À ‘Hanouka se sont produits plusieurs miracles. Les Grecs venaient de rendre impures presque toutes les huiles. Mais les Cohanim trouvèrent une dernière fiole d’huile fermée. Cette fiole d’huile qui ne devait durer qu’un jour dura finalement huit jours.

C’est seulement l’année suivante que les Sages sentirent quelque chose de différent qui se reproduisait et décidèrent de fixer la fête de ‘Hanouka dans le calendrier juif, d’allumer chaque soir une bougie, en ajoutant chaque soir une bougie jusqu’au huitième soir avec huit bougies. 

L’unique trace de ‘Hanouka dans la Guémara se trouve dans le traité Chabbath 21b.

1. Dire merci 

La fête de ‘Hanouka dure huit jours, durant lesquels nous rappelons le miracle de la fiole d’huile qui précisément est restée allumée huit jours alors qu’elle aurait dû ne suffire que pour une seule journée. De plus, nous allumons chaque jour une bougie supplémentaire, ce qui a priori n’est pas obligatoire et est même considéré comme un embellissement de la Mitsva

Ainsi, pourquoi faut-il à ce point marquer le coup ? On aurait pu se contenter d’allumer chaque soir une bougie. Allons plus loin, ce n’est pas parce que le miracle original a duré huit jours que nous aurions dû être obligés de fêter cette fête huit jours. La sortie d’Égypte s’étend sur une longue période, pourtant nous ne la commémorons qu’en une seule et unique soirée. 

En bons Juifs, répondons à la question par une question. Quelle est la raison pour laquelle nous allumons ces bougies ? C’est assez simple, nous le lisons dans la prière qui suit l’allumage. Nous remercions pour les miracles “afin de remercier et de louer Ton grand nom pour Tes miracles, Tes merveilles et Ta délivrance”. Mais n’y a-t-il pas eu de miracles extraordinaires auparavant ? La sortie d’Égypte, l’ouverture de la mer, les dix plaies… Ici certes, il y a bien eu de prodigieux miracles mais infiniment plus petits comparés aux précédents qui n’ont pas mérité qu’on y consacre autant d’importance.

Qui sommes-nous ? Nous sommes le peuple juif. Yéhoudi en hébreu vient de Yéhouda, le fils de Léa, épouse de Ya’akov. Et pour quelle raison celle-ci l’a-t-elle appelé Yéhouda ? La Torah nous dit qu’elle a tenu à remercier le Créateur pour cette naissance et donc elle a nommé l'enfant Yéhouda. Pourtant, il n'y avait pas de raison particulière d'être reconnaissante, elle avait déjà eu trois enfants auparavant, et elle venait d’enfanter son quatrième garçon.

L’enseignement est précisément le suivant. Il est simple et évident de remercier le Créateur pour les merveilles extraordinaires qu’Il nous a faites, que ce soit cette ouverture majestueuse de la mer ou cette sortie d’Égypte fracassante, mais remercions-nous Hachem pour les toutes petites choses de la vie qu’Il nous offre ? 

Par conséquent, il nous incombe de remercier surtout pour les petites choses insignifiantes de la vie. C’est même l’ADN de Yéhouda, du peuple juif, de remarquer chaque infime détail de la création, dans le monde, les paysages, sa vie personnelle familiale ou professionnelle, et de ne pas s’émerveiller que des chapitres extraordinaires traversés ; mais de s’enthousiasmer de toutes les rencontres anodines de la vie et de les sublimer.

C'est ainsi que ‘Hanouka qui a duré huit jours est aujourd’hui encore célébré huit jours. C’est d’ailleurs pratiquement la seule fête qui est célébrée exactement comme elle s’est produite, en termes de durée. C’est justement au sujet de ces petits miracles, ces petites fioles d’huile qu’Hachem attend nos remerciements. 

Vous l'avez compris. Si je sais prendre chacun des petits cadeaux que m’offre la vie et que j’ai l’intelligence non seulement de le remarquer mais de m'en réjouir, j’ai intégré le message de ‘Hanouka.

