Interdit de manger, de boire, interdit même de se rincer la bouche ou de se laver le visage, interdit également de porter des chaussures en cuir. Le téléphone portable est réduit au silence, pareil pour internet. Pas de Blackberry, ni de réseaux sociaux, ni même d’e-mails simples et primitifs. La radio doit restée éteinte.
Brrr… quelle angoisse, que peut-on faire en un jour si déprimant ? Comment peut-on survivre à 25 heures de déconnexion totale de tous ces appareils qui donnent du contenu à la vie… ?
C’est tout à fait possible
Non seulement sommes-nous capables de nous déconnecter de tous ces gadgets pendant une journée, mais c’est même indispensable à notre santé spirituelle.
La vie ordinaire nous inonde de tant de tentations et d’occupations au point que nous n’arrivons pas à dégager du temps pour rencontrer la personne la plus importante de notre existence : nous-mêmes !
Comprenez-moi : certains ont dans les contacts de leur téléphone les numéros de la moitié des élèves de l’école, des centaines d’« amis » sur Facebook, connaissent toutes les personnes en vue et se sont fait photographier avec toutes les célébrités, mais ils n’ont toujours pas réussi à franchir ce pas élémentaire : se rencontrer soi-même.
Ils n’ont jamais eu de conversation sérieuse avec eux-mêmes, n’ont jamais essayé de se connaître, ni de se pencher sur les désirs de leur âme. Leur connaissance d’eux-mêmes se limite à dire « bonjour » dans l’ascenseur pour descendre de l’immeuble….
Ce n’est pas leur faute. La vie nous bombarde de tant d’occupations secondaires que nous ne trouvons pas le temps pour cela. Nous voudrions vraiment connaître cette créature anonyme qui s’appelle nous-mêmes, et nous savons même qu’il existe un lien familial lointain entre elle et nous, mais notre calendrier est tout simplement trop chargé…
Voici le plaisir réel de Yom Kippour
25 heures au cours desquelles nous sommes libérés de toutes les tensions et activités quotidiennes. Nous ne devons même pas boire ou manger. 25 heures au cours desquelles nous sommes invités à nous divertir avec la créature la plus proche de nous : nous-mêmes.
Un homme sage ne s’autoriserait pas à manquer une telle occasion. Qui sait quand nous recevrons à nouveau une telle invitation festive ?
Toutes les coutumes, les prières, les cantiques liturgiques et les chants de Yom Kippour visent un but unique : relier l’homme à lui-même, lui faire rencontrer son âme, et lui offrir l’occasion de développer plusieurs idées élémentaires sur son mode de vie. Si l’on considère Yom Kippour sous cet angle, 25 heures nous semblent même trop peu. Nous avons tant de choses à connaître, tant d’engagements à prendre. Dommage pour chaque instant.
Allons, faisons connaissance avec la personne la plus extraordinaire du monde.
Faisons connaissance avec nous-mêmes.
Yossi Isaac