L’histoire émouvante que vous allez lire sur Guil’ad Shaer, l’un des trois adolescents assassinés, est racontée par Israël Yart, qui était jusqu’à il y a peu le bras droit du rav David Grossman chlita, un des plus éminents rabbanim d’Israël, et rav de Migdal Ha’émek.

Interview retranscrite par Shifi ‘Hariten de Hidavrout

« L’histoire s’est produite il y a trois ans lorsque j’étais encore le bras droit du rav David Grossman », raconte Israël Yart dans une interview à la Radio. « Du fait de mes fonctions, je répondais au téléphone, et j’étais responsable de l’organisation des visites que recevait le rav. Un beau jour, nous avons reçu un appel téléphonique et la voix qui était audible à l’autre bout du fil semblait être celle d’un très jeune homme ».

« Chalom, dit le jeune homme, mon nom est Guil’ad Shaer, j’ai treize ans et j’habite dans le village de Talmon. J’aurais souhaité rencontrer le rav Grossman pour une entrevue très importante, mais qui ne durera pas plus de cinq minutes. »

« J’étais habitué à ce genre de demandes que je recevais de la part de centaines et de milliers de gens qui voulaient absolument rencontrer le rav, même pour quelques minutes, mais l’emploi du temps du rav était tellement chargé… Et ceci d’autant plus qu’à cette époque, le rav résidait à l’étranger et ne venait en Israël que pour de courtes visites. De ce fait il n’était pas possible d’accorder à tout le monde le privilège de le rencontrer.

Je répondis donc au jeune homme que la chose n’était pas évidente, et que je devais vérifier si la chose était possible. En réalité, je n’arrivais pas à comprendre pourquoi il était si important aux yeux d’un garçon de treize ans de rencontrer le rav. Qu’attendait-il du rav ? »

Peu de temps après ce coup de fil, j’en reçus un deuxième : « Chalom, ici le père du jeune homme de treize ans, du village de Talmon, qui vient de parler avec vous ». Bien entendu, je me souvenais de cette conversation. « Que puis-je faire pour vous ? » lui demandais-je.

Il me répondit en ces termes : « Ecoutez mon ami, mon fils fête bientôt sa bar-mitsva. A l’approche de ce grand jour, qui le transformera en juif tenu d’accomplir les mitsvot (commandements) de la Torah, nous lui avons acheté un talit (un châle de prière) et des téfilin (phylactères). Nous lui avons également demandé quel cadeau il souhaitait pour sa bar-mitsva. Nous étions sûrs qu’il nous réclamerait un voyage ou un vélo, comme aiment à le faire les enfants.

Mais quelle ne fut pas notre surprise de le voir arriver vers nous et de nous déclarer : « Papa, maman, je ne veux rien pour ma bar-mitsva si ce n’est une seule chose : je veux rencontrer le rav David Grossman chlita. Ceci serait pour moi le plus beau cadeau que je puisse recevoir ».

Le père de l’enfant continua d’une voix suppliante : « Aussi, je vous le demande instamment, organisez pour mon fils une rencontre avec le rav Grossman ».

Je fus extrêmement ému de la demande du jeune homme et promis d’organiser une rencontre avec le rav. A l’heure et au jour convenus, Guil’ad Shaer et son père entrèrent dans la chambre du rav, empreints d’une grande émotion. Guil’ad s’assit avec le rav et lui demanda avec beaucoup d’émotion : « Rav, comment peut-on obtenir le mérite nécessaire pour pouvoir faire du ‘hessed (actes de bonté? Comment peut-on sanctifier le nom de D. ? »

Telles sont les questions et tels sont les mots qui sont sortis de sa bouche pure et sainte.

Le rav Grossman était bouleversé par les questions de Guil’ad, et l’entrevue qui devait durer cinq minutes se prolongea pendant une heure quarante… Pendant cette heure quarante, le rav Grossman lui expliqua comment faire du ‘hessed et lui expliqua également comment peut-on avoir le mérite de sanctifier le nom de D.ieu. Le père de Guil’ad filma l’entretien. Telle était la préoccupation de Guil’ad : comment mérite-t-on de sanctifier le nom d’Hachem ? »

Doit-on rappeler que Guil’ad ainsi que Naftali et Eyal sont morts en sanctifiant le nom de D. En effet, ils ont été tués pour une seule raison : parce qu’ils étaient juifs. Ils ont le statut de martyr de la foi, le même que celui de rabbi Akiva, ainsi que celui des victimes de la Shoah.