2. Les Cohanim, des super chercheurs 

Que D.ieu nous en préserve, supposons que vous ayez été cambriolé. Que vous arrivez sur les lieux et que tout votre appartement ait été saccagé : Les portes défoncées, les murs explosés, tous les objets de valeurs emportés et le reste, bon à mettre à la poubelle. Vous allez sans doute vous énerver, chercher à désigner un coupable, vous demander à qui la faute. Puis les nerfs lâchent, vous allez pleurer et perdre vos moyens. Épuisé et débordé par les émotions, vous allez sans doute droit vers le lit pour dormir, pas d'humeur à vous doucher, à manger ou à parler avec qui que ce soit.

Mettez-vous en situation : les Cohanim arrivent au Temple et découvrent celui-ci saccagé et rendu impur par les Grecs. Leur réaction et leur absence de réaction sont sources infinies d’inspiration pour nous tous. De suite, ils se mirent à chercher parmi tout ce désordre une fiole d’huile qui n’aurait pas été rendue impure. “Si quelqu’un te dit, ‘J’ai cherché et je n’ai pas trouvé’, ne le crois pas”, nous enseignent les Sages (Talmud Méguila 6b). Effectivement, ils finirent par trouver une fiole d’huile pure apte à être utilisée pour allumer la Ménora. Combien grand est l’enseignement qui nous est délivré !

Face à toute situation, il existe toujours une porte de sortie lumineuse. Seulement, il convient à chacun d’entre nous de prendre ses responsabilités et de se mettre à travailler. 

Que font la majorité des gens ? Ils s’enferment dans la critique destructrice puis dans l'autocritique permanente. De fait, ils perdent espoir, tombent dans la déprime, puis dans la dépression. Enfin, ils accusent toutes sortes de potentiels coupables de la situation, avant l’apothéose : ils finissent par s'accuser eux-mêmes. 

La leçon en or est la suivante. Face à une situation bien sombre, ne tombez ni dans l’accusation ni dans l’énervement, mais acceptez-là telle quelle. Une fois que vous aurez accepté la situation, vous serez en paix avec elle et vous deviendrez ainsi apte à commencer à chercher la prochaine fiole d’huile pure qui éclairera votre vie.

3. Vive la Grèce 

Le peuple juif, unique en son genre, subit le fait d’être le dénominateur commun de tous les autres peuples, celui de l’avoir pour ennemi juré. De ‘Essav à Ichmaël, des croisades aux inquisitions, des pogroms aux camps d’extermination, le peuple juif subit la haine portée contre lui du nord au sud, d’est en ouest depuis la création, et sans doute jusqu’à la fin des temps. 

De leur côté, les Grecs n’ont pas essayé d'exterminer le peuple Juif à leur tour mais, comme ils l’avaient déjà fait avec toutes leurs précédentes conquêtes, de l'helléniser. Rappelons que la Grèce antique est la civilisation dominante du temps, qui impose ses philosophes comme Platon ou Aristote, ses mœurs et son mode de vie, l’amour du sport, la compétition, la beauté du corps, les fameux jeux olympiques qui demeurent jusqu’à aujourd’hui. L’hédonisme qui consiste à profiter des plaisirs de la vie est promulgué.

Ainsi, ils essayent d’influencer chaque Juif vivant en terre sainte de s’ouvrir au monde, de ne faire qu’un avec la pensée grecque et d’épouser leur mode de vie. Ils ne veulent en aucun cas nous détruire ou nous exterminer. Mais ne nous réjouissons pas trop vite. Ils veulent nous transformer, nous dénaturer en nous faisant renier notre nature profonde, satellite terrestre de notre Créateur : “Et vous, qui vous êtes attachés à l'Éternel, votre Dieu, vous êtes aujourd'hui tous vivants.” 

Les Grecs ne détruisent pas le Temple comme les Babyloniens ou les Romains, ils le profanent. Ce n’est pas une lutte contre la spiritualité présente dans le judaïsme ou même le côté ésotérique face au cartésianisme grec, c'est une guerre d’extermination de l’âme juive. 

Et il faut bien le dire, ils avaient plutôt réussi. De nombreux Juifs pieux s'étaient laissés convaincre. Des rabbins, des savants, des Sages, des Anciens s'étaient laissés assimiler.

