Alors que les fans de musique achkénaze des années 1960 et du début des années 70 se sont délectés des talents de ‘Hazanim comme Koussevitzky, Stern et Werdyger, leurs frères séfarades étaient plus que satisfaits de savoir qu'ils avaient “Jo”.



Né en 1930, Jo Amar était originaire de Settat, au Maroc, où son grand-père était le Grand-Rabbin.

Quand il a 26 ans, sa famille fait sa Aliya et s'installe au Mochav Yad Rambam.
Bien qu'il ne soit pas le premier Marocain à le faire, il est considéré comme le pionnier, le premier à populariser la musique judéo-marocaine qui combine la liturgie séfarade classique avec des rythmes et une structure davantage originaires du Moyen-Orient et d'Afrique.

Malgré la structure musicale qui semble souvent avoir une forme libre, Jo Amar exécute même les mélodies les plus complexes avec une grande précision, toute aussi parfaite que sa moustache taillée avec précision.

En 1956 lors de sa Aliya en Israël, commencent les péripéties de sa carrière, ses gloires, ses victoires, et ses embûches.

Il enregistre son premier titre “Isma’h Moché” qui connaît un grand succès et l'engouement du public. Cependant, il n'est pas accepté de tous et ne reçoit pas le même soutien que ses confrères d'origine européenne.

Si Jo Amar est appelé le pionnier de la musique juive orientale et andalouse en Israël, c'est parce qu'il s'est battu pour imposer sa musique, pour que la musique Mizra’hi soit diffusée sur les ondes de la radio israélienne. Avec comme seuls outils son talent et sa voix, il s'acharne à casser les stéréotypes de la société israélienne sur la musique juive orientale.

Alors que la grande partie de la scène musicale israélienne est à cette époque dominée par des styles musicaux européens, Jo Amar réussit à convaincre la chaîne de radio israélienne Kol Israël à enregistrer et à diffuser un titre qu’il produit avec une simple chorale de rue.

Il tient à faire entrer le patrimoine de la culture musicale et liturgique des juifs d'Afrique du Nord en Israël.

“Isma’h Moché” est son premier titre et les paroles de cette chanson sont inspirées de la prière de Cha'harit du Chabbath matin.

“Moché se réjouit de son sort car tu l'as désigné comme serviteur dévoué.”

Vous pouvez écouter ce titre sur Torah-Box Music.

Son succès l'amène à voyager un peu partout dans le monde, du Brésil aux Etats-Unis à Brooklyn. Il réalise même une performance historique en Iran en 1963 diffusée à la télévision iranienne, à guichets fermés devant un public composé à la fois de juifs et de musulmans.
Grâce à un style vocal de ténor caractéristique, ainsi qu'à une capacité intuitive à s'adapter aux tendances contemporaines, sa représentation au Carnegie Hall en 1965 se tient elle aussi à guichets fermés.

Jo Amar quitte Israël en 1970 et part s'installer aux Etats-Unis, à New York.

La raison qui le pousse à s'exiler est le fait que ses œuvres ne sont pas encore reconnues en Israël.

Sa carrière musicale prend une autre tournure aux Etats-Unis et il se met à apprendre la 'Hazanout achkénaze et même le yiddish. On peut d'ailleurs retrouver plusieurs interprétations de lui en yiddish.

Est-ce ce changement de direction qui lui ouvre un accès et lui procure l'accueil qu'il reçoit alors en 1980 en Israël ? Le fait est qu'aujourd'hui, il est considéré comme le précurseur de la musique Mizra’hi en Israël.

Dans sa discographie, on peut y retrouver le chant “Chalom Lében Dodi” de Ibn Gvirol qu'a repris Jo Amar avec les paroles de “Chalom Lékha Dodi”.

“Barcelona” est certainement le plus grand succès de Jo Amar : c’est le chant qui le définit le plus, car c'est lui qui l'a écrit et composé. Malgré le fait que les paroles de ce chant ne soient pas de la liturgie, il est considéré comme un Piyout et apparaît souvent dans les livres de chants du Chabbath.

“Halaïla Laïla” du poète Avraham David Cohen, et dont l'air musical connu de tous faisait partie du patrimoine juif séfarade, fait aussi partie de la discographie de Jo Amar.

Il fut l'un des premiers à chanter et enregistrer les Piyoutim séfarades pour le grand public.

Jusqu'à aujourd'hui, les Paytanim et chanteurs séfarades le citent comme une référence et un pionnier de la reconnaissance du patrimoine liturgique et culturel des juifs d'Afrique du Nord.