire en D.ieu, ni de s’adonner à une autre religion ou d’adorer des idoles, mais d’adopter une nouvelle idéologie. On croit en D.ieu, on connaît le Créateur, on veut Le connaître mais rivaliser avec Lui. Il ne s’agit plus de décrier la création, mais de fonder une nouvelle création, qui serait plus belle. La mort y serait repoussée, et l’espace serait colonisé par des êtres humains. Serait-ce de la science-fiction ou la tentation de quelques individus : changer l’être humain ! En fait, il importe de comprendre que notre génération, dépourvue totalement de référence à l’Absolu, cherche à se créer une transcendance. Sortir du globe terrestre est, sans conteste possible, une utopie. C’est la conséquence d’une vue messianique de l’Histoire, mais sans… Messie. Marx avait tenté d’annoncer, de réaliser le « grand soir », le bonheur ultime pour l’humanité. On a vu les conséquences de cette folie des grandeurs. Babel dit : « Afin que nous ne soyons pas dispersés ». La globalisation devrait améliorer l’humanité, mais cela n’a guère l’air de sauver la planète. Les guerres ne cessent pas depuis l’implosion de l’Union Soviétique, en 1989, phénomène qui devait marquer la fin de l’Histoire. Le communisme était vaincu, le capitalisme triomphant ! Quelle terrible illusion ! Depuis, la guerre dans l’ex-Yougoslavie, les guerres en Lybie, en Afghanistan, évidemment la guerre actuelle, violente, entre la Russie et l’Ukraine, ont bien prouvé qu’une paix universelle n’est pas proche. Il faut plutôt espérer qu’une guerre nucléaire n'éclatera pas. Entre la Chine et les États-Unis, la rivalité semble riche d’un affrontement éventuel.

Alors, Elon Musk ? Ici on comprend ce qui pousse à fuir la planète ! L’homme se veut tout-puissant ! Il essaye de sortir d’ici. C’est, incontestablement, une erreur. Un article récent stigmatise Musk : « Après l’Olympe, les enfers ? » (L’Express, n° 3709-10 – Août 2022). Dans cet article, l’éditorialiste souligne tous les dangers qui guettent l’empire de Musk, et risquent de détruire ce qu’il nomme « les projets dingues d’Elon Musk ». Il n’est pas impossible que tous ces beaux projets ne puissent se réaliser. L’éditorial de cet hebdomadaire qui rapporte les ambitions immenses d’Elon Musk résume les menaces qui pèsent sur ces projets : « (Musk risque) un échec pour accélérer le déploiement de sa constellation de plus de 30,000 satellites de télécommunication… pour obtenir des investissements privés, pour construire un « tunnelier » du futur, machine révolutionnaire qui fait déjà trembler les géants installés du secteur…, et il lui faudra encore plus de « cash » (argent disponible), toujours plus de cash… aussi pour commencer la production de ses robots humanoïdes qu’il promet pour 2023, robots que personne n’a jamais vus ! Autant de défis que Musk devra relever dans les prochains mois. Pour ne pas connaître le crépuscule des idoles ». On le sait : « il n’y a pas loin du Capitole (sommet de la réussite à Rome) à la roche Tarpéienne (chute absolue) » (L’Express, cité p. 6).

Alors, l’Éternel dit aux constructeurs de la Tour de Babel : « Paraissons ! Confondons leur langage, de sorte que l’on n’entendra pas le langage de l’autre ». Et l’Éternel les dispersa de ce lieu sur toute la face de la terre, les hommes ayant renoncé à construire la ville » (Béréchit 11,6). Quel sera l’avenir d’Elon Musk ? Il ne faut pas lancer de défi à l’Éternel ! C’est Lui qui a créé le monde, et Il ne nous a pas placés sur la planète Mars ! Sachons reconnaître le Créateur, les limitations de l’homme, et nous sommes assurés que l’espoir messianique se réalisera selon la volonté du Maître de l’univers.