Le tout premier commandement noté par le Rambam dans « Michné Torah » est la responsabilité qui incombe au peuple juif de sanctifier le nom de D.ieu.

La sanctification ultime du nom de D.ieu s’exprime à travers la profession de foi du Kaddich.

Cette prière exprime l'idée que le but de l'existence d’Israël est de faire reconnaître la souveraineté de D.ieu sur toute la terre. Nous prions pour que la sainteté de D.ieu soit reconnue par l’ensemble de l'humanité, ce qui ne se produira qu'au moment de la rédemption finale, qui élèvera le monde au niveau spirituel d'Adam avant la faute.

La récitation du Kaddich n'est pas une prière pour les morts, c’est une prière pour sanctifier le nom divin. L'essentiel n'est pas sa récitation mais le fait que le nom divin soit glorifié par dix juifs qui répondent « amen, yéhé chémé rabba… » (Que Son grand nom soit béni à tout jamais). Sept mots si puissants que lorsque que D.ieu nous entend les réciter, Il se lamente sur la destruction de Jérusalem et se compare à un père qui a obligé son fils à s'exiler. Le Zohar enseigne que répondre « yéhé chémé rabba… » a un pouvoir spirituel indicible, qui surpasse toute autre reconnaissance de la sainteté de D.ieu. Quand on le récite avec la concentration et la force nécessaire, il peut détruire les forces mauvaises qui résultent des fautes de l'homme et qui empêchent la splendeur de D.ieu d'être révélée à Ses enfants.

Quand un juif prononce ces paroles avec un total sentiment, le nom de D.ieu est sanctifié au-delà de toute imagination. Nous ne pouvons même pas nous figurer le bien qui peut être accompli par ce seul verset de louanges.

Le Kaddich ne contient pas un seul mot sur la mort et pourtant, les défunts tirent un profit infini du Kaddich que l’on récite en leur faveur. En effet, les hommes sont jugés pour ce qu'ils ont fait, mais aussi pour les actes qu'ils ont entraînés et qui se perpétuent après leur mort. D.ieu ne referme jamais les livres d'une vie aussi longtemps que les effets de celle-ci sont encore perceptibles. C'est le sens de l'affirmation de nos Sages selon laquelle « les morts peuvent recevoir le pardon grâce à la charité des vivants ». Les actions des vivants se confondent avec celles des disparus, ainsi les morts trouvent-ils le pardon grâce à des actes qu'ils n'ont jamais envisagés mais qui leur appartiennent, ce qui est le cas, enseigne Rabbénou Bé’hayé, quand on récite le Kaddich.

La coutume universelle de réciter le Kaddich pour les défunts constitue une source de mérite pour leur âme. L'enfant qui pourrait blâmer sa perte se tient debout et proclame publiquement que le nom divin soit exalté, que D.ieu est juste et que Ses voies sont justes. Cette soumission totale à la volonté du Créateur et le désir de sanctification du nom divin par les proches vient apaiser l’âme du parent disparu. Ainsi, les morts trouvent le pardon à travers leurs héritiers.

Le témoignage extraordinaire suivant, rapporté au nom du Rav Stein, protagoniste de cette histoire, dans le livre « Chantez Sa gloire », ne fait que nous confirmer l’immense mérite de répondre « amen yéhé chémé rabba… » au Kaddich, et le bien infini que l’on fait à nos parents en le récitant.

« Rav Stein devait régler une affaire dans la ville de Mevasseret Tsion et avait pensé que cette démarche ne durerait que quelques heures. Mais voici qu’il termina ce qu’il avait à faire peu avant l’heure de la prière de Min’ha.

Il chercha le beth-haknesset, et en arrivant, constata avec consternation qu’il n’y avait que 5 personnes. Résolu de le compléter, il parti à la recherche de la deuxième moitié.  Arrêtant tous les passants, il réussi à réunir quatre juifs supplémentaires. Mais, il en manquait encore un.

Voici qu'enfin, au bout de la rue, apparu un homme rustre d’apparence, qu’il accosta « Nous cherchons un juif pour compléter minyan ». L’homme qui semblait être un immigrant russe, répondit en mauvais hébreu « je ne sais pas de quoi vous parlez ». Le rav Stein lui expliqua rapidement.

« A la synagogue, non, jamais de ma vie je n’ai été à la synagogue, moi pas prier, je ne sais pas et je n'ai pas le temps ». Voyant le crépuscule qui arrivait, le rav supplia encore « je te demande juste un service ». Soudain quelque chose s'alluma dans les yeux de l’homme... prier, il ne savait pas, mais rendre service, oui ! Il était d’accord.

Mais comment cet homme pouvait-il compléter le minyan ? Le rav Stein lui expliqua que lorsqu’il entendrait une bénédiction, il devrait répondre « amen » avec tout le monde, et que lorsque l’assemblée répondrait « amen , yéhé chémé rabba… » il devrait répéter toute la phrase après lui. Il lui expliqua ensuite qu’en disant cela, on demandait que le nom de D.ieu soit glorifié et béni à jamais. L'ouvrier russe était debout, observant les neufs hommes priant et tint parole. Le rav le remercia chaleureusement et l'ouvrier se dépêcha de quitter les lieux.

Rav Stein depuis le matin, avait l'air bouleversé. Cette nuit, l’ouvrier russe « du minyan » lui était apparu en rêve… Il avait une allure bien plus honorable qu’alors. « C'est moi que tu as convaincu de participer au minyan », lui dit-il, « sache que ce jour était le dernier de mon existence. Le lendemain, j'ai eu un accident de voiture et j'ai quitté ce monde. Lorsque je suis arrivé au tribunal céleste, j'ai compris le vide qui avait accompagné toute ma vie. Des anges de punition m’ont saisi pour m'amener au guehinam, et c'est alors que sont apparus des anges de miséricorde. Ils ont plaidé en ma faveur en disant : ce juif a répondu amen ! Grâce à lui un minyan a pu se former et neuf autres juifs ont pu répondre de nombreux amen. Mais plus encore, ils ont pu réciter le Kaddich et ils ont sanctifié le nom de D.ieu en présence de 10 hommes… Ces mérites ont été cruciaux. Immédiatement, on m'a ramené à ma place, on a posé mes mérites par rapport à mes fautes et il fut décidé que j'entrerai au gan eden. Dans le ciel, on m'a permis de t'apparaître en rêve pour te raconter cette chose car c'est toi qui as insisté pour que je vienne prier et grâce à toi mon âme a été sauvée. » Puis il ajouta « je t'en prie, va trouver mon fils et enseigne lui à dire Kaddich pour que je puisse m'élever et, s'il fait téchouva, ma récompense sera certainement encore plus grande ».

Rav Stein ne savait même pas comment s'appelait le fils de cet ouvrier ni où il habitait. Le seul détail qu’il possédait était la date de l’accident, le lendemain de sa visite, le 3 Chevat. Sans attendre, il parti à la recherche du fils d'un ouvrier russe mort dans un accident le 3 Chevat. Il interrogea une première, une deuxième, une troisième, une quatrième personne... Ils ne savaient rien. Il ne se découragea pas. Et enfin un des passants posa la main sur son front comme pour essayer de se souvenir « oui, un accident s'est produit environ à cette date, je crois que l'ouvrier en question avait un fils à Pisgat Zéev ».

Le lendemain, le Rav Stein se rendit à Pisgat Zéev et parvint à retrouver le fils. L'histoire du minyan et du rêve le toucha profondément et aux dernières heures de l'après-midi le fils accepta volontiers de le suivre à la synagogue et de dire le Kaddich pour son père. Depuis, le fils a continué la récitation du Kaddich. Et de jour en jour, il progresse dans l'étude du judaïsme grâce à l'assistance et aux encouragements du Rav Stein.