Bonjour Rav,
Le jour du jeûne d'Esther est-il un jour triste ?
Parfois, on le perçoit comme une ombre juste avant Pourim et après deux semaines de préparation à la joie...
Merci beaucoup pour votre réponse.
Chalom Ouvrakha,
Tout d'abord, le jeûne d'Esther a été institué en mémoire du jeûne que nos ancêtres ont accompli avant de combattre Amalek et Haman (voir Midrash Tan'houma Béréchit 1-3, Shéiltout du Rav Ahaï Gaon sur la Paracha Vayakèl 67, ainsi que Pisské Haroch sur Méguila 1:1). Voir également les réponses du Binyan Chlomo, Siman 57.
Néanmoins, le Ran sur place, au nom du Raavad, insiste pour préciser que ce jeûne n'est pas un jeûne de tristesse, mais qu'il vise au contraire à rappeler le miracle qui s'est produit. Voir aussi le Sfat Emet sur Ta'anit 18b.
De même, le Or'hot 'Haïm du Rav Aharon de Provence (tome 1-9), ainsi que le Kol Bo (62), insistent eux aussi sur le caractère joyeux de ce jeûne, qui commémore le miracle.
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle, lorsque ce jeûne tombe un Chabbath (contrairement à Ticha' Béav ou au 17 Tamouz), il est avancé au jeudi précédent (voir à ce sujet Yé'havé Da'at, tome 2, Siman 78). Il en résulte plusieurs répercussions halakhiques, du fait que ce soit un jeûne de reconnaissance.
Jeûner le jour où un miracle s'est produit est une manière d'exprimer notre reconnaissance envers Hachem pour le salut et les bienfaits qu'Il nous a accordés (voir Yessod Véchorech Ha'avoda, Cha'ar 12, §3 ; Kav Hayachar, chap. 97 ; Michna Beroura 686,2, et Birké Yossef, Sé'if Katan 3).
Il est vrai cependant que certains, comme le Beth David (Siman 475), en se fondant sur les propos du Rambam (Hilkhot Ta'aniot chap. 5, Halakha 1), considèrent que ce jeûne a également pour but de rappeler nos fautes, qui ont failli entraîner notre perte. Il convient donc, selon cette opinion, d'avoir une pensée de Téchouva.
Mais l'avis majoritaire des autres Richonim est de considérer ce jeûne comme un jeûne de joie et de reconnaissance.
Kol Touv.