Nous avons évoqué la semaine dernière les raisons de ne pas nous venger ni de garder rancune. Nous avons cité l’opinion de l’auteur du Séfer Ha’hinoukh sur les raisons des interdits de se venger et de garder rancune. Il écrit que si un individu nous cause une certaine souffrance, c’est le résultat de la Providence divine et il est futile d’avoir du ressentiment à son égard. D’autres commentateurs offrent diverses explications :

Le Rambam (Maïmonide), l’illustre commentateur ayant vécu il y a environ 1000 ans, écrit simplement que les sujets sur lesquels nous éprouvons un sentiment de revanche ne sont en réalité pas suffisamment importants pour susciter notre irritation. Il y a des sujets bien plus importants dans la vie que celui d’une personne qui nous cause du tort : nous nous sentons peut-être très énervés sur le moment, mais plus tard, nous réalisons que ce qu’il a fait n’était pas si important.

L’auteur d’une œuvre éthique majeure, le Or’hot Tsdaikim, écrit que se venger est interdit, car cette attitude tend vers la cruauté : tenter de faire du tort à un autre être humain est cruel et injustifié, même s’il nous a causé du tort.

Autre explication possible de l’interdit : si tout le monde se vengeait l’un de l’autre, la société deviendrait très désagréable à vivre, caractérisée par des relations tendues et un sentiment de méfiance. Nous pouvons tous commettre des erreurs et occasionnellement causer du tort à d’autres — et ceci en soi provoque de grosses dissensions. Mais si nous prenions des mesures fermes à chaque fois que nous sentions lésés, la société abonderait en conflits et discordes. En conséquence, la Torah nous prescrit de tenter d’accorder notre pardon et de juger les autres favorablement, pour maintenir une société avec des relations saines.

Les prescriptions de ne pas se venger ni de garder rancune ne sont pas faciles — nous pouvons facilement nous sentir lésés par la conduite des autres envers nous. Or, comme pour tous les commandements, Hachem ne nous demande pas quelque chose qui nous dépasse. En travaillant sur nos traits de caractère, nous accédons au niveau où des incidents mineurs ne nous affectent pas et nous pouvons pardonner notre prochain, reconnaissant qu’il est humain et que tous les êtres humains font des erreurs.