Nous avons commencé la semaine dernière à évoquer la Mitsva de ne pas rester indifférent au sang de notre prochain. Nous avons vu que ceci nous oblige à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour aider notre prochain lorsqu’il est en difficulté. Nous avons expliqué que l’un des aspects de cette Mitsva est de le protéger d’un tort concret.

Un autre aspect de la Mitsva est de lui épargner une perte financière autant que possible. Par exemple, si vous savez qu’il prévoit de dépenser son argent de manière qui risque de se solder par des résultats négatifs, il faudra tenter de lui éviter de mener son projet à bien.

Cette Mitsva est importante au point qu’elle nous autorise à dire du Lachon Hara (médisance) en cas de besoin. Par exemple, si vous savez qu’un homme projette de conclure une transaction avec un partenaire peu digne de confiance, dans ce cas, sous certaines conditions, vous aurez le droit, et même l’obligation de l’informer de ne pas faire confiance à cette personne. Il faudra néanmoins faire preuve d’une grande vigilance pour s’assurer que toutes les conditions permettant de dire du Lachon Hara pour des raisons constructives sont réunies. En l’absence de ces conditions, il est interdit de prendre la parole pour éviter du tort à notre prochain. Ces conditions sont énumérées ci-dessous.

1. Nous ne pouvons nous prononcer sur un individu sur la base d’informations obtenues par des rumeurs. Ce n’est qu’en s’appuyant sur des informations de première main que l’on peut présumer que la conduite d’un certain individu est défaillante.[1] Même si nous avons personnellement vu une conduite apparemment inacceptable, nous ne pouvons exercer un jugement hâtif. Nous devons soigneusement examiner les circonstances avant d’être sûr de comprendre correctement une situation[2].

2. Avant de rapporter des informations négatives, il faut sérieusement peser si nos propos vont apporter le résultat désiré. Par exemple, nous cherchons peut-être à décourager une association commerciale potentiellement problématique, mais souvent une décision finale a déjà été prise et parler négativement d’une partie n’aura aucun but constructif.

3. Avant de parler d’un individu à d’autres personnes, nous devons, si possible, aborder le sujet avec cet indvidu lui-même. Par exemple, si quelqu’un a un comportement antisocial, parler à la personne elle-même sera sans doute efficace, évitant ainsi de proférer des propos médisants. Cette condition ne s’applique pas si en parlant au fauteur, il sera plus difficile d’arriver au résultat désiré par d’autres moyens. Exemple : si nous soupçonnons quelqu’un d’une certaine malhonnêteté, lui adresser la parole risque uniquement de l’inciter à se montrer plus prudent de ne pas se faire attraper. Dans une telle situation, nous ne devons pas lui parler en premier.

4. Si, en-dehors des remontrances personnelles, il existe une autre option qui exclurait la nécessité de parler en termes négatifs, il faudra l’adopter.

5. Même si le fait de parler négativement est nécessaire, nous devons choisir les moyens les plus discrets pour communiquer l’information. Diriger quelqu’un vers une source d’informations est préférable au fait de l’exprimer verbalement.

6. Bien que des informations désobligeantes puissent être relayées dans un but constructif, la calomnie ne peut se justifier. Nous devons particulièrement faire attention à ne pas exagérer - c’est inclus dans la définition de la calomnie.

7. Ayant rempli toutes les conditions ci-dessus, nous devons être certains que notre intention est uniquement à but constructif. Mais si nous savons au fond de nous que nous nous réjouissons de donner une mauvaise image de l’autre, nous n’aurons pas le droit de nous exprimer - même si le but ne peut être atteint d’une autre manière. Il faudra d’abord éradiquer tout sentiment négatif envers cette personne et à ce moment-là, on pourra relayer l’information négative.

 

[1] Exception à cette règle : lorsque nous cherchons à protéger quelqu’un d’un tort potentiel : dans de tels cas, nous pourrons être autorisés à communiquer des informations de seconde-main. Nous aborderons ce point plus tard.

[2] Il existe en effet un commandement séparé qui nous enjoint de juger les autres favorablement et ne pas tirer de conclusion hâtive négative sur les actions d’autrui.