L’une des conséquences de la pandémie du Coronavirus a peut-être été que l’on a moins souligné, dans les médias du moins, les changements et les évolutions du climat, mais il est certain que ces problèmes n’ont guère perdu de leur importance. Une conférence internationale s’est tenue récemment à Glasgow, pour faire l’état des lieux actuel, sur le problème de l’évolution climatique.

Ce problème n’est pas étranger si l’on veut tenter de comprendre le monde à la lumière de la Torah, car nous savons bien qu’il y a un Maître à l’univers, et rien ne Lui échappe. Au lendemain du déluge, le Tout-Puissant a promis de ne plus détruire l’univers, et Il a conclu une alliance avec Sa création. Cette alliance de l’Infini avec le fini ne peut que transcender le temps, venant de l’Eternel. Les vicissitudes du climat, quelque bouleversantes qu’elles puissent être, s’inscrivent dans Son Programme, mais comme tout le devenir historique, elles dépendent de l’action libre du créé. Si la planète est en danger, c’est en conséquence des agissements de l’homme. Le réchauffement de la planète, par exemple, est la conséquence des progrès industriels, et de nombreux accidents climatiques sont, directement ou indirectement, liés à la technologie, c’est-à-dire à l’homme. Cependant, quand on sait que le Tout-Puissant laisse sa responsabilité à l’humanité, il ne saurait être indifférent de donner un avis sur ce problème de l’écologie.

Existe-t-il un problème écologique, dans la perspective de la Torah ? Le monde a été créé ainsi, et nous est-il permis de le détruire, de l’améliorer ? Quelle est la signification de notre lien avec la nature ? Pour ne donner qu’un seul exemple : est-il nécessaire, ou est-il permis, de détourner des fleuves, de créer de nouvelles voies pour lier les continents ou les séparer (Canal de Suez, canal du Panama) ? Pourquoi transformer la création ? L’écologie s’inquiète des conséquences de ces transformations. Que peut-on penser, selon la Torah ? Le monde a été créé « ainsi », c’est-à-dire dans une certaine forme, selon l’expression Leminéhou – chaque espèce selon sa « forme ». Pourquoi le changer ? Un problème semblable se pose au niveau de la transformation des espèces. Créer des espèces hybrides – comme les mules – est-ce violer le projet de la création ? Autant de problèmes parallèles au problème des transformations climatiques ! Il ne nous appartient pas de trancher, ou de donner une réponse absolue, mais une orientation peut être proposée. Le but de la création est de reconnaître le Créateur et de jouir de la spiritualité. Dans la mesure où les efforts faits par les hommes s’inscrivent dans une amélioration des conditions de vie, il est évident que ces efforts sont positifs. Les progrès de la médecine, des transports, les avancées scientifiques en général, sont des éléments extrêmement positifs. Le danger apparaît quand ces avancées détruisent la création. Ici se situent les luttes écologiques contre le réchauffement de la planète.

L’Eternel nous a confié Sa création : telle est la leçon de ces débats. Utilisé pour le bien de l’aventure humaine, l’élément naturel s’insère dans le projet divin, et il appartient à l’homme de ne pas le détruire, et ne pas « abîmer » les données naturelles. Dans son livre « Vers l’Harmonie », le Rav Munk synthétise de façon optimiste les aspirations de l’humanité à donner à la création une signification ultime (Vers l’Harmonie, p. 153). L’intention est, en définitive, de découvrir une direction, afin de protéger, au-delà des divergences, l’instrument donné par le Créateur. C’est, peut-être, espérons-le, la voie que l’humanité prendra, en essayant de parvenir à un accord global destiné à améliorer, pour l’humanité entière, les conditions de survie. Les difficultés actuelles, dues entre autres aux problèmes sanitaires, semblent repousser l’échéance, mais, écrit le Rav Munk : « La vitalité est telle qu’elle n’admet aucune chute définitive » (ibid. p. 153). Si un accord universel sur les efforts à faire pour éviter le réchauffement de la planète, si un tel accord pouvait être obtenu et garanti par les divers gouvernements, peut-être serait-ce un pas sur la voie qui doit mener à l’avènement messianique.