Aujourd’hui, en 5783, des milliers d’années après, existent en cette même terre sainte des milliers, des centaines de milliers d’enfants innocents qui ne savent absolument pas qu’il existe un Créateur à la création, qui n’ont jamais goûté au feu du Chabbath, qui préfèrent les études universitaires aux études talmudiques, qui se consacrent à leur carrière professionnelle plutôt qu’à la création d’une famille (classique), qui mettent leurs espoirs en la politique plutôt qu’en leur Créateur. Il faut l’admettre, la culture israélienne s’est faite de plein gré l’écho du Juif grec, en opposition totale avec la culture juive authentique. 

Combien de “barbus” arborant la Kippa sont encore et toujours des ambassadeurs actifs de cette idéologie grecque ? S’il est vrai que nos ennemis de l’extérieur tuent nos corps, ces ennemis-là, souvent de l’intérieur, tuent nos âmes. 

En France, douce France, ce n'est guère mieux, c’est dernièrement Madame Élisabeth Lévy qui reproche à un médecin israélien de garder sa petite Kippa sur la tête sur un plateau de télévision... De l’extrême-gauche à l’extrême-droite, des Juifs continuent de promouvoir l’idéal grec : restez juifs mais avec nos valeurs, celles de la République, de la mode, de toutes sortes d’idéologies passantes (communisme, socialisme, féminisme, libéralisme, nationalisme, wokisme, universalisme…), fondez-vous dans la société, soyez ouverts au monde, et pire, au nom des Juifs.

Oui, le judaïsme est en soi universel, porteur de savoirs inégalés, d’une bibliographie astronomique, d’une philosophie et j’en passe. Ce temps de ‘Hanouka est l’occasion de refaire briller pleinement la flamme juive allumée en chacun de nous, de vivre selon le calendrier qui est le nôtre, de s’enthousiasmer le jour du Chabbath et de garder la sainteté du Juif (‘Hodech, Chabbath, Brit-Mila). 

Frères et sœurs, fils d’Avraham, d’Its’hak et de Ya’akov, soyez fiers de vos racines, de vos origines, de votre histoire, de votre patrimoine, de votre culture. Brillez de la lumière de votre âme, de cette flamme de ‘Hanouka. N’essayez pas de ressembler à autre chose qu’à vous-même, vous ne serez qu'un idiot utile de plus. Ne devenez pas l’ennemi de vous-même, les psychanalystes ont trop de travail. Continuez à éclairer le monde de votre lumière.

4. Vive la lumière

Il est enseigné que les bougies de ‘Hanouka doivent être posées à une certaine hauteur, en-dessous de dix Tefa’him, équivalant à 80 centimètres. Il est intéressant de noter que sur une porte inférieure à dix Tefa’him, on ne pose pas de Mézouza. Il y a donc l’idée que la ‘Hanoukia doit justement être posée en bas. Quel est donc le message secret enseigné ici ?

Dans la Paracha Vayétsé, deuxième Paracha lue de ce mois de Kislev, Ya’akov quitte Béer Cheva’ pour aller à ‘Haran. Déchu de tout, il a quitté sa famille, sa maison, son patrimoine sans honneur ni moyens financiers. Pris de doute, il décide de s'endormir. Les commentaires, le Or Ha’haïm Hakadoch et le No’am Élimelekh expliquent que ces versets font allusion à la descente de l’âme du Gan ‘Eden sur terre où elle se retrouve restreinte et déchue. Ainsi, nous avons tous nos principes, notre vie parfaite que nous espérons réellement vivre. Seulement, nous sommes bien souvent bousculés, voire rattrapés par les réalités de la vie, ce qui entraîne frustrations et déceptions (il y a trop à dire sur ce sujet ici). 

Que fit Ya’akov ? Il est écrit “Il atteignit l’endroit”, qui est expliqué par les commentaires “Il s’est mis à prier”, c’est la fameuse prière de Ma’ariv. Ensuite, Ya’akov s’exclame : “Assurément, l'Éternel est présent en ce lieu et moi je l'ignorais.” L’enseignement est le suivant : dans toutes nos confusions, nos moments de doute, de panique, même d’abandon face à toutes sortes de situations critiques, Hachem est bel et bien avec nous. 

