Tou Bichvat est un « jour de rencontre » entre les créatures et leur Créateur Qui supervise tout l'univers et la nature.

Un père emmena son fils en voyage vers une ville proche. Leur chemin passa par une forêt. Le père prévint alors son fils : « Reste à côté de moi, ne t'écarte ni à droite, ni à gauche. La forêt est vaste et touffue, et des bêtes féroces y pullulent en quête de proies. Beaucoup de gens y ont perdu leur chemin, et parfois même leur vie. »

Le fils a donc marché aux côtés de son père, mais a aperçu en route des cerises juteuses, des bleuets et des pommes sauvages. Il a dévié du sentier, cueilli une pomme et l'a mangée. Il a vu un autre arbre voisin, dont le fruit l'a attiré. Il s'en est approché, et a alors aperçu un autre arbre chargé de fruits. Au bout de quelques pas, il s'est retrouvé entouré par les arbres. Tous identiques. Il a cherché à rebrousser chemin, mais il ne savait pas s'il devait aller à droite ou à gauche, devant ou derrière. Perdu à travers les arbres, il a vu son chemin bloqué par un bosquet d'arbres denses. Ce n'était pas la bonne direction. Il lui sembla apercevoir un chemin à travers les arbres. Il alla dans cette direction, et s'enfonça encore plus profondément dans les bois. Il effraya lapins et écureuils. Le soleil commença à décliner, le crépuscule s'accrut. Des rugissements d'animaux sauvages se firent entendre. Une peur immense s'abattit sur le garçon.

« Papa, Papa » appela-t-il, bouleversé.

Il se mit à courir, s'accrocha et se blessa, tomba et se releva. Sans savoir vers qui se tourner, et vers où aller.

Est-il perdu à jamais dans ce dédale d'arbres ?

Où se cacher ? Que manger et que boire ?

Soudain, il sent une main forte derrière lui, et une gifle atterrit sur sa joue. La voix de son père résonne à ses oreilles : « Je t'avais prévenu ! Je t'avais prévenu de ne pas t'écarter du sentier ! »

L'enfant tremble et se met à pleurer.

Ce sont des pleurs de bonheur ! Des larmes de joie !

Il est heureux de rencontrer son père et de savoir qu'il n'est pas seul, que son père est avec lui et veille sur lui. Désormais son père le protège ; ils reprennent le bon chemin et sortent de cette forêt touffue...

Nos Sages ont comparé le monde terrestre à une forêt sombre, comme il est écrit dans Tehilim (104,20) : « Tu amènes les ténèbres, et c'est la nuit ». Le monde est comparé à la nuit. La vie quotidienne peut se voir comme un parcours dans un vaste labyrinthe, où l'on erre sans issue, sans but : juste manger, boire, dormir, travailler. On tourne en rond. Les bêtes sauvages sont tapies, tout n'est que catastrophes et attaques... Beaucoup échouent dans leur vie avec un sentiment de solitude et d'impuissance.

Mais dans le même temps, nous recevons des signaux nous disant que nous ne sommes pas seuls, que notre Père et notre Roi est avec nous ! Qu'Il veille et qu'Il protège !

Ce signal est à son apogée lors de Roch Hachana, lorsque le Créateur juge Son monde. Espérons tous en ressortir méritants ! Il peut arriver que le Créateur nous « gifle » en nous faisant dévier de notre voie, mais en tout cas nous sommes heureux de savoir que notre Père est à nos côtés, qu'il y a un Dirigeant, un Maître du monde. Il est écrit dans Né’hémia (8,10) : « Ne vous attristez donc pas, car la joie en l'Eternel est votre force. » Cette joie dans la connaissance du Seigneur, dans la foi que Sa main guide notre chemin. Lorsque notre Père se révèle dans la forêt touffue, même s'Il est en colère, nous sommes heureux.

C'est aussi la raison de notre joie lors de Tou Bichvat, qui est le « Roch Hachana des arbres », jour où le Créateur décide de l'avenir de la production de fruits et de l'existence de notre monde. La prise de conscience que D.ieu dirige le monde se révèle aujourd'hui dans l'un des secteurs de la Création – elle valide et nous prouve que nous ne sommes pas perdus dans le labyrinthe, ni abandonnés à nous-mêmes.

Tou Bichvat est comme une réunion joyeuse avec le chef de famille, qui procure à tous les membres de la famille un sentiment de fraternité et d'espoir.