Ainsi, quelques versets après, il est écrit que Ya’akov s’est huilé le visage. Il n’avait absolument rien en sa possession. Le Midrach nous dévoile que cette huile en question lui a été envoyée du Ciel.

Voici la connexion avec ‘Hanouka. L’huile envoyée à Ya’akov, l’huile miraculeuse de la Ménora est l’huile que chacun de nous continue et va continuer à allumer pour l’éternité.

C’est là, l’enseignement extraordinaire. Quand justement tout va mal, quand l’espoir est très éloigné, Hachem, comme avec Ya’akov, nous envoie cette flamme, la voie lumineuse vers la solution à nos problèmes. 

Une question simple : quelle est votre saison préférée, l’été ou l’hiver ? Toute personne à qui je pose la question me répond toujours, sans hésiter, l’été. Il fait chaud, on peut profiter de se promener en tee-shirt puis bronzer tranquillement. En hiver, il fait froid, il faut se couvrir, on tombe malade… Que se passe-t-il en hiver ? Il pleut et c’est précisément grâce à cette pluie abondante d’hiver qui pénètre la terre dans ses profondeurs, que les arbres vont pouvoir pousser et produire de magiques fruits l’été suivant. Alors, détestez-vous autant l’hiver ? Non seulement il n’y a pas d’été sans hiver, mais l’hiver est nettement plus important que l’été en termes de productivité.

Lorsque vous allez rencontrer une période maussade dans votre vie, un hiver au travail, un froid dans le couple, une tempête avec vos enfants, la confiance en soi verglacée…, chantez et dansez car vous vous rappellerez que l’été arrive, alors pourquoi donc s’énerver ?

5. Zoïs ‘Hanouka

Dans la tradition ‘Hassidique, le huitième jour de ‘Hanouka est appelé Zoïs (Zot en hébreu) ‘Hanouka, “c’est ‘Hanouka”. En effet, dans les livres saints, le Maharal de Prague explique que le chiffre 8 fait allusion à un dépassement du naturel. En effet la semaine dure sept jours, six jours de travail et le septième jour, le Chabbath, qui apporte toute la bénédiction à la semaine. Ainsi, le 8 est au-dessus de ce système. C’est un jour où l’on peut recevoir la lumière reçue par Adam et ‘Hava au Gan ‘Eden et que recevaient les Tsadikim. Le Rabbi de Rouzhin a déclaré que ce que les Tsadikim intercèdent le jour de Hocha’ana Rabba, le Juif simple peut le faire à Zoïs ‘Hanouka

Le Bné Issakhar loue en long et en large les forces de ces huit bougies de ‘Hanouka qui sont aptes à amener toutes sortes de bénédictions.

Il semblerait aussi que d'après les livres ‘Hassidiques et Kabbalistiques, il y ait une connexion entre les trois fêtes de Tichri et ‘Hanouka, plus précisément une continuité. En fait, le Maharal de Prague explique que notre but est de passer du “Koa’h El Hapoal”, de la théorie à l’application en résumé. Des premières Séli’hot jusqu’aux Hakafot Chniot, nous nous sommes renforcés dans la prière, l'étude et la crainte du Ciel ; et c’est maintenant à ‘Hanouka que descendent vers nous toutes les forces que nous avons précédemment créées et alimentées. 

Soyons intelligents. C’est dans la période d’abondance qu’il faut préparer les périodes de famine à venir. C’est maintenant à ‘Hanouka qu’arrive sur nous une pluie d’abondance spirituelle, à nous de nous saisir de cette occasion.

Je bénis chacun de trouver la paix avec soi-même, la paix dans sa maison, la paix dans son service divin, et à la paix, Hachem ajoutera la joie. Et viendra alors la Brakha dans tout ce que vous entreprendrez, de l’abondance spirituelle, la rencontre de votre âme sœur et de nombreux enfants.

Cet article vise à éclairer le lecteur durant la fête de ‘Hanouka. Quelques idées fondamentales citées, notamment aux points 2 et 4, sont bien sûr à approfondir davantage, ce que nous faisons dans les cours et